La cérémonie de remise du rapport annuel de 2022 du Vérificateur général, Samba Alhamdou Baby au président de la Transition, s’est déroulée vendredi dernier au Palais de Koulouba, en présence des chefs d’Institutions de la République dont le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga et le président du Conseil national de Transition (CNT), Malik Diaw, a constaté l’AMAP.
Le document de plus de 200 pages, synthèse des 36 missions effectuées par le Bureau du vérificateur général (BVG) en 2022, révèle une récurrence des pratiques peu orthodoxes dans la gestion des services de l’administration centrale, des organismes personnalisés, des collectivités territoriales, des projets et des politiques publiques. Les domaines concernés sont la santé, le transport, la décentralisation, l’énergie et l’eau, le développement rural, l’environnement, les mines et les technologies de l’information et de la communication.
Les 36 missions effectuées se répartissent en 23 vérifications financières et de conformité, 3 vérifications de performance, 8 vérifications de suivi des recommandations et 2 évaluations de politiques publiques. Elles ont mis en relief un certain nombre de dysfonctionnements et de lacunes qui entament notamment l’image des entités auditées. Spécifiquement, les vérifications financières et de conformité ont mis en exergue des irrégularités administratives et financières qui, en comparaison avec celles effectuées en 2021, sont presque tendancielles.
Selon le Vérificateur général, les irrégularités financières constatées ont déjà fait l’objet de dénonciation et de transmission aux autorités judiciaires. Au total, le Bureau a transmis 21 dossiers au président de la Section des comptes de la Cour suprême. Cinq de ces dossiers ont été déférés au parquet général de cette Cour, alors que 5 autres sont en instruction par les conseillers rapporteurs devant lesquels comparaissent les personnes poursuivies. Et les 11 dossiers restant ont été déjà examinés par les Chambres de la Cour.
Le Bureau a dénoncé 22 dossiers aux procureurs de la République près les Tribunaux de grande instance de la Commune III du District de Bamako (17 dossiers), de Kayes (2 dossiers) et de Mopti (3 dossiers), chargés du Pôle économique et financier. Sur les 17 dossiers dénoncés au tribunal de la Commune III, 8 se trouvent au niveau de la Brigade économique et financière. Les 9 autres sont en cours de traitement.
À Kayes et à Mopti, les dossiers sont également en cours de traitement. En outre, compte tenu de leur caractère fiscal ou douanier, 3 dossiers ont été transmis à la direction générale des impôts pour redressement et recouvrement des droits d’enregistrement et des redevances de régulation et un dossier à la direction générale des douanes pour recouvrement de droits. À en croire Samba Alhamdou Baby, la création et l’opérationnalisation en 2023 du Pôle national économique et financier apporte une célérité notoire dans le traitement de ces dénonciations.
S’agissant des vérifications de suivi de la mise en œuvre des recommandations, au nombre de 8, elles ont porté sur les recommandations de vérifications réalisées en 2018, 2019 et 2020. Ces missions totalisent 130 recommandations sur lesquelles 30 sont non applicables. Le suivi des 100 recommandations entièrement applicables a donné ces résultats : «56 entièrement mises en œuvre, 13 partiellement mises en œuvre et 31 non mises en œuvre », a détaillé le vérificateur.
Ce rapport étale la complexité des défis à révéler. « Il s’agit, par conséquent, de les examiner avec rigueur, de corriger les lacunes relevées et emprunter les chemins vertueux de la bonne gestion de nos ressources », a expliqué le chef de l’État, convaincu que les résultats de ces missions du BVG contribueront à renforcer les réformes engagées pour la refondation de l’État. Le Colonel Assimi Goïta a donc invité le gouvernement à veiller à la mise en œuvre des recommandations faites, « catalyseurs de certains des changements à induire dans notre administration ». Et d’assurer qu’une attention particulière sera accordée à l’application des sanctions disciplinaires.
La qualité du travail abattu par le Bureau du vérificateur général a été bien appréciée par le chef de l’État, qui estime que la « gestion saine des ressources publiques est prioritaire pour une nation qui veut construire son avenir ».
ID/KM (AMAP)