Par Ouka BA
Diéma, 08 janv (AMAP) Dans la ville de Diéma, dans l’Ouest du Mali, le seul moyen de transport urbain se limitait, jusque-là, à des motos-taxi qui vont la navette, quotidiennement, le quartier Razel à l’intérieur de la ville, sillonnant souvent certains villages périphériques.
Depuis quelques jours, on constate la présence de deux motos-taxi « Telimani » (Rapide en Bambara), dont le point de stationnement se trouve au Razel, une zone commerciale, faut-il le rappeler, située à l’intersection des routes internationales Bamako-Diéma-Dakar au Sénégal et Diéma-Nioro du Sahel-Nouakchott, en Mauritanie. C’est là que les différentes compagnies de transport stationnent. Le Telimani, une moto généralement de fabrication asiatique, courte, plate, allongée et solide, est surtout sollicitée à cause de sa rapidité et son coût modeste du transport.
Cependant, certains conducteurs de ces engins à deux roues font l’objet de critiques. On les accuse surtout de non-respect du code de la route, roulant souvent à tombeau ouvert, comme bon leur semble, occasionnant ainsi des accidents mortels.
Oumar Diarra, employé de commerce en séjour dans la localité, avoue que le Telimani convient mieux si on n’a pas de bagages et si on a une course urgente à faire. Pour emprunter un taxi, il faut faire souvent des acrobaties…Tout compte fait, le Telimani reste d’utilité publique surtout dans une localité où les moyens de transport sont limités.
« C’est surtout pendant l’hivernage que ce moyen de transport dérange, « car on peut être mouillée par la pluie, à moins d’utiliser un parapluie ou porter un imperméable. », renchérit Kadiatou Traoré, une ménagère intéressée par le débat.
Durant ces dernières années, le nombre de Telimani n’a cessé de s’accroître dans la capitale malienne, Bamako, et dans plusieurs autres villes du pays. C’est un phénomène nouveau à Diéma où notre équipe de reportage est allée à la rencontre d’un conducteur de Telimani, dénommé Hamet Konté, âgé de 32 ans, et père de cinq enfants.
Il n’a pas voulu braver les eaux de la Méditerranée, comme beaucoup de ses compatriotes, qui continuent de migrer, à leurs risques et périls. Il compte rester au bercail pour soutenir ses parents.
Avec sa moto flambant neuf, il dessert la ville, et couvre de nombreuses localités, s’aventurant souvent jusqu’à Nioro du Sahel. Chaque jour, il empoche 4 à 5 000 Fcfa. Si la course est en dehors de la ville, le tarif est revu à la hausse. Il ne connait pas de répit. Toujours à la recherche de clients.
Cependant, Hamet regrette le mauvais état des artères de la ville qui ne sont pas bitumées, et qui comportent, par endroits,des nids de poules ou du sable. Cet état désastreux des routes pourrait contribuer à vite amortir son engin.
Le conseil prodigué par Mahamadou Sidibé, du Syndicat de transport, n’est pas à prendre à la légère. Il demande aux conducteurs de Telimani de rouler avec beaucoup de prudence et de veiller à l’entretien courant de leur engin, en faisant régulièrement la vidange, en fonction du nombre de kilométrages parcourus.
Samba Traoré, vendeur ambulant de thé, apprécie le Telimani mais émet des réserves. L’homme propose que le secteur soit mieux réglementé afin d’éviter des accidents liés, surtout, à la mauvaise conduite.
Celui qui a le complexe de monter sur une moto- taxi, c’est bien Issa Doumbia. Il fait désormais recours au Telimani chaque fois qu’il rentre de voyage, pour rejoindre sa famille. C’est avec enthousiasme que Salimata Konaté, vendeuse de têtes de moutons et de galettes de mil, a appris l’arrivée des Telimani dans la ville. La dame se lève tôt chaque matin pour trouver une moto-taxi, afin de se rendre à son lieu de vente. Avec le Telimani, le problème est résolu. Certains de ses clients, des ouvriers en majorité, n’attendront plus longtemps son arrivée sur le site de son activité.
La joie est perceptible chez Oumar Niafo, chef du Service local de la Jeunesse et des Sports, qui salue les exploitants de ces motos pour leur bonne initiative. Ce qui permettra, selon lui, « de résorber quelque peu le chômage des jeunes dans le cercle de Diéma. » Il a souhaité que ce genre d’actions se multiplient pour contribuer à diminuer davantage la fuite des bras valides qui s’intensifie, malgré les mesures d’accompagnement de l’État et ses partenaires pour endiguer le fléau.
Il a demandé aux conducteurs de Telimani d’éviter l’excès de vitesse, et de ne pas passer par les zones d’insécurité afin de ne pas être victimes de braquages ou de banditisme. Mamoudou Konté, qui dispose déjà d’une moto-taxi, envisage se procurer un Telimani, qu’il juge rapide et moins encombrant. « Surtout, ajoute l’homme, si un parent, un ami ou un proche rentre tardivement de voyage, le Razel étant loin de la ville… Et, aussi, pour ses courses personnelles.
« C’est une bonne chose ! « s’exclame le chef de village de Diéma, Fousseiny Sissoko. La rapidité, certes, mais faudrait-il que le transport se fasse dans les règles de l’art. « La présence des Telimani nous arrange beaucoup. J’encourage ce genre d’initiative qui permet de booster le secteur du transport en souffrance dans notre ville », dit-il.
Une femme qui requiert l’anonymat dit se garder d’emprunter le Telimani à cause de la jalousie de son époux qu’elle compare à celle du « Dagamé ».
Moussa T. Konaté, deuxième adjoint au maire de la Commune rurale de Sansankidé, lorsqu’il arrive au Razel, est obligé d’emprunter la moto d’un ami pour ses courses. Maintenant qu’il y a des Telimani, il se sent plus à l’aise. Mais l’élu recommande que les conducteurs d’engins, à défaut de passer par une auto-école, afin de maîtriser les techniques de conduite.
En définitive, l’Etat et ses partenaires doivent réorienter plus de soutiens vers les femmes et les jeunes, afin de mettre un frein à la migration qui vide quotidiennement les villages et hameaux de leurs enfants.
OB/MD (AMAP)