3ème Conférence des Nations unies sur les pays en développement sans littoral : Message du Premier ministre Abdoulaye Maiga au nom de l’AES

Amadou SOW

Envoyé spécial                                                                                                            

Awaza, 5 août (AMAP) Le Premier ministre du Mali, le général de Division Abdoulaye Maïga a expliqué, mardi, à Awaza (Turkménistan), devant la 3ème Conférence des Nations unies sur les pays en développement sans littoral, que malgré leurs difficultés, les pays de la Confédération des Etats du Sahel (AES) ont été victimes d’une injustice flagrante.

Ces pays « ont été violemment sanctionnés, ces dernières années, sous de prétextes politiques et fallacieux par rapport au droit d’accès à la mer. Ce droit, pourtant consacré par plusieurs textes, notamment la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982 ou Convention de Montego Bay, ainsi que la Convention de 1965 relative au commerce de transit des États sans littoral », a dit le chef du gouvernement malien intervenant au nom de la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES)

Dans un discours qui inscrit les pays de l’AES dans une démarche volontariste pour accélérer leur développement, il a rappelé que « le narratif que nos pays entendent construire est de faire du Sahel une terre d’opportunités et non pas une région de crises comme s’échine à le dépeindre une certaine opinion. »

Dans cette perspective, la Confédération AES est disposée à coopérer avec l’ensemble des partenaires, dans un cadre équilibré et gagnant-gagnant, sous réserve du respect de principes simples et évidents comme le respect de la souveraineté de nos États, le respect de nos choix stratégiques et la prise en compte des intérêts vitaux de nos populations.

Le Premier ministre Abdoulaye Maïga a appelé les pays concernés à faire bloc contre l’injustice et dans une solidarité agissante. Mais aussi à s’inscrire résolument dans la voie de l’épanouissement avec des propositions pertinentes qui reposent sur un programme de développement endogène.

Le général de division Abdoulaye Maïga, en sa qualité de citoyen de l’AES, a aussi fait un bref survol de la situation géographique de la Confédération des États du Sahel. « La Confédération est encerclée par 11 pays voisins et côtiers et cet espace couvre une superficie d’environ 2 800 000 kilomètres carrés avec une population de 75 millions d’habitants, majoritairement jeunes. En dépit, l’espace AES est riche de ses terres fertiles, de ses cours d’eau, de ses sources d’énergie et constitue l’un des plus grands réservoirs en ressources minières du monde ».

Toutefois, les trois membres fondateurs de l’AES, le Burkina Faso, le Mali et le Niger cumulent les mêmes problèmes lieux à l’absence de la mer. Malgré leur détermination commune, les coûts élevés des transports demeurent une réalité et les délais d’acheminement des marchandises restent relativement long, mais surtout une préoccupation majeure des autorités de l’AES.

Il a saisi l’opportunité pour remercier des pays africains comme la Guinée Conakry, la Mauritanie et le Togo pour leur solidarité constante envers nos pays. Ces pays voisins ont gardé leurs frontières ouvertes. Le Chef du gouvernement a alerté le groupe des PDSL par rapport à la solidarité agissante au moment où les droits fondamentaux sont confisqués.

Il a plaidé pour l’équité et l’application des textes relatifs à la gestion des transports et commerces au profit des pays enclavés à la mer. « Nous devons nous mobiliser, chaque fois que des pays ou organisations font recours à des blocus, des mesures coercitives unilatérales ou autres sanctions illégales et illégitimes comme moyen d’enclavement, de pression politique et de déstabilisation contre les pays en développement sans littoral », a dit le général de Division Abdoulaye Maïga.

Et de poursuivre : « C’est avec beaucoup d’espoir que la Confédération prend part à la Conférence qui nous permet d’évaluer l’état de mise en œuvre du Programme d’action de Vienne en faveur des PDSL, pour la décennie 2014-2024. Mais, aussi, d’envisager de nouvelles perspectives prometteuses ».

Il a soutenu que sur cette note d’espoir, « nous avons inscrit au cœur de nos priorités nationales et confédérales des politiques d’investissements stratégiques dans différents domaines prioritaires tels que les infrastructures, l’énergie, l’industrialisation et la diversification économique.

Pour contribuer à la réalisation des projets confédéraux dans ces domaines prioritaires, la Banque confédérale pour l’investissement et le développement a été créée.

Le Premier ministre a, également, évoqué les avancées des Forces armées et de sécurité « qui combattent. tous les jours, les forces du mal, ainsi que les organisations criminelles et obscurantistes. La neutralisation de nombreux éléments, y compris des chefs de groupes armés terroristes, ainsi que la reddition de plusieurs de leurs combattants en témoignent.

L’AES dénonce de nouveau les soutiens multiformes apportés à ces groupes terroristes par des sponsors étatiques étrangers. « La Confédération AES a foi en un multilatéralisme à visage humain, celui qui fait de la coopération et de la solidarité entre les peuples un moteur de développement véritable », a souligné le Chef du gouvernement malien.

Le Porte-parole de la Confédération a lancé un appel de solidarité à tous les PDSL, partenaires et organisation à redoubler d’effort et s’unir pour la mise en œuvre effective des domaines prioritaires du Programme d’action d’Awaza des PDSL.

Il a insisté sur la réduction des coûts du transport, des frais de transit et la facilitation des échanges commerciaux. Selon le Premier ministre, une attention particulière mérite d’être accordée aux PDSL dans tous les processus intergouvernementaux, notamment celui relatif à la préparation de la Convention cadre des Nations unies sur la coopération en matière fiscale, en ce qui concerne la réduction des coûts du transport, des frais de transit et la facilitation des échanges commerciaux.

« Nous sommes convaincus qu’une fois convenue, cette Convention aura un impact certain sur la mobilisation des ressources internes en minimisant les évasions et autres fraudes fiscales qui entachent, depuis des décennies, l’exploitation de nos ressources naturelles par des multinationales », a-t-il souligné.

Il a ajouté qu’au nom de la solidarité internationale, « il importe d’œuvrer à l’atténuation des vulnérabilités des PDSL, tout en appelant à la révision des critères de notation et d’évaluation du risque appliqués aux pays les plus vulnérables, afin que d’ici à 2030, les Pays en développement à faible revenu bénéficient d’un financement efficace. »

UN PROGRAMME DE DEVELOPPEMENT – La Confédération de l’AES a déjà amorcé des initiatives de promotion accès sur le développement endogène. Et en attendant la réalisation des objectifs fixés à Vienne, la Confédération AES a pris des initiatives hardies et souveraines axées sur le développement endogène, notamment en matière de projets structurants et de mobilisation des ressources internes, d’industrialisation, de transformation sur place de leurs produits locaux pour créer de la valeur ajoutée dans nos économies.

Il est également important de renforcer la coopération entre les pays de transit et les pays sans littoral pour développer des stratégies intégrées plus pertinentes, permettant de mieux s’intégrer dans l’économie mondiale. Selon lui, la Confédération des États du Sahel a une grande confiance en l’avenir et œuvre quotidiennement à transformer les défis du moment en opportunités immenses de développement au profit de son peuple.

Le chef du gouvernement du Mali participe, depuis ce mardi, aux travaux de la troisième Conférence des Nations unies sur les pays en développement sans littoral. Ce rendez-vous de haut niveau des dirigeants des Pays sans littoral se tient sous le thème : « Favoriser le progrès par le biais de partenariats. » L’ouverture officielle de la rencontre a été présidée par le président de Turkménistan, Serdar Berdimuhamedow, en présence du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, de plusieurs présidents et chefs de gouvernement des Pays en développement sans littoral (PDSL).

Dans son allocation, le président Berdimuhamedow a exprimé sa satisfaction d’accueillir les représentants des PDSL, des pays de transit, des partenaires de développement, des organisations internationales et les autres parties prenantes. L’hôte du sommet a salué l’engagement du secrétaire général des Nations unies et de l’ensemble des partenaires. Il a aussi évoqué la nécessité de la mise en œuvre du Plan d’action pour le développement des pays enclavés dans le domaine des infrastructures, du commerce et des transports.

Abondant dans la même le sens, le secrétaire général de l’ONU a remercié le président turkmène pour l’organisation de cette conférence. Il a également souligné des priorités comme la santé et inviteé les pays concernés à s’investir pour la mise en œuvre des actions en cours.

Tous les intervenants ont, successivement, abordé les mêmes défis et enjeux que partagent les pays en développement sans littoral. Et s’accordent sur la nécessité de s’inscrire dans une dynamique de réalisation d’efforts globaux pour faire face aux challenges.

AS/MD (AMAP)