Envoyé spécial
Issa DEMBELE
Pau, 13 janvier (AMAP) Les chefs d’Etat du G5 Sahel et leur homologue françaisse réuniront, cet après-midi, à Pau, dans le sud-ouest de la France, pour fixer des modalités plus précises de la lutte commune contre le terrorisme, en clarifiant la définition, y compris territoriale et politique, de l’ennemi.
Ils élaboreront une feuille de route sécuritaire à même d’inverser le rapport de force sur le terrain etredéfiniront les objectifs militaires, politiques et de développement de la lutte commune contre le terrorisme, notamment dans la zone dite des trois frontières, là où se rejoignent les limites administratives du Niger, du Mali et du Burkina Faso. Il s’agit d’adapter les stratégies aux méthodes de l’ennemi qui continue de faire de nombreuses victimes, aussi bien, au sein des populations civiles que des forces de défense et de sécurité. Notamment au Mali, au Niger et au Burkina Faso qui sont particulièrement éprouvés par la dégradation de la situation sécuritaire dans l’espace sahélien.
Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, est arrivé, dimanche, à Pau. Ses homologues Roch Marc Christian Kaboré du Burkina Faso, Mahamadou Issoufou du Niger, Idriss Déby Itno du Tchad et Mohamed Ould Cheikh Al-Ghazouani de la Mauritanie aussi.
Pendant quelques heures, ils seront autour de la table, au Château de Pau, pour un exercice de « clarification » et de « recadrage ». Emmanuel Macron en a ébauché les enjeux, lors de son déplacement au Niger, en décembre dernier, pour exprimer sa solidarité au peuple nigérien, suite à l’attaque contre le camp d’Inatès.
En effet, il s’agira, de prime abord, dedéfinir le cadre politique dans lequel la France intervient au Sahel. Aspect d’autant plus important que les forces françaises sont, de plus en plus, critiquées dans les pays du G5 Sahel. Les nombreuses manifestations « antifrançaises » ont fini par agacer Paris qui, dès lors, a estimé « indispensable queles peuples du Sahel et leurs dirigeants rappellent leur souhait, leur volonté et leur détermination» à accueillir l’aide de la France.
Déjà, les pays du G5 Sahel ont décidé, à Niamey, en décembre dernier, de mobiliser davantage de forces dans cette zone où ces derniers mois ont été particulièrement meurtriers.
STATUT DE KIDAL – La semaine dernière, une base de l’armée nigérienne a été attaquée et le bilan est de 85 morts parmi les soldats. On rappelle que les terroristes ont réussi à faire ajourner la rencontre de Pau, en décembre 2019, en attaquant durement l’armée nigérienne à Inates.
A Pau, Emmanuel Macron et ses homologues vont repenser la coordination entre les forces sur le terrain et faire appel à l’aide des forces spéciales européennes, dont le soutien pourrait s’avérer décisif.
Autres ambitions de ce sommet : l’identification des objectifs prioritaires en matière de développement et la détermination des actions politiques qui sont à conduire par chacun des chefs d’Etat pour soutenir l’action militaire.
Le statut de Kidal ne sera pas en marge des échanges, avait annoncé l’envoyé spécial de la France pour le Sahel lorsqu’il était venu remettre l’invitation d’Emmanuel Macron au président Keïta. L’émissaire français avait insisté sur l’urgence de « faire en sorte que le Mali soit pleinement souverain sur l’ensemble de son territoire et puisse exercer son autorité à Kidal».
Au terme de leur rencontre, les chefs d’Etat animeront, en début de soirée, une conférence de presse. Et le sommet se clôturera par un dîner de travail au Parlement de Navarre.
Le choix de Pau pour abriter cette rencontre est symbolique. C’est dans cette ville qu’est basé le 5è régiment d’hélicoptères de combat (RHC), dont plusieurs éléments interviennent au Sahel. Sept d’entre eux sont morts, récemment, en opération au Mali. Les chefs d’Etat se rendront sur la base de ce régiment pour un hommage en la mémoire de ces soldats tombés pour la paix.
IS/MD (AMAP)