Éditorial: Soulagement

Par Bréhima TOURE

Bamako, 28 Sept (AMAP) Ouf ! Le Mali retrouve enfin le chemin de la normalité. Le soulagement de nombre de nos compatriotes n’était pas feint lorsque le président de la transition a prêté serment, vendredi dernier. Un sentiment de satisfaction, mêlé au doute raisonnable, s’est fait jour, à l’écoute du discours d’investiture de celui qui présidera aux destinées de notre pays durant les 18 prochains mois.

La première intervention officielle du président Bah N’Daw fut le reflet de l’image de rigueur et de droiture qu’il renvoie dans l’opinion. Gestion vertueuse, lutte contre l’impunité, renforcement des capacités de l’armée, affirmation de l’autorité de l’État, élections transparentes… difficile d’en dire plus sur les préoccupations de l’heure dans notre pays. Et le ton, un brin martial, préfigure un leadership affirmé.

À présent, place aux actes car il y a loin entre le projet et sa réalisation, entre le désir et sa satisfaction. Comme on reconnait le maçon au pied du mur, le souhait des Maliens est de voir un véritable leader aux commandes. La gestion vertueuse que le colonel-major à la retraite a annoncée exige des dirigeants de se poser constamment en exemples. Notre sagesse populaire exprime joliment cette exigence de droiture des leaders avec un adage fort imagé : «les pintades fixent la nuque de celle qui ouvre la voie».

Quant à la lutte contre l’impunité, le nouveau président l’a évoquée avec un sens de la formule qui laisse penser qu’il en a bien appréhendé la complexité. Le président Bah N’Daw semble avoir intégré que la croisade contre la corruption n’est pas une entreprise gagnée d’avance. Voilà pourquoi il s’est engagé pour «zéro impunité», tout en se gardant de promettre «zéro corruption».

En revanche, concernant la gestion des deniers de l’Armée, il s’est libéré de toute forme de réserve, s’engageant résolument sur un terrain qui ne lui est pas étranger. Le militaire à la retraite veut enfiler l’uniforme pour conduire la troupe, sabre au clair, à l’assaut de la citadelle de la gabegie au sein de la Grande muette.

En déclarant la guerre contre l’incurie, il a dénoncé, tout haut un phénomène jusque-là évoqué sous forme de murmures dans les rangs de l’Armée et dont les civils n’osent parler qu’après s’être assurés qu’un haut gradé ne traine pas dans les parages. Tout le monde en convient : une armée minée par des suspicions entre la troupe et le commandement et émasculée par la livraison de la camelote comme matériel de guerre, ne saurait «gagner totalement et durablement» une guerre.

Le président Bah N’Daw s’est affiché aussi en homme profondément pénétré des vertus de la démocratie. Plutôt rassurant son engagement à renforcer les fondements de notre démocratie, en veillant scrupuleusement à un jeu électoral débarrassé des scories des «coûts astronomiques, de la fraude, de l’achat de voix, de l’incursion de l’administration dans le processus électoral, de la perversion des résultats par les cours d’arbitrage».

Le nouveau président est bien conscient qu’il a fort à faire pour remettre le Mali sur les rails de l’ordre constitutionnel normal et l’orienter vers l’horizon d’une démocratie apaisée. Il sait la tâche herculéenne, tant et si bien qu’il est prêt au sacrifice suprême pour la réaliser. Réflexe militaire !

Les qualités martiales, il en aura certainement besoin pour la réussite de sa mission. Le président Bah N’Daw devra faire preuve, non seulement d’autorité, mais aussi de tact pour asseoir une gouvernance éthique, un équilibre des pouvoirs, un pacte social assis sur la volonté commune des acteurs sociopolitiques. La gouvernance éthique renvoie au rôle d’exemple de probité des dirigeants et aussi à l’exigence d’impartialité entre les compétiteurs électoraux.

L’équilibre des pouvoirs fait obligation à l’exécutif d’accepter de faire de la place aux contre-pouvoirs. Quant au pacte social, il exige de trouver un modus vivendi contre le corporatisme exacerbé, à l’origine des grèves incessantes. Le dénouement de la grève des enseignants ne manquera pas d’ouvrir un cycle de surenchères dans les revendications catégorielles. Une perspective grosse de remous sociaux.

Les écueils ne manqueront pas sur le chemin du pouvoir intérimaire. Le premier porte sur la situation inédite de la désignation d’un vice-président. Les deux personnalités auront très peu de bonnes pratiques à tirer de l’expérience institutionnelle malienne. Il leur faudra en inventer et aussi en importer d’ailleurs tout en les acclimatant. Une parfaite entente, une complicité, une estime mutuelle et des champs de compétence bien balisés, permettent d’éviter de faire naitre un soupçon de bicéphalisme pouvant nuire à la réalisation des gros chantiers.

Aussi, les dirigeants de la transition auront dans les oreilles les chants fort tentants des sirènes du populisme et du chauvinisme à la petite semaine. Les déclarations du président Bah N’Daw donnent l’assurance qu’il sera sourd à ces tentations. En témoignent l’annonce de la judiciarisation des dossiers de la lutte contre la corruption et le respect des engagements internationaux du Mali. De quoi mettre dans l’inconfort les tenants de la vaine querelle contre la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao).

Le président Bah N’Daw tente de conforter aussi une partie de nos compatriotes, en chassant de leur esprit le sentiment de marginalisation instrumentalisé par les milieux séparatistes. Son invite à chaque citoyen d’apporter sa pierre à l’édifice national sonne comme une exhortation à sortir des postures de singularisation.

  1. TOURÉ

 

Mali: Moctar Ouane, un diplomate de carrière à la tête du gouvernement de la Transition

Moctar Ouane, diplomate de carrière, est nommé Premier ministre de la Transition au Mali

Bamako, 27 sept (AMAP) Moctar Ouane, un diplomate de carrière, a été nommé par le président de la Transition, Bah N’Daw, dimanche, pour conduire le gouvernement de la Transition.

Le nouveau Premier ministre est un habitué du travail gouvernemental puisqu’il fut ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du 2 mai 2004 au 9 avril 2009. Il a derrière lui une longue carrière de diplomate.

Intégré à la Fonction publique en 1982, Moctar Ouane devient de 1986 à 1988, conseiller diplomatique du Premier ministre, puis chef de cabinet du ministre secrétaire général de la présidence de la République, puis conseiller diplomatique du président de la République (1990-1991). Pendant cette période, il était chargé de travaux dirigés à l’Ecole nationale d’Administration (ENA) de Bamako. Entre 1991 et 1992, il est conseiller diplomatique du chef de l’Etat, président du Comité transitoire pour le salut du peuple (CTSP).

Après un passage à l’Ecole nationale d’administration (ENA) de Paris (1992-1993), M. Ouane est nommé conseiller politique du ministre des Affaires étrangères.

De 1995 à 2002, il est ambassadeur, représentant permanent du Mali aux Nations unies. Il a occupé, aussi, le poste de directeur de la coopération internationale.
Moctar Ouane est né le 11 octobre 1955 à Bidi, dans le Cercle de Bandiagara, dans la Région de Mopti (Centre). Il termine ses études primaires à Kayes où il est titulaire du Diplôme d’études fondamentales (DEF) en juin 1973.

Après les études secondaires au lycée Askia Mohamed, il s’inscrit à l’université de Dakar, où il obtient une licence en droit public et une maîtrise en relations internationales. Ce cursus est complété par un brevet de l’Ecole nationale d’administration de Paris, en France.

Jusqu’à sa nomination, il était conseiller chargé des Affaires de paix et de sécurité auprès du président de la Commission de l’Union économique monétaire ouest-africaine (UEMOA) à Ouagadougou, au Burkina Faso.

MD (AMAP)

Diéma : Les acteurs sensibilisent sur l’insécurité

La gendarmerie de DIéma (Archives)

Diéma, 27 sept (AMAP) Des journées d’information et de sensibilisation sur  l’insécurité, organisées du 20 au 25 août 2020, dans cinq arrondissements de Diéma, ont recommandé de dénoncer  aux autorités compétentes, la présence de tout individu ou tout engin suspect, circulant dans leurs localités, a constaté l’AMAP sur place.

Ces journées, dans le cadre d’une mission conduite par le préfet de Diéma, Abou Diarra, a Diangounté Camara, Lakamané, Dioumara-Koussata, Béma et Diéma, ont aussi recommandé de « dynamiser les brigades de jeunes pour renforcer les mesures de surveillance et de protection », tout comme  « éviter d’héberger des étrangers dans les lieux de culte, mosquées et églises ».

Ces rencontres ont permis de partager avec l’ensemble des acteurs clés de quinze communes, les mécanismes à développer et la conduite à tenir face à l’insécurité qui sévit, depuis un certain temps, dans la Région de Kayes, dans l’Ouest du Mali, en général et, en particulier, dans le Cercle de Diéma.

Dans chaque arrondissement, la rencontre a regroupé les responsables administratifs, les notabilités et leaders religieux, la société civile et les corporations de chasseurs, d’éleveurs, les ONG et partenaires, pour discuter de la problématique de l’insécurité. Elle a recueilli les avis et suggestions  afin d’endiguer le fléau qui sème la terreur et la psychose au sein des populations, les empêchant, souvent, de vaquer correctement à leurs occupations.

Les conférenciers, le 2e adjoint au préfet, Bakary Dioman Diakité et le secrétaire général du Conseil de Cercle, Seydou Camara, ont projeté, à tour de rôle, une vue d’ensemble des différentes crises institutionnelles, politiques et sécuritaires au Mali, de 2012 à nos jours, et qui s’intensifient malgré les moyens déployés par l’Etat et ses partenaires.

M. Camara, a loué les nombreuses interventions des forces étrangères de Barkhane, de la Mission intégrée multidimensionnelles des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et du G5 Sahel dans la lutte contre les djihadistes. « Malgré tout, le mal s’est propagé et a fini par gangréner le Centre du Mali, à travers des conflits intercommunautaires meurtriers ]et des attaques récurrentes », a dit le co-conférencier.

Dans la Région de Kayes, le Cercle de Diéma a été la porte d’entrée des djihadistes. « Entre janvier  et février 2020, ajoute Seydou Camara,  la ville de Diéma a été la cible de deux attaques terroristes perpétrées contre le poste de péage et la Brigade territoriale (BT), qui ont fait des morts et des dégâts matériels importants ».

A la question de savoir si les chasseurs pourraient disposer d’armes de guerre pour la défense des populations, des réponses claires et précises sur l’interdiction de cette pratique, conformément aux textes et lois en vigueur en matière de port d’arme, ont été apportées.

Au cours de ces discussions élargies, un accent particulier a été mis sur l’information, qui, selon du préfet Abou Diarra, « demeure la seule arme efficace contre le djihadisme et le banditisme ».

Le chef de peloton de la Garde nationale, major Noumoukou Traoré, du commandant de la Brigade territoriale de gendarmerie, major Abdoulaye Dissa, sont intervenus, à plusieurs reprises, pour apporter des éclaircissements par rapport aux comportements à adopter en période d’insécurité.

OB/MD (AMAP)

Discours d’investiture du président de la transition

De nombreux invités, notamment Umaro Sissoco Embalo, Président de Guinée-Bissau, Goodluck Jonathan, ancien président du Nigeria et médiateur de la CEDEAO. Crédit Photos : AMAP

Son Excellence Umaro Sissoco Embalo, Président de la République de Guinée-Bissau,

Son Excellence Goodluck Jonathan, ancien Président de la République Fédérale du Nigeria et médiateur de la CEDEAO,

Son Excellence le Professeur Dioncounda Traoré, Président de la Transition malienne de 2012-2013

Madame la Ministre des Affaires étrangères du Ghana, pays qui assure la Présidence de la CEDEAO,

Monsieur le Représentant de la MINUSMA,

Monsieur le Représentant de MISAHEL, Son Excellence Pierre Buyoya, ancien Président de la République du Burundi,

Monsieur le Président de la Commission de la CEDEAO,

Anciens Premiers ministres et anciens ministres,

Chefs d’institutions en fonction et anciens,

Gouverneurs, maires et Conseillers municipaux,

Autorités Politiques, morales, religieuses et coutumières,

Ambassadeurs et représentants des organismes de coopération,

Compatriotes de l’Intérieur et de l’Extérieur,

Représentants de la Société civile et de syndicats,

En vos rangs, grades et qualités,

Tout protocole observé,

Qu’il vous plaise qu’avant toute chose, je rende grâce à Allah de nous avoir permis de voir ce jour, de faire en sorte que nous nous rencontrions pour le Mali, pour la grandeur du Mali, pour le confort du Mali !

Puissent ceux d’entre nous qui jouissent d’une bonne santé, continuer à bien se porter !

Puissent celles et ceux d’entre nous qui souffrent de maladie recouvrer la santé !

Puisse l’âme des êtres chers qui nous ont quittés, reposer en paix ! Ayons une pensée pieuse pour les soldats du Mali et des forces amies, tombés sur le champ d’honneur, FAMAs, Barkhane, Minusma qui ne sont là que pour assister le Mali dans sa guerre de libération. Ayons également une pensée pieuse pour tous les morts civils tombés lors de cette guerre et lors des récentes manifestations politiques !

Pour tous ces morts, je vous prie d’observer, avec moi, une minute de silence.
Je voudrais ensuite saluer le Conseil National de Salut Public pour son esprit patriotique, son sens du discernement et sa capacité d’écoute. L’investiture de son Président le Colonel Assimi Goita en tant que vice- président de la Transition en porte témoignage.

L’action du CNSP du 18août, tout le monde en convient, est la conséquence de la très grave crise sociopolitique qui a paralysé la vie de la nation des mois durant.

Au collège qui a porté son choix sur ma modeste personne pour présider cette transition, j’exprime toute ma gratitude. Je suis honoré par son geste et je voudrais lui dire ici que je me battrai de toutes mes forces pour mériter sa confiance.

Que l’on me permette également de souhaiter la bienvenue au Président de la Guinée-Bissau, Umaru Sissoco Embalo, en terre africaine du Mali ! Président Embalo, vous êtes chez vous, chez vos frères et chez vos sœurs.
Acceptez l’assurance de notre profonde sympathie et de toute notre gratitude pour votre présence ô combien significative parmi nous, en ce moment et en ce lieu !

Ma gratitude va également et bien entendu à la CEDEAO pour sa constante sollicitude envers notre pays et pour les sages conseils que le médiateur Son Excellence Goodlcuk Jonathan n’a cessé de prodiguer à ses frères maliens depuis juin.

Il est des nôtres désormais. Je salue sa présence et je voudrais l’assurer de la détermination des Maliens à conduire une transition stable, apaisée et réussie, dans les conditions et l es délais convenus. Plaise à Dieu !

Professeur Dioncounda Traoré, cher aîné, merci de venir rehausser de votre présence l’éclat de cette cérémonie. Que vous soyez à nos côtés ne nous surprend guère car tout ce qui concerne le Mali vous mobilise ! Votre expérience, votre endurance, votre foi en le Mali nous guideront.

Mes chers compatriotes,
Il me plait, solennellement, de dire à haute et intelligible voix, que je serai toujours disponible pour servir le Mali. Servir le Mali est un privilège et cela doit être un honneur pour chacune de nous, pour chacun de nous.
Malgré les poids des ans, malgré le confort de la retraite, je ne pouvais me soustraire à l’appel du devoir. Je ne pouvais hésiter un seul instant à sortir de mon champ pour venir, moi aussi comme beaucoup d’autres avant moi, à la rescousse de ce pays.

Le Mali m’a tout donné. Je suis heureux d’être son esclave soumis, prêt à tout pour qu’il renoue avec la pleine légalité constitutionnelle, avec des autorités élues, des représentants légitimes.
Je n’ai pas d’autre mission. Je n’ai pas d’autre prétention.
Il s’agit pour moi et il doit s’agir pour chacune et chacun, d’apporter sa petite contribution, sa petite pierre à la consolidation de l’édifice national.

Car la maison commune est ébranlée, affaiblie, humiliée. Elle tremble dans ses fondements depuis au moins une décennie.
Oui, il ne faut pas avoir peur des mots : le Mali est ébranlé, piétiné, humilié. Ebranlé, Affaibli, humilié par ses propres enfants, par nous-mêmes, par personne d’autre que nous-mêmes.

Et nous ne pouvons continuer, de manière incantatoire, à garder la tête dans le sable et à répéter sans chercher à empêcher le naufrage, à nous convaincre que le navire pourrait tanguer mais qu’il ne chavirerait jamais. Il peut chavirer et il chavirera si nous continuons à le faire tanguer.
Alors, si nous voulons survivre en tant qu’Etat, en tant que nation, nous devrons, sans perdre plus de temps, nous remobiliser.

Il faut qu’au cours de cette transition, nous nous donnions la main, que nous réfléchissions profondément ensemble pour reconstruire notre démocratie, laquelle avait été jadis, une vitrine admirée.
Nous devons tirer toutes les leçons de notre vécu immédiat, de notre histoire récente. Nous devons pouvoir identifier quelles ont été et quelles sont encore les forces et les faiblesses de notre parcours, quelles sont les opportunités que nous devons tirer de la transition en cours et quelles sont les menaces qu’il nous incombe d’enrayer.

Chers compatriotes,
Chers partenaires du Mali,
Une transition ne saurait tout faire. Elle doit se donner des priorités. Les nôtres ont été débattues, validées et consignées dans la Charte nationale de la Transition issue des journées de concertation des 10, 11 et 12 septembre dernier.

C’est cette charte qui constituera mon bréviaire et si je dois donner ma vie pour que la transition soit menée à bon port, je n’hésiterai pas une seconde. Je suis prêt au sacrifice, prêt au sacrifice suprême pour que le Mali redevienne le Mali de nos rêves et de nos potentialités.

Ma plus grande satisfaction résidera dans la passation de témoin au futur président de la République élu, élu proprement et élu indiscutablement.
Pour cela, il nous faudra sans délai mener une réflexion profonde sur les tares de nos processus électoraux et ce, à l’effet de nous doter de bons textes, de bonnes pratiques, de solides contre-pouvoirs, car ce sont ceux-là, la force de toute démocratie.

Au nom du peuple malien qui ne saurait être privé de ses choix, au nom de la vérité des urnes qui doit être la seule norme en démocratie, je combattrai sans concession les scrutins aux coûts astronomiques, la fraude électorale, l’achat de voix, l’incursion de l’administration dans le processus électoral, la perversion des résultats pour les Cours d’arbitrage.

Chers compatriotes,
Une telle mission, je le sais, se mènera sur le socle de la guerre sans merci qu’il faudra continuer à livrer aux forces terroristes et au crime organisé.
Ces fléaux accablent certaines parties du pays depuis plus d’une décennie. Leur sanctuaire s’élargit au détriment de la sécurité nationale. Les demi victoires ne suffisent plus pour les vaincre

Nous devons gagner totalement et durablement. Pour cela, il faut certes une gestion politique là où celle-ci est nécessaire mais il est important de se doter de moyens les plus dissuasifs possible à travers une armée aguerrie, matériellement soutenue et moralement prête.
L’armée, il est vrai, ne doit combattre que l’ennemi. Elle ne saurait être coupable d’exactions contre les populations civiles. Cela ne peut pas être accepté et ne sera pas accepté.

Cependant, les moyens de l’armée iront désormais totalement à l’armée et seulement à l’armée.
Chaque centime investi pour la défense et la sécurité de ce pays surveillé et évalué, tant que je présiderai aux destinées de la Transition. J’en prends ici le serment.
La bonne gestion de nos ressources, de nos maigres ressources est, en effet, une obligation.

Ce sera là un chantier de la Transition. Il sera quotidien. Il sera renforcé et ne sera pas négligé un seul instant.
Générer des ressources optimales au niveau national n’est pas un luxe. C’est une exigence et celle-ci passe par l’utilisation judicieuse de nos maigres deniers.

Je ne peux pas promettre zéro corruption mais je ferai tout pour que l’impunité zéro soit la norme. L’argent public est sacré et je ferai en sorte qu’il soit dépensé, de manière traçable et raisonnable. Avec tous les sacrifices que cela comporte, en termes de mesures systémiques et de répression des crimes et délits économiques.

Tous les dossiers d’enquêtes réalisées par nos structures de vérifications seront transférés au juge, au besoin. Il m’appartiendra de garantir à la justice les moyens de diligenter leur traitement.
Le Dialogue National Inclusif a balisé la voie. Dans les semaines à venir, je ferai tout pour que mettre en place le Comité chargé de la mise en œuvre de ses importantes recommandations.

Chers compatriotes,
La transition qui s’ouvre ne remettra en cause aucun engagement international du Mali ni les accords signés par le gouvernement. L’Accord pour la Paix et la Réconciliation sera appliqué et ne sera révisé que d’accord partie.
Il en va de l’honneur de la République. Et il est important de redire aujourd’hui en ce lieu et en ce moment, que le Mali c’est le Nord, c’est le Centre, c’est le Sud, c’est l’Ouest, c’est l’Est, c’est l’ensemble de ses régions, l’ensemble de ses terroirs, l’ensemble de ses cultures, sa diversité, toute sa diversité, son admirable diversité. Nous devons préserver notre pays à tous. Et c’est à chacun de nous de jouer sa partition.

Il nous faudra également gérer, avec l’efficacité maximale la pandémie COVID 19. Il importe pour ce faire, de capitaliser les réussites, renforcer la prévention par le respect des mesures barrières. A aucun moment, nous ne devons baisser la garde. Le gouvernement de transition qui sera incessamment formé fera de la lutte contre cette redoutable pandémie une de ses plus grandes priorités.
Le Mali vaincra !

 

Mali : Les engagements du président de la Transition en six points

Bamako, 25 sept (AMAP) Officiellement installé, vendredi, dans ses fonctions de chef de l’Etat, Bah N’Daw a esquissé ses ambitions en six points qui vont du front sécuritaire à celui de la santé, en passant par l’organisation d’élections propres, la lutte contre la corruption, l’application des conclusions du Dialogue national inclusive (DNI) et le respect des engagements nationaux et internationaux du Mali

REVISITER LES TEXTES ÉLECTORAUX – Bah N’Daw sait qu’il doit son accession impromptue à la tête de l’Etat à une action militaire, elle-même dictée par la dégradation du climat sociopolitique, suite aux dernières élections législatives. Ainsi, pendant cette transition, il s’attèlera à corriger « les tares de nos processus électoraux ».

En effet, l’organisation d’élections propres figure en tête des priorités. Et pour cela, il a estimé indispensable de « nous doter de bons textes, de bonnes pratiques, de solides contre-pouvoirs… ». Au nom de la vérité des urnes, qui doit être la seule norme en démocratie, Bah N’Daw s’est engagé à combattre, « sans concession, les scrutins aux coûts astronomiques, la fraude électorale, l’achat de voix, l’incursion de l’Administration dans le processus électoral, la perversion des résultats par les Cours d’arbitrage ».

LES MOYENS DE L’ARMÉE À L’ARMÉE – Ce combat sera mené concomitamment avec la guerre contre le terrorisme, que « nous devons gagner totalement et durablement ». Pour y arriver, le nouveau chef de l’Etat entend combiner les efforts politiques et l’action militaire. Ainsi, il a jugé indispensable de se « doter de moyens les plus dissuasifs possible à travers une armée aguerrie, matériellement soutenue et moralement prête ».

“Désormais, a-t-il insisté, les moyens de l’Armée iront désormais totalement à l’Armée et seulement à l’Armée. Et chaque centime investi pour la défense et la sécurité de ce pays sera surveillé et évalué.

IMPUNITÉ ZÉRO – Aussi bien que pour l’Armée, la gestion de toutes les ressources publiques sera de rigueur. « La gestion de nos ressources, de nos maigres ressources est, en effet, une obligation », dit-il.  Ce sera là un chantier de la Transition, selon Bah N’Daw qui ne promet pas  « zéro corruption », mais fera tout pour que «l’impunité zéro soit la norme». D’ores et déjà, il a annoncé que tous les dossiers d’enquêtes réalisées par nos structures de vérifications seront transférés au juge, au besoin.

SUIVRE LES RECOMMANDATIONS DU DNI – Autre engagement fort : la mise en œuvre des conclusions du Dialogue national inclusive (DNI). Il faut s’attendre, dans les semaines à venir, à la mise en place du Comité chargé de la mise en œuvre de ses importantes recommandations.

ENGAGEMENTS NATIONAUX ET INTERNATIONAUX – Lui et son équipe veilleront, également, au respect des engagements nationaux et internationaux du Mali. En effet, selon le chef de l’Etat, la transition qui s’ouvre ne remettra en cause aucun engagement international du Mali ni les accords signés par le gouvernement. Autrement dit, l’Accord pour la paix et la réconciliation sera appliqué et ne sera révisé que d’accord partie…

COVID – Enfin, les efforts contre la Covid-19 seront maintenus. « Il importe pour ce faire, de capitaliser les réussites, renforcer la prévention par le respect des mesures barrières. A aucun moment, nous ne devons baisser la garde », a-t-il déclaré. Le gouvernement de transition qui sera incessamment formé fera de cette lutte une de ses plus grandes priorités.

Ces engagements du chef de l’Etat sont inspirés de la Charte de la Transition.  S’il doit “donner (sa) vie pour que cette période Transitoire soit menée à bon port”, Bah N’Daw a assure qu’il n’hésitera “pas une seconde”. “Au terme de cette mission, dit-il, sa plus grande satisfaction résidera dans la passation de témoin au futur président de la République élu, élu proprement et élu”.

ID/MD (AMAP)

Mali : Les sanctions de la CEDEAO ne seront levées qu’après la nomination d’un Premier ministre civil (Mission)

Bamako, 25 sept (AMAP) Le Comité de suivi de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur la situation au Mali, dirigé par le médiateur Goodluck Jonathan, a annoncé lors de son point de presse de fin de mission, vendredi, à Bamako, que les sanctions de l’organisation sous régionale contre le Mali seront levées lorsqu’un Premier ministre civil sera nommé.

Le médiateur de la CEDEAO, qui s’exprimait juste après l’investiture du président et du vice président de la Transition, a déclaré que s’agissant des sanctions à l’encontre du Mali, celles-ci ne seront levées que lorsqu’un Premier ministre civil sera nommé. Cela suite à l’investiture du président de la Transition et conformément aux décisions des Chefs d’Etat et de gouvernement.

La mission a évoqué « l’importance et l’urgence de la nomination d’un Premier ministre, chef de gouvernement civil qui sera chargé de conduire, sous l’autorité du président de la Transition, les chantiers des réformes du dialogue national inclusif et de préparer les prochaines élections présidentielle et législatives ».

Goodluck Jonathan et sa délégation ont, aussi, signalé l’importance d’obtenir la version finale et officielle de la Charte de la transition prenant en compte les décisions issues des sommets des chefs d’Etat et de gouvernements de la CEDEAO, notamment : « la dissolution du CNSP avant ou après l’investiture du président de la Transition, les responsabilités du vice-président qui sera chargé de la sécurité et de la défense, l’impossibilité pour le vice-président de remplacer le président de la Transition et la durée de la transition qui est fixée à 18 mois à compter du 15 septembre 2020 »

La mission a rappelé que la CEDEAO est principalement concernée par la préservation de la démocratie constitutionnelle dans la sous-région. Le médiateur Goodluck Jonathan a désigné l’ambassadeur du Nigéria et celui du Ghana au Mali pour assurer une communication effective avec lui et le président du Conseil des ministres de la CEDEAO, Mme Shirley Ayorkor Botchwey, en leur absence à Bamako.

Ce comité de suivi travaillera en concertation étroite avec l’ensemble des partenaires bilatéraux et multilatéraux pour accompagner le processus de transition au Mali. « Ainsi, après l’installation des organes de la transition, conformément aux décisions des Chefs d’Etat et de gouvernement, la CEDEAO accompagnera le Mali », a-t-il dit.

Par ailleurs, la mission a insisté sur « la libération urgente » des personnalités civiles et militaires de l’ancien régime en détention depuis le 18 août 2020, date du coup d’Etat contre l’ancien président Ibrahim Boubacar Keita.

  1. Jonathan a effectué une mission dans la capitale malienne, du mercredi au vendredi, à la tête d’une délégation comprenant de la présidente du Conseil des ministres de la CEDEAO, Mme Shirley Ayorkor Botchwey,  et  du président de la commission de la CEDEAO, Jean-Claude Kassi Brou.

Ont également participé à cette mission, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU au Mali, chef de la Mission intégrée multidimensionnelle des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), Mahamat Saleh Annadif, et le haut représentant de l’Union africaine (UA) pour le Mali, Pierre Buyoya.

La mission a pu évaluer les progrès réalisés dans la mise en œuvre des décisions prises lors des sommets extraordinaires des Chefs d’Etat et de gouvernement du 20 et du 28 août 2020, ainsi que de la réunion d’Accra (Ghana) du 15 septembre 2020 en vue d’un retour à un ordre constitutionnel normal au Mali.

La délégation a eu des rencontres avec le président de la Transition, chef de l’Etat, Bah N’Daw, le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) conduit par son président, le colonel Assimi Goita, les ambassadeurs des Etats membres de la CEDEAO accrédités au Mali, les ambassadeurs des Etats membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU accrédités au Mali, le délégué permanent de l’Union européenne (UE) au Mali.

OD/MD (AMAP)

Photographie : L’art de magnifier la beauté africaine

Les ouvres de Walter Keys magnifient la beauté naturelle africaine et racontent une histoire, celle d’anonymes ougandaises

Par Zena TRAORE-DIAKITE

Fondatrice & Directrice de Kennyce

Consulting & Formation

Bamako 25 sept (AMAP) Le photographe ougandais, Walter Keys, est connu pour ses œuvres qui magnifient la beauté naturelle africaine. Ses séries de photos racontent une histoire, celle d’anonymes ougandaises aux allures élégantes et de mannequins captivants.

Sa quête de l’authenticité l’a amené à raconter la vie des femmes d’un village ougandais. Pour cet hommage à la beauté noire, Walter Keys a collaboré avec Audrey Kiz, Aine Bintu, entre autres. Le résultat donne des visuels à la fois inspirants et éblouissants.

On y retrouve des femmes qui cuisinent, d’autres qui vont chercher de l’eau au marigot, des vendeuses de fruits et légumes ou encore des images exceptionnelles d’une maman enceinte, en compagnie de son mari et de ses enfants. Drapées dans des tenues et parures traditionnelles, les modèles illustrent dans une atmosphère joviale les différentes activités quotidiennes des femmes du village.

Chaque ambiance, cadre et filtre a été minutieusement étudié et choisi pour « créer le style parfait et un sentiment de nostalgie pour quiconque avait passé un moment d’enfance en campagne, en faisant de chaque centimètre, un plaisir visuel ».

Vous pouvez admirer le travail de l’artiste sur ses pages Facebook et Instagram, sous le nom @walterkeysphotography.

ZTD/MD (AMAP)

Djo Dama de Tata Pound: « Le RAP n’a de sens que s’il est engagé »

Adama Mamadou Diarra dit Djo Dama et Ramsès Da Marifa Credit Photos: AMAP

Propos recueillis

par Youssouf DOUMBIA

Bamako, 25 septembre (AMAP) Le célèbre groupe de rap, reconnu pour ses dénonciations fracassantes, et son patriotisme à fleur de peau, sort d’une hibernation prolongée pour célébrer son 20ème anniversaire. Comme par enchantement en cette période marquée par une crise socio-politique sans précédent dans notre pays, Tata Pound écrase du coup l’actualité culturelle. Il a animé le premier de la série de concerts lundi 21 septembre dernier à Bamako. L’un de ses membres Adama Mamadou Diarra dit Djo Dama explique dans cette interview les raisons de ce come-back, les difficultés rencontrées, la révolution qu’ils ont apportée à ce genre musical et surtout leur posture d’alerte et de veille sur la bonne gouvernance, les bonnes moeurs…

L’Essor : Après plus de dix ans d’absence de la scène musicale, vous revenez pour célébrer le 20ème anniversaire de la création de Tata Pound. Quelles sont vos motivations ?

Adama Mamadou Diarra dit Djo Dama : Les motivations sont connues. Cela fait bientôt une année que de nombreux Maliens et tous ceux qui ont l’esprit Tata Pound réclament notre retour. Beaucoup de fans n’arrêtent pas de nous demander de revenir sur la scène musicale. Donc c’est ainsi qu’une agence de communication dénommée la Comaf, a décidé de financer ce grand show pour le vingtième anniversaire de la création de notre groupe.

Le groupe a été créé en 1995. Mais, c’est la date de la sortie de notre premier album qui est l’an 2000 qui est considérée comme le début de la carrière professionnelle. Encore une fois c’est à la demande de la population que nous revenons pour cette célébration.

 L’Essor : S’agit-il d’un nouveau départ pour relancer le groupe ? Voulez-vous faire juste un coup et repartir dans l’anonymat ?

Djo Dama : Je pense que ce sera « Tata Pound 2ème round ». Après ces différents concerts de Bamako et à l’intérieur du pays, car on nous réclame partout. Nous devrons également faire des spectacles à l’extérieur du pays. Tata Pound va continuer, sans doute, la mission qu’il avait commencée. Actuellement notre pays est dans une phase très critique de son existence.

 L’Essor : Sur les affiches de ce 20ème anniversaire, vous n’êtes que deux à savoir Djo Dama et Ramsès Da Marifa. Entre vous il y a une silhouette marquée par un point d’interrogation qui remplace Dixon votre troisième artiste. Où est-il ? Pourquoi ne joue-t-il pas avec vous à ces célébrations ?

Djo Dama : Comme on pouvait le remarquer assez facilement Tata Pound, c’est trois personnes, mais une seule idéologie. Dixon est actuellement aux Etats-Unis. Ramsès et moi assurons ces spectacles. Il ne peut donc pas participer à ces célébrations. Nous avons 20 morceaux pour symboliser ces 20 ans. Sur chaque morceau, un rappeur malien remplace Dixon. Il s’agit de : King Massasy, Yéli Fuso, Master Soumi, Iba Ouane, Gaspi, Yalco, Calibre 27, etc…

 L’Essor : Vous venez d’annoncer la participation de vingt rappeurs sur autant de titres pour ces célébrations. Quelle est la part de votre créativité ?

Djo Dama : Pour les vingt ans de Tata Pound, nous avons décidé de faire cette célébration uniquement avec les anciens morceaux. Après, nous ferons d’autres créations en fonction de l’évolution de la situation socio-politique du pays. Une situation qui bouillonne actuellement.

 L’Essor : Ramsès Da Marifa s’est engagé au théâtre et dans la production, Djo Dama est devenu un exploitant agricole. Auriez-vous reçu des menaces pour vous contraindre à abandonner la musique ?

Djo Dama : Quand nous arrêtions la production en 2012, ce n’était pas à cause de menaces. Il y a eu beaucoup de menaces contre nous. Certains appelaient même nos parents pour les intimider. Pourtant nous n’avons jamais insulté quelqu’un, nous n’avons fait que critiquer leur manière de gérer nos communes, nos départements ministériels ou notre pays. Nous ne faisions jamais référence à la vie privée de quelqu’un.

C’est pourquoi on ne pouvait pas nous arrêter directement. Nos textes n’étaient pas écrits à la légère. Nous bénéficions de conseils d’avocats et de juristes bien avisés. Car nous savons qu’en démocratie, on ne peut pas se permettre de dire n’importe quoi. Tout ce que nous disions était des réalités et dans la limite de la loi. Mieux, notre éducation ne nous permet pas d’insulter les gens. Nous n’avons pas plié.

Mais, par contre nous avions d’autres problèmes, comme les censures sur les télés et radios affiliées à l’État par rapport aux morceaux qui dénonçaient la mauvaise gouvernance.

 L’Essor : Quels étaient ces morceaux ?

Djo Dama : C’était « Monsieur le maire », c’était « Révolution », c’était « Politicien », c’était « Policikè », bref il y a en beaucoup. Car les gens n’aiment pas la critique. Il y a eu un moment, de nombreux sponsors qui refusaient de nous accompagner. Certains acceptaient même de nous financer, mais ne voudraient pas de la publicité.

C’est-à-dire ils ne voudraient pas que leurs noms ou logos figurent sur nos affiches car ils ne voulaient pas avoir de problèmes avec les autorités, disaient-ils. On vous donne ce dont vous avez besoin, mais ne parlez pas de nous ou de notre société, insistait-ils. Certaines sociétés ont été obligées de rompre leur contrat de collaboration avec nous car elles ont eu maille à partir avec des démembrements de l’État. Elles ont, parfois perdu beaucoup d’argents pour cela.

 L’Essor : Pouvez-vous nous donner des noms de ces sociétés ?

Djo Dama : il y en a beaucoup. Il y a une grosse entreprise qui vient d’accepter de nous sponsoriser cette année alors qu’elle ne voulait pas le faire avant. Maintenant, l’entreprise en question se dit libre car il y a eu une rupture, donc elle ne craint plus. Il ne me sied donc pas de divulguer le nom de ce partenaire.

À l’époque, Tata Pound a eu trois procès sur le dos. Il n’y avait pas encore les réseaux sociaux. Un promoteur fantôme nous avait invité pour un concert à Gao. À la dernière minute, sur la base de conseils très avisés, nous avions refusé d’y aller. Ce dernier a intenté un procès contre nous et il n’a pas gagné.

 L’Essor : Dans votre premier album en 2000, vous exhortiez les hommes politiques à s’unir pour éviter que le Mali ne sombre. 20 ans après, le temps semble vous donner raison puisqu’il y a eu deux coups d’État renversant deux présidents démocratiquement élus et l’occupation d’une bonne partie de notre territoire.
Djo Dama : Tata Pound a vraiment dénoncé la mauvaise gouvernance au Mali. Nous avions même dénoncé l’insécurité au Nord, nous avons même fait des propositions de solution, car les militaires se plaignaient du manque d’avions. Nous avons, même réclamé des avions pour l’armée afin de pouvoir appuyer les troupes au sol, dans un de nos morceaux.

Nous avons critiqué la corruption, l’impunité, la justice. Les problèmes que nous avons dénoncés à l’époque sont malheureusement d’actualité encore de nos jours. Les thématiques développées il y a 10 ans, il y a 15 sont encore là. Cela veut dire que nous n’avons pas été écoutés. Si la jeunesse se levait en ce moment pour protester, nous n’en serions pas à ce niveau.

 L’Essor : Pourtant les jeunes vous écoutaient bien à l’époque ?

Djo Dama : Comme certains disaient, le problème de Tata Pound, est que nous étions en avance sur notre époque. Les jeunes nous écoutaient, ils étaient d’accord avec nous. Mais il n’y avait pas de mouvement, pas d’actes concrets pour impulser un vrai mouvement. Quand nous étions menacés, il n’y avait pas de réseaux sociaux pour informer les gens et amplifier le mouvement.

Néanmoins, nous avons contribué à un éveil des consciences. Beaucoup de vidéomen et de bloggeurs se sont inspirés de nos morceaux. C’était une première que des jeunes critiquent publiquement la mauvaise gouvernance, la corruption, l’impunité et autres maux de la société.

 L’Essor : À travers des morceaux comme « Cikan », « Monsieur le Maire », « Fantaya », « Emigration », « Mon pays SA », « Bilali ka bourou », vous aviez à la fois des textes très virulents et des beats très originaux avec l’utilisation notamment des instruments de musique traditionnelle. Quel regard portez-vous sur le rap d’aujourd’hui ?
Djo Dama : D’abord quand nous avons commencé à faire du rap, il y avait une grande influence américaine, où on chantait en anglais, du rap français avec leur langue et du rap sénégalais avec la langue ouolof. Donc, nous nous sommes dit qu’il faut que Tata Pound soit un groupe original. Le bambara est la langue de la grande majorité des Maliens.

Dans ce cas, pourquoi ne pas rapper dans cette dernière langue, nous sommes-nous interrogé ? Certains grands rappeurs nous ont répondu que cela était impossible. Ils disaient même que le rap ne sonnait pas bien en bambara. Tata Pound est donc venu avec cette originalité.

On peut mettre sa culture dans le rap, à travers sa langue, ses instruments de musique, ses accoutrements et bien sûr ses problèmes. Quand les Américains parlent de sexe, alcool et drogue, nous nous avons d’autres préoccupations. En plus de la dénonciation de la mauvaise gouvernance, nous avons aussi fait des morceaux engagés socialement pour conscientiser les jeunes à œuvrer dans le bon sens comme le respect des ainés, le respect des parents, le respect des coutumes. Ces deux choses vont de paire.

Dans le morceau «Cikan», je disais par exemple que «si les politiciens revendiquent la transparence des élections, le peuple doit réclamer l’amélioration de ses conditions de vie». Ceux-là constituent deux légitimités inviolables. Les élus ont des avantages exorbitants, ils circulent dans des voitures extraordinaires, ils ont des primes très élevées. Nous, les citoyens, créateurs de richesses, nous n’avons droit à presque rien, nous tirons le diable par la queue. Nous sommes dans la galère, les jeunes chôment. Nous avons droit au moins au bien-être.

 L’Essor : Certains, parmi vos cadets qui font du rap ont repris le flambeau de la dénonciation, quel regard portez-vous leurs textes et leur beat ?

Djo Dama : Il y a certains qui sont en train de suivre la voie de Tata Pound. Malheureusement, il faut dire la vérité, certains sont en train de faire la promotion de la délinquance, la violence, l’alcool et la drogue. Cela est déplorable, ce qui n’est pas notre souhait. Nous ne pouvions pas imaginer cela. Car le rap n’a de sens que lorsqu’il est engagé. Le rappeur doit éduquer. En effet, en Afrique et particulièrement au Mali, la majorité de la population est très jeune.

Ce sont les rappeurs qui drainent les jeunes à remplir par exemple des stades comme celui du 26 mars. Si tous les rappeurs s’engageaient à aller dans cette voie, je suis sûr que nous allons avoir des ressources humaines de qualité. L’une des raisons qui emmènent Tata Pound à retourner sur la scène, c’est également pour contribuer à recadrer ce rap. Ce n’est pas Tata Pound qui a commencé cette musique au Mali, mais c’est avec nous qu’elle a eu ses premiers succès.

Et, c’est nous qui avons été les premiers à remplir un stade en 2006. C’est également à travers nous que le Mali a été représenté dans beaucoup de pays à travers le monde. Moi-même j’ai été choisi dans le cadre d’un projet panafricain de sensibilisation sur la cause des enfants. Nous étions 18 rappeurs venant de dix pays du continent. Un projet financé par l’ONG Plan international pendant cinq ans. C’est donc notre devoir de conscientiser nos cadets, qui par ailleurs ont beaucoup de talents.

 L’Essor : Doit-on s’attendre à un nouvel album, un autre concert ? Quels sont les projets ?
Djo Dama : Après ce concert de Bamako, nous devons aller jouer à Kayes, Sikasso, Ségou et Koulikoro. Nous sommes en discussion avec les promoteurs dans ces villes. Tata Pound est demandé en France et en Belgique, pour des concerts d’anniversaires. Nous reprendrons la production de nouveaux morceaux après ces célébrations.

En effet, les réalités que nous avons dénoncées sous le président ATT, continuent encore de nos jours. La preuve, comme vous l’avez rappelé il y a eu deux coups d’État, preuve de la persistance de la gabegie à tous les niveaux. Cela n’a pas commencé sous l’ancien président IBK, c’est depuis très longtemps. Pour moi, le problème du Mali n’est pas un problème de tête.

C’est le système qu’il faut changer. Pour Tata Pound, la Transition ne doit pas consister à mettre seulement en place de nouvelles institutions, il faut changer de système social, économique et politique. Le Malien ne pense qu’à sa poche, nous ne sommes pas des bons patriotes. Nous devons arrêter de nous asseoir et regarder les dirigeants faire.

Il faut que nous payions nos impôts. Il faut que nous participions activement à la gestion du pays en créant par exemple des groupes de pression pour suivre les dirigeants.

Si tout le monde remplissait correctement sa tâche, avec la quantité et la qualité des richesses que nous avons, notre pays pourra s’envoler vers le développement.

YD/MD (AMAP)

Mali : Le président et le vice président de la Transition installés dans leurs fonctions

Le président de la Transition, Bah N’Daw, et le vice président, le colonel Assimi Goïta (Crédit photo : AMAP)

Bamako, 25 sept (AMAP) La double prestation de serment du président de la Transition, Bah N’Daw, et du vice président, le colonel Assimi Goïta, a eu lieu, vendredi, à Bamako, devant la Cour Suprême, les installant dans leurs fonctions pour une transition de 18 mois.

Les deux personnalités, Bah N’Daw, retraité de l’armée, et le colonel Assimi Goïta, président du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), ont, successivement, prêté serment devant le président de la Cour suprême, Wafi Ougadeye Cissé, assisté du procureur général Boya Dembélé. Celui-ci a rappelé que la Transition doit aboutir à des élections générales.

Le Président de la Transition et le vice-président ont prêté serment, en prononçant la formule suivante: « Je jure devant Dieu et le peuple malien de préserver en toute fidélité le régime républicain, de respecter et de faire respecter la Constitution et la Loi, de remplir mes fonctions dans l’intérêt supérieur du peuple, de préserver les acquis démocratiques, de garantir l’unité nationale, l’indépendance de la patrie et l’intégrité du territoire national. Je m’engage solennellement et sur l’honneur à mettre tout en œuvre pour la réalisation de l’Unité africaine »

Plusieurs personnalités ont assisté à la cérémonie dont, notamment le président bissau guinéen, Umaro Sissoco Embaló, et l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, médiateur mandaté par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui s’est dit “très optimiste pour le nouveau départ” pour le Mali.

La nomination d’un Premier ministre est attendue. Il sera chargé de former, à son tour, un gouvernement de Transition qui, selon l’esprit de la Charte de la transition, doit être une équipe restreinte.

AC/MD (AMAP)

Présidence de la transition : Les espérances de Bamakois

Bamako, 24 sept (AMAP) Des habitants de la capitale malienne, Bamako, fondent l’espoir d’un bon déroulement et d’une bonne gestion de la période transitoire, avec la nomination de Bah N’Daw à la tête. Les avis sont, en général, favorables à l’homme.

Alassane Diaby est économiste. Pour lui, l’importance n’est pas la personne de Bah N’Daw, « mais qu’il fasse le travail ». « Je pense que la Transition ne peut pas régler tous nos problèmes mais, elle doit jeter, à mon avis, les bases d’un Mali nouveau. Pour cela, il faut qu’il (Ndlr, le président de la Transition) exécute correctement la feuille de route de la Transition », dit M. Diaby. »

« Le Mali est miné par certains problèmes qu’il faut rapidement gérer : la réduction des dépenses de l’Etat, l’organisation des élections par une seule structure indépendante, la lutte contre les surfacturations et des rétro commissions. C’est le moment de mettre en place des mécanismes pour y parvenir. Il faut pousser les dirigeants de la transition à l’aller dans ce sens », analyse-t-il.

Ousmane Traoré, commerçant, pense que  Bah N’Daw « est le meilleur qui pouvait nous arriver ». « Je ne connais pas Bah N’Daw. Cela veut dire qu’il ne traine pas de casseroles derrière lui. Il se trouve que c’est un homme de droiture et un patriote. Moi, je pense que c’est un nouveau départ pour notre pays. Mais attendons de voir la composition du gouvernement », dit-il.

Aminata Cissé, informaticienne : « Les militaires n’ont pas confiance aux civils. Le courant passe mieux entre eux. C’est pourquoi, ils ont pris la présidence et la vice-présidence de la Transition. Le choix de Bah N’Daw n’est autre que cette option. C’est un bon choix puisqu’il n’est pas politique. Maintenant ils vont laisser la Primature à un civil. Personnellement, j’adhère à cette stratégie du Comité national pour le salut du peuple (CNSP). Moi, je suis d’accord que les militaires (Bah N’Daw et le colonel Assimi Goita) gèrent la Transition parce que beaucoup de personnes pensent que c’est une aubaine pour s’enrichir sur le dos de l’Etat ».

Bakary Kéita, militaire à la retraite, fonde l’espoir « que cette transition sera une opportunité pour asseoir les bases d’une paix durable marquée par un retour définitif de la sécurité et l’allègement des souffrances de la population, l’amélioration de la gouvernance ». « En fait, je félicite le collège pour ses choix éclairés portés sur deux hommes dont le patriotisme ne fait l’objet d’aucun doute. Je souhaite l’accompagnement de tout le monde aux nouvelles autorités de la transition pour l’essor de notre pays », ajoute Bakary.

Pour Kadidiatou Diallo, Bah N’Daw à la présidence de la transition est bonne option. « Il est réputé être un grand patriote. Il n’a jamais détourné le denier public. Cependant, je ne suis pas d’accord avec la manière dont il a été nommé. Le M5-RFP a bien fait d’éclairer les lanternes sur le travail du collège qui a choisi Bah N’Daw », dit-elle.

OD/MD (AMAP)

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