Gaz butane : La pénurie encore et encore !

Par Makan SISSOKO

Bamako, 05 janv (AMAP) Depuis quelques semaines, on constate une pénurie de gaz butane à Bamako et ses environs. Le problème, qui serait dû au retard de la subvention que l’État accorde aux importateurs de gaz, se pose, pratiquement, chaque année, pénalisant les consommateurs.

«Nous connaissons tous les dangers de la coupure du bois mais si on n’arrive pas à trouver une solution au manque de gaz, nous n’avons d’autre choix que d’utiliser du bois et du charbon pour faire cuire nos aliments», s’exprime ainsi un chef de famille sous le couvert de l’anonymat.

«Depuis plus d’un mois, je n’arrive pas à recharger mes deux bonbonnes de gaz. Aujourd’hui, je me suis réveillée à 4 heures du matin pour faire le feu de bois et préparer le petit déjeuner», explique la ménagère Assan Keïta.

Abondant dans le même sens, une autre ménagère, Oumou Traoré, soutient qu’avec la rareté du gaz en ville, le prix de recharge de la bouteille de 6 kg a connu actuellement une augmentation dans son quartier à Kalabancoura. Selon elle, le prix a flambé de 3000 Fcfa à 4000 Fcfa voire 5000 Fcfa dans certains points de recharge.

Au marché Dibidani où notre équipe de reportage a constaté que de nombreux magasins de vente de gaz n’avaient plus de stock. Le revendeur Hamady Diawara explique que depuis deux semaines, il ne parvient plus à avoir le produit auprès des fournisseurs. «Nous vendons et rechargeons des bonbonnes de gaz. Mais maintenant nous ne disposons pas de gaz», déplore le commerçant. « Néanmoins, dit-il, certains fournisseurs continuent à ravitailler le marché ».

Le revendeur Souleymane Simpara signale que certains de ces collègues profitent de cette situation pour augmenter les prix de la bouteille de 6 kg à 4000 ou 5000 Fcfa alors que le prix normal est de 3000 Fcfa.

Cheickna Bocoum est distributeur de gaz. Il pense que cette pénurie est, en grande partie, due au problème de subvention que l’État accorde aux importateurs de gaz. «C’est un problème qui revient pratiquement chaque année. Nous les distributeurs, nous en subissons directement les conséquences. Nous souhaitons que l’État fasse quelque chose pour que nous puissions avoir du gaz pour satisfaire nos clients», plaide-t-il

Rencontrée dans son bureau à Hamadallaye ACI 2000, la directrice générale de la Société d’importation, de conditionnement et de distribution de gaz «Kama Gaz», Fatoumata Koudy Diallo, explique que cette pénurie de gaz est une conjugaison de plusieurs facteurs. «Nous nous approvisionnons essentiellement sur l’axe Dakar. Courant décembre, il y avait un mouvement d’humeur des transporteurs à Dakar qui a impacté un peu nos activités. Par ailleurs, le fait que la subvention de l’État ne tombe pas encore, la plupart des sociétés d’importation de gaz n’arrivent pas à tenir au niveau de leurs trésoreries», détaille Fatoumata Koudy Diallo.

Cependant, notre interlocutrice précise que sa société est dans la tendance habituelle d’importation et de distribution de gaz. «À notre niveau, nous disposons suffisamment de gaz et nous continuons à le distribuer aux prix habituels. À travers des courriers, nous avons instruit nos distributeurs de respecter les prix consensuels », dit-elle.

 

La directrice de Kama Gaz fait remarquer que les prix du gaz connaissent actuellement une hausse mondiale. « Et cela nous impacte considérablement. En ce moment, il nous faut engranger beaucoup plus de trésoreries pour pouvoir payer suffisamment de gaz», explique-t-elle.

Elle ajoute, aussi, le fait qu’il y a beaucoup de retard par rapport à la subvention du gaz par l’État qui joue énormément sur les opérateurs gaziers. «L’Etat subventionne pour que les consommateurs aient le gaz à un prix raisonnable. Mais quand les subventions ne tombent pas à temps, ça devient un peu compliqué pour les opérateurs», argumente Fatoumata Koudy Diallo.

Pour en savoir davantage sur la subvention de l’État dans ce secteur, nous avons tenté d’approcher les responsables de l’Agence malienne pour le développement de l’énergie domestique et de l’électrification rural (AMADER) et d’autres sociétés de gaz, nos efforts sont restés vains.

MS/MD (AMAP)