Bamako, 24 fév (AMAP) Les participants à une conférence internationale tenue à Bamako, la semaine dernière, préconisent la lutte contre la corruption par les valeurs sociétales africaines, estimant que l’éducation civique et morale basée sur les us et coutumes pourrait aider au respect du bien public.

La 2è édition de la Conférence de haut niveau sur la lutte contre la corruption organisée par l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI) et ses partenaires sur le thème : «lutte contre la corruption, nouvelle dynamique, recouvrement d’avoirs illicites, coopération internationale», ont formulé recommandé la refondation des systèmes éducatifs africains par la promotion d’un enseignement multilingue fondé sur la langue maternelle, l’enseignement de l’histoire africaine et les valeurs sociales africaines, en particulier, à travers des programmes d’éducation civique et morale réhabilités.

À l’issue des travaux, mercredi dernier, les participants ont, aussi, proposé le renforcement des capacités des institutions et agences dédiées à la lutte contre la corruption, la mise en œuvre effective des mécanismes de sanction et de lutte contre l’impunité.

« Il faut aller chercher des réponses dans nos valeurs sociétales, nos valeurs socioculturelles qui nous caractérisent, qui nous ressemblent puisque celles qu’on a empruntées chez les autres ne nous ont pas réussi », a dit le ministre malien de la Refondation de l’État, chargé des Relations avec les institutions, Ibrahim Ikassa Maïga, qui a présidé la cérémonie de clôture.

« Cette démarche d’élaboration d’un programme national d’éducation basé sur nos valeurs, a-t-il poursuivi, est une volonté des autorités et du peuple malien. » «Ce programme sera enseigné à l’école mais, également, dans les familles, dans les entreprises comme dans l’Administration publique, qui va être inculqué à la petite enfance, depuis le préscolaire, le fondamental, le secondaire mais, aussi, l’Université, ainsi que dans les écoles de formation des nouvelles recrues à la fonction publique», a indiqué M. Maïga annonçant l’élaboration prochaine de cours d’éducation civique, morale et patriotiques « pour inculquer l’amour de la patrie. »

Le ministre Maïga a, par ailleurs, révélé que « nous sommes potentiellement très riches, puisque le montant des avoirs spoliés, détournés et transférés à l’extérieur dépasse de trois fois l’aide publique étrangère pour notre pays. » «Il suffit juste de mettre une politique résolue de lutte contre la corruption pour que nous puissions nous auto suffire et nous développer», a indiqué le ministre de la Refondation de l’État, chargé des Relations avec les institutions.

Le président de l’OCLEI, Dr Moumouni Guindo, pour sa part, a révélé que les assises de cette année ont compté au moins 350 participants dont pas moins de 76 participants internationaux en présentiel et 10 participants internationaux à travers des vidéos conférences.

Dr Guindo a souhaité l’institutionnalisation de cette conférence suivant une périodicité définie, chaque année, avec beaucoup plus de participants, de pays et que « les recommandations soient mises en œuvre de manière à contribuer réellement et efficacement à la lutte contre la corruption au Mali, dans le Sahel, en Afrique et dans le monde entier. »

Pour sa part, le président de l’Association des autorités anticorruption d’Afrique (AAACA), Dr Khaled Mohamed Saïd Hassan, il a confié : «Nous avons été impressionnés par la place que le Mali accorde aux valeurs sociétales dans la lutte contre la corruption et la lutte contre l’enrichissement illicite», ajoutant que « l’Afrique regorge d’esprits capables de développer des indicateurs plus précis que ce qui existe actuellement. » Des indicateurs, selon lui, « qui supportent les politiques nationales de lutte contre la corruption plutôt que d’être un facteur de frustration des responsables de cette lutte dans nos pays. »

AG/MD (AMAP)