Par Fatoumata TRAORE

Bamako, 03 août (AMAP) La viande de volaille, particulièrement de poulet, occupe une place de choix dans la gastronomie malienne. Elle se retrouve dans nos assiettes lors de cérémonies et de fêtes religieuses, de mariage, de baptême ou autres rencontres festives. Des grands hôtels aux plus petites gargotes, en passant par les restaurants et les rôtisseries, la consommation de poulet atteint des proportions difficiles à estimer. Ce qui rend la demande plus forte sur le marché.

L’élevage des poules comme toutes autres activités économiques, répond à des normes scientifiques, sanitaires et commerciales. Elle s’appuie sur des résultats de recherches scientifiques au plan nutritionnel, sanitaire mais, aussi, génétique pour se développer.

La hantise de tout aviculteur vient des maladies aviaires. C’est la principale cause des échecs dans les élevages. « Pour pallier cette contrainte, les chercheurs de l’Institut d’économie rural (IER) ont mis au point une technique qui permet de croiser la race de poulet locale métissée avec une race exotique appelée le «Rhode Island red», pour obtenir un degré de sang à ¼ de la première et à ¾ de la seconde », explique Dr Amindi Moussa Dolo, chef de programme au Centre de recherche de Sotuba.

Le fruit de ce croisement est dénommé ¾ ou «Wassa chè» en bambara qui veut dire : un poulet qui répond aux attentes. De nombreux aviculteurs ne jurent plus que par cette race hybride. Il se caractérise par sa capacité à produire des œufs fécondables, en même temps que de la chair. En plus, il résiste aux maladies aviaires.

Selon le chercheur, c’est un sujet qui, grâce à son gène local, s’adapte à l’environnement rural. Il est moins gourmand en nourriture et très productif en œufs (180 en moyenne par an), contre 80 à 90 pour la race locale. En terme de croissance, il présente le double avantage de mettre moins de temps que le poulet local et d’avoir une durée de vie plus longue que la race exotique.

Fort de ce potentiel, le « Wassa chè » est devenu une aubaine pour les producteurs maliens. Moussa Maguiraga, président de la Coopérative « Wassa chè » du Mali confime et confie que grâce à cette technique, « les aviculteurs maliens peuvent sortir de la pauvreté et faire du sous-secteur un moteur de l’économie malienne tout en contribuant à la sécurité alimentaire des populations. »

FOURNIR LES PAYS VOISINS– Aujourd’hui, à en croire M. Maguiraga, l’activité se porte bien, même s’il met une réserve quant à la vulgarisation du « Wassa chè » qui n’a pas encore atteint les résultats escomptés.

On rappelle que le gouvernement, à travers ces travaux de recherche de l’IER, a voulu faire de l’aviculture un moyen de lutte contre la pauvreté en milieu rural. Car, l’activité pourrait être génératrice de revenus pour de nombreuses familles qui vivent dans la précarité et l’insécurité alimentaire.

« Cependant, dans les grandes agglomérations comme Bamako, l’activité réussit à beaucoup d’acteurs », reconnaît l’aviculteur. Ce qui permet au Mali de fournir les pays voisins en poulets. Par exemple, cette année, sa coopérative a exporté 5 000 sujets en Guinée, 3 000 au Niger et à peu près 1 500 au Burkina Faso.

Lassine Doumbia, entrepreneur avicole à Banankabougou, confirme cette performance. C’est en 2010 qu’il s’est « lancé dans cette activité », nous confie-t-il. Après avoir acquis une expérience solide et une maîtrise du domaine, il forme les jeunes et les aide à s’installer à leur compte. Aujourd’hui, il a initié 125 jeunes qui sont en pleine activité.

Quand le « Wassa chiè » atteint sa maturité, il peut peser environ 4 kilogrammes. Ce qui est une bonne source d’approvisionnement en viande de poulets. Leur différence avec les races exotiques et les poulets de chair, est leur capacité à produire des œufs fécondables, en même temps que de la chair, contrairement à la race locale qui a moins de poids et pond moins, En outre, les œufs et la chair de la race exotique ne sont destinés qu’à la consommation.

Pour notre interlocuteur, la différence entre un poulet local amélioré et un poulet de chair se situe au niveau de leur cycle de vie. Le cycle de vie d’un poulet de chair ne dépasse pas 45 jours au maximum ou 2 mois, sinon il meurt par engraissement. Quant au poulet griffé, son cycle de vie peut aller jusqu’à plusieurs mois voire 2 ans. « On les appelle les rigoureux », selon lui.

Le jeune entrepreneur, Moussa Dembélé promoteur de la ferme Dem à Djoliba, soutient que ce métissage permet l’amélioration génétique et accroît la marge de rentabilité d’un éleveur en un temps de record. Ce qui, selon lui, « attire la jeunesse à venir dans le secteur avicole. »

Il est convaincu que la promotion de cette race permettra de lutter contre le chômage des jeunes, la pauvreté en milieu rural et l’atteinte de la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Mali.

FT/MD (AMAP)