A Bourem (Nord), l’Armée malienne neutralise une cinquantaine de terroristes   (Etat-major)

Des drones auraient repéré une vingtaine de véhicules des GAT et beaucoup de pick-up ont été détruits

Bamako, 13 sept (AMAP) Les Forces armées maliennes « ont vigoureusement riposté à une attaque terroriste complexe (véhicules piégés), mardi, dans la localité de Bourem dans la région Gao (Nord), a annoncé l’état-major général des armées dans un communiqué.

« Le bilan cumulé provisoire des opérations de ce jour fait état de 46 terroristes tués, identifiés dont 03 responsables à Bourem et alentours, plus de 20 pick-up détruits y compris ceux équipés d’armes », precise le communiqué.
Au cours de ces combats violents, qui ont débuté aux environs de 09h20 mn, les FAMa ont enregistré 10 morts et 13 blessés, tous évacués sur Gao, précise le communiqué de l’état-major.

L’état-major général des Armées ajoute que les FAMa ont repoussé cette attaque complexe « aux véhicules piégés de plusieurs terroristes à bord de plusieurs véhicules et moto. »
Des sources contactées sur place indiquent que la coordination des forces terrestres et aériennes maliennes a permis de neutraliser les envahisseurs et un lot de matériels de guerre saisis. La riposte des Forces armées maliennes (FAMa) été énergique et professionnelle, selon les mêmes sources.

De 9h45 jusqu’à 14heures, l’armée a contrôlé la situation et a effectué des bombardements aériens et des tirs par endroits. Pendant ce temps, les gens se sont enfermés dans leur maison.

D’autres sources ont pu relever une puissance de frappe des forces aériennes maliennes qui « ont atteint toutes leurs cibles », Selon elles, « les vecteurs aériens ont effectué des frappes qui ont fait des dégâts importants chez l’ennemi. » Les drones auraient repéré une vingtaine de véhicules. Un ZU 35 des Groupes armées terroristes (GAT) et beaucoup de pick-up ont été détruits.

« La précision des renseignements a permis de combiner les actions aéroterrestres et mis en échec cette attaque. Les terroristes rescapés en débandade dans leur fuite se sont repliés vers le Nord dans les secteurs de Agamor et Almoustarat en abandonnant plusieurs de leurs compagnons, précise l’état-major général des armées », indique encore l’état-major.

La haute hiérarchie assure que le ratissage est en cours et que la situation est sous contrôle.

D’autre part, l’état-major informe que le même jour, vers 07h30, les FAMa ont ciblé un regroupement de véhicules terroristes au Nord-Est de Bourem en phase de préparations d’attaques contre les militaires et les civils dans le secteur.

« Une série de frappes a également visé une seconde colonne en direction de Bourem et un regroupement de véhicules », précise l’Armée qui assure « les populations de sa détermination à accomplir sa mission jusqu’au bout. »
AT/MD (AMAP )

 

Recrudescence des attaques dans le Nord : Les populations de Gao expriment leur soutien à l’État

Des populations vaquent à leurs occupations dans la ville de Gao (Photo AMAP)

Gao, 12 sept (AMAP) Tandis que certains habitants de Gao, dans le Nord du Mali, demandent aux forces de défense et de sécurité de redoubler de vigilance, d’autres pensent que le divorce avec la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion) est nécessaire pour mieux sécuriser notre territoire.

Ici, c’est toujours l’émoi après l’attaque kamikaze qui a visé, vendredi, le camp Firhroun dans la zone aéroportuaire de Gao. Au lendemain de cette incursion terroriste, l’Armée a annoncé qu’un incident s’est produit au nord de la ville impliquant un de ses aéronefs. Selon les explication du chef d’état-major de l’Armée de l’air, le général de brigade Alou Boï Diarra, l’appareil avait effectué « avec succès une mission qui s’est déroulée vers le crépuscule dans des conditions météorologiques très exécrables. »

Malheureusement, il y a eu quelques problèmes techniques qui ont obligé l’équipage à s’injecter de l’appareil qui s’est ensuite écrasé, selon l’officier.

Ces évènements dramatiques sont intervenus 24 heures après l’attaque terroriste du bateau Tombouctou de la Compagnie malienne de navigation (COMANAV) dans la zone de Gourma Rharous faisant plusieurs morts et blessés.

La multiplication des attaques par les terroristes, en complicité avec des groupes signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation, a pour but de créer la psychose au sein des populations.

À Gao, certains habitants sont toujours sous le choc après l’attaque du camp Firhroun considéré comme le plus grand et le plus sécurisé dans le Nord du Mali. Il n’y pas longtemps, l’endroit servait de base aussi pour la Force française Barkhane et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).

Pour mieux renforcer la sécurité dans la Région, le gouverneur de Gao, le général de brigade Moussa Moriba Traoré, a pris de nouvelles mesures comme l’interdiction de circulation des véhicules non immatriculés, des véhicules Land Cruiser et des véhicules teintés entre les villes, villages, hameaux et campement dans la Région de Gao. Seuls les véhicules et autres engins des forces de défense et de sécurité sont autorisés.

En plus, un couvre-feu a été instauré dans la Cité des Askia de 20 heures à 6 heures du matin, « à compter du 10 septembre 2023 jusqu’à nouvel ordre. »

Ces mesures sont destinées à rassurer les populations de la Région de Gao. Pour Bossou Touré, cadre d’un service administratif à Gao, les mesures sécuritaires prises par le gouverneur « sont salutaires et permettront », selon lui, « de démasquer des personnes mal intentionnées. »

Mieux, notre interlocuteur suggère qu’il faut aussi interdire la circulation de tous les pick-up dans la ville de Gao. Il tient pour responsable la CMA qui a décidé « de se retirer du processus pour la paix pour reprendre les hostilités avec ses complices terroristes. »

Le retraité Mahamane Maiga a servi à la direction régionale des transports de Kidal. Pour faire face aux agressions des ennemis de la paix, il demande aux forces de défense et de sécurité « de redoubler de vigilance et, surtout, de rester sur le qui-vive pour parer à toute éventualité. »

« Si l’Armée riposte vigoureusement aux attaques terroristes comme ça a été récemment le cas avec les attaques du bateau Tombouctou, des camps de Bamba et de Gao », Mahamane Maiga pense qu’elle devrait surtout être agressive dans l’anticipation.

Cela pour minimiser les dégâts en termes de vies humaines. «Un Malien qu’il soit civil ou militaire qui meurt sous les balles des terroristes est un mort de trop», dit-il.

L’opérateur économique Albouhari Maiga partage le même avis. À l’en croire, on pouvait éviter l’attaque du bateau Tombouctou « si la menace des groupes armés avait été prise au sérieux par les autorités militaires et administratives. »

«Il y a aussi un point à ne pas négliger. C’est que les éléments des forces de défense et de sécurité qui escortent les bateaux, ne doivent pas être à l’intérieur de ces bateaux, mais plutôt dans des petits bateaux militaires bien équipés et adaptés», préconise-t-il.

AT/MD (AMAP)

Regain de tension dans le Nord du Mali : la coalition des terroristes et des indépendantistes à l’œuvre

Visite du gouverneur de Gao aux blessés de l’attaque du bateau Tombouctou.(Photo AMAP)

Par Madiba KEITA

Bamako, 11 sept (AMAP) À la lumière des récents événements, il est bien clair que la nébuleuse des ennemis de la paix est à la manœuvre pour installer un climat de terreur au Mali. Mais son dessein funeste se heurte à la détermination de l’Armée à assurer la sécurité des personnes et des biens sur l’ensemble du territoire national.

Les Maliens s’interrogent sur le regain de tension dans le Nord du pays. En l’espace de 48 heures (jeudi et vendredi derniers), plusieurs civils et militaires ont perdu la vie dans des attaques terroristes contre le bateau Tombouctou de la Comapggnie malienne de navigation (COMANAV) dans le secteur de Rharous, le camp des Forces armées maliennes (FAMa) à Bamba et celui de Gao (tous dans le Nord), situé dans la zone aéroportuaire de la ville, attaqué par des véhicules remplis d’explosifs.

Un deuil national de trois jours a été décrété par le président de la Transition au lendemain de la double attaque du jeudi revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam (GSIM) et dont le bilan provisoire est de 49 civils et 15 militaires tués. Ce bilan pourrait évoluer compte tenu de l’état grave de certains blessés transportés à l’hôpital de Gao par l’Armée.

Il faut rappeler que les FAMa ont vigoureusement riposté à ces attaques coordonnées en neutralisant une cinquantaine d’assaillants. Le procureur du Pôle judiciaire spécialisé de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée a ouvert, vendredi, une enquête sur ces faits criminels.

Cet enchainement des événements démontre que la situation sécuritaire au Mali connait une évolution inquiétante. Elle prend même une allure dramatique. Avec le terrible drame du bateau Tombouctou jeudi dernier, le monde entier a été abasourdi par la cruauté des auteurs de cette attaque terroriste qui a vise l’embarcation long-courrier de la COMANAV qui relie Koulikoro à Gao. en période de crue du fleuve Niger.

Des dizaines de civils ont péri dans cette attaque qui n’a pas encore révélé tous ses secrets. La simultanéité des attaques contre le bateau et contre le camp militaire de Bamba met davantage en lumière une collusion déjà de notoriété publique entre les hordes terroristes et les groupes indépendantistes signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation.

Avant le drame du bateau, les groupes terroristes avaient annoncé leur volonté de soumettre la ville de Tombouctou à un blocus. Ils tentent, sans y parvenir, de couper les voies d’approvisionnement de la Cité mystérieuse. Avec le dessein funeste d’affamer la population civile en la privant des biens de consommation importés.

Ces actions de désespoir ont débuté quand ils ont été chassés de la localité de Ber par les FAMa qui ont pris possession du camp des Casques bleus de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations uies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). La présence de l’Armée à Ber prive l’alliance nébuleuse des terroristes et des indépendantistes de sources importantes de revenus. Grâce au racket sur le commerce des marchandises, ils recevaient beaucoup d’argent pour renflouer leurs caisses.

Plusieurs observateurs estiment que cette recrudescence de la violence dans le Septentrion malien n’est pas sans danger pour l’Accord pour la paix et la réconciliation. Le gouvernement a tendu la main aux groupes signataires en leur demandant de revenir à la table de négociation. Mais la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), fidèle à sa logique indépendantiste et guerrière, semble avoir opté pour la reprise des hostilités. La participation de ses troupes à l’attaque contre le camp de Bamba est un secret de polichinelle.

Les FAMa en patrouille (Photo AMAP)

SANCTUAIRE TERRORISTE – L’Accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus de pourparlers à Alger (Algérie), a été signé à Bamako en mai et juin 2015 devant de nombreux dirigeants du monde entier. Huit ans après, l’Accord n’a pu être appliqué à hauteur de souhait à cause, notamment de certains obstacles ayant trait à la révision de la Constitution. Curieusement, la CMA a décidé de boycotter le processus d’élaboration de la nouvelle Constitution jugeant que certaines de ses préoccupations n’ont pas été prises en compte en lien avec la mise en œuvre de l’Accord.

Depuis l’adoption de la nouvelle Constitution par referendum, en juin dernier, la CMA a pris ses distances. L’absence de dialogue entre le gouvernement et la CMA a presque rendu caduc l’Accord pour la paix et la réconciliation. Pourtant, les autorités de la Transition ont fourni beaucoup d’efforts pour renouer les fils du dialogue. Des tractations ont été menées discrètement pour amener les indépendantistes à s’inscrire dans la logique de l’unité de la Nation malienne et à jouer pleinement le rôle qui leur revient dans la construction nationale.

En vain ! Les groupes de la CMA n’ont jamais abandonné leur volonté étriquée et sectaire de soustraire une partie du territoire du reste du Mali. Malgré la signature de l’Accord, ils n’ont jamais fait la moindre concession à l’unité nationale. Leur communication faisait invariablement la distinction entre la prétendue Azawad et le reste du Mali.

Dès lors, le retrait de la MINUSMA vient exacerber une tension déjà savamment entretenue depuis longtemps. Les ennemis de la paix ont fait de l’installation de l’Armée à Ber un casus belli. Alors que cela est prévu dans les accords entre l’ONU et le gouvernement dans le cadre du retrait de la MINUSMA.

C’est en vertu de ces accords que l’Armée s’apprête à prendre possession des emprises de la MINUSMA à Aguelhok, Tessalit et Kidal (Nord). Une perspective qui crée des soucis au sein de la nébuleuse ayant fait du Nord du Mali un sanctuaire propice à tous les trafics et un repaire commode pour les chefs terroristes.

À la lumière des récents événements, il est bien clair que terroristes et indépendantistes ont davantage resserré leurs rangs pour combattre les Forces armées maliennes. Comme ce fut le cas en 2012. Ils ont en commun la volonté de déstabiliser le Mali en entretenant l’insécurité sur le territoire national.

Cette fois-ci, la coalition entre les terroristes et les indépendantistes trouvera sur son chemin une Armée malienne bien formée, mieux équipée et déterminée plus que jamais à assurer la sécurité des personnes et des biens sur l’ensemble du territoire national. C’est l’assurance qu’a donnée le chef d’état-major général des Armées, vendredi soir, à la télévision nationale. Le général de division Oumar Diarra a fait remarquer que chaque fois que les FAMa mettent la pression sur les groupes armés, ces derniers décident de s’en prendre aux populations innocentes pour se faire entendre.

Le haut gradé s’est montré catégorique en soutenant qu’il n’y a pas de “blocus” ou “d’étouffement” d’une localité. «Les groupes armés sont aujourd’hui complètement désorientés. Ils cherchent à se faire entendre. Il y a un climat de psychose qui est là», a expliqué l’officier général qui a fait savoir que les FAMa patrouillent actuellement «sans problème» entre Ber, Tombouctou, Niafunké, Goundam. Et que des check-points ont été installés sur ces axes pour faciliter la circulation des personnes et des biens.

Le général Diarra a demandé à nos compatriotes de faire confiance aux FAMa qui sont aujourd’hui déterminées à lutter contre le terrorisme jusqu’au bout. Il a rappelé que l’Armée a fait face à des agissements similaires des groupes terroristes quand les forces Barkhane et Takuba rétrocédaient leurs emprises aux FAMa en 2022. Ils sont en train de faire la même chose avec le retrait de la Minusma où beaucoup d’intérêts sont en jeu.

La pacification du Mali, tel est aujourd’hui le leitmotiv des FAMa dont les capacités opérationnelles ont été renforcées par les autorités de la Transition pour atteindre cet objectif.

MK (AMAP) 

Drame du bateau « Tombouctou » : Un rescapé témoigne

Le bateau « Tombouctou » (Archives AMAP)

Gourma Rharous, 08 sept (AMAP) Le bateau « Tombouctou », un des long-courriers de la COMANAV (Compagnie Malienne de Navigation) qui relie Koulikoro à Gao a été la cible d’une attaque, jeudi 8 septembre, dans la Commune de Banikane, entre les villages de Chambou et Egayane, dans le Cercle de Gourma Rharous.

De nombreux morts et blessés sont à déplorer. Du bateau qui a pris feu, il ne reste plusque les structures calcinés et la coque complètement immergée.

A.T, est un rescapé de ce terrible drame. Les yeux hagards, encore sous le choc, il explique :  » le bateau a commencé à essuyer les premiers tirs des assaillants à 10 heures et 20 minutes. La riposte des militaires à bord, chargés de l’escorte, a été prompte et vigoureuse. Ce qui a calmé l’ardeur des assaillants au cours de ces premiers échanges de tirs. Les agresseurs se sont déplacés, quelques encablures plus loin, pour se cacher dans une petite forêt d’eucalyptus située sur une dune surplombant le fleuve à un endroit qui forme un petit col ».

Notre interlocuteur s’arrête de parler, la voix étreinte par l’émotion et balbutie finalement : « C’est là qu’un déluge de feu s’est abattu sur le bateau, mêlant crépitement d’armes légères et grondements assourdissants de roquettes. Malgré la riposte de l’escorte, le bateau est fortement , de la proue à la poupe, provoquant un immense incendie qui s’est élevé jusqu’aux deux étages supérieurs. »

Selon toujours A.T, plus que les blessés et morts provoqués par balles, c’est le mouvement de foule qui suit les tirs qui a le plus fait de victimes. Les passagers désespérés se sont jetés à l’eau qui est profonde à cet endroit, dans un instinct de survie fatal à beaucoup d’entre eux dont le commissaire du bateau et plusieurs membres d’équipage.

La même source indique qu’après l’accalmie, plus de soixante corps ont été repêchés quelques instants après. Le bilan demeure cependant encore inconnu car de nombreux corps n’ont, jusque-là, pas été retrouvés, malgré les recherches qui continuent.

Selon une source hospitalière, juste après le drame, une vingtaine de blessés ont été héliportés sur Gao (Nord), pour leur prise en charge à l’hôpital régional.

MG/MD (AMAP)

 

 

Mali : Un deuil national de 3 jours décrété suite à l’attaque du bateau « Tombouctou »

Bamako, 8 septembre (AMAP) Un deuil national de trois (3) jours, à compter de ce vendredi 8 septembre 2023 à zéro, est déclaré sur toute l’étendue du territoire national, en hommage aux victimes civiles et militaires de l’attaque terroriste perpétrée contre le bateau « Tombouctou », reliant Gao à Mopti, le jeudi 7 septembre 2023, a appris l’AMAP de source officielle.

Le même décret du président de la Transition précise que les drapeaux sont mis en berne sur tous les bâtiments et édifices publics pendant toute la durée du deuil.

Enfin, « le présent décret sera enregistré et publié au Journal officiel » note le document officiel.

KM (AMAP)

Salif Keïta dit «Domingo» : Le Mali rend un dernier hommage à une légende du football mondial 

 

La cérémonie s’est déroulée, mercredi, à la Place du Cinquantenaire. Décédé le samedi 2 septembre à l’âge de 77 ans, Domingo repose désormais au cimetière d’Hamdallaye

Par Seïbou S. KAMISSOKO

Bamako, 07 sept (AMAP) Salif Keïta dit Domingo ou La Panthère noire repose désormais au cimetière d’Hamdallaye en Commune IV du a Bamako, la capitale malienne où l’ancien international, sans doute un des meilleurs footballeurs de tous les temps du Mali et d’Afrique a été accompagné à sa dernière demeure par une foule de parents, d’amis, d’anciens coéquipiers du Réal de Bamako et de l’équipe nationale et de dirigeants sportifs, toutes disciplines confondues.

Avant d’être porté en terre, le premier Ballon d’or africain a eu droit à un hommage digne de son statut qui s’est déroulé à la Place du Cinquantenaire. La cérémonie était présidée par le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, en présence de plusieurs membres du gouvernement, dont le ministre de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne, Abdoul Kassim Ibrahim Fomba et de deux délégations venues du Burkina Faso et de la Guinée. Le troisième Ballon d’or africain, Chérif Souleymane faisait partie de la délégation guinéenne.

Une tribune centrale et une dizaine de petites tentes éparpillées ont été installés à la Place du Cinquantenaire et plusieurs milliers de personnes ont bravé la chaleur (30°c à l’ombre) pour venir rendre un dernier à Domingo, décédé le samedi 2 septembre à l’âge de 77 ans, des suites d’une longue maladie.

Des portraits géants de la légende du football malien étaient affichés sur le lieu et la cérémonie a commencé avec l’allocution très émouvante des filles de l’illustre disparu, notamment l’aînée Raky Keïta. «Un soir d’hiver à Boston, papa est arrivé à la maison, fatigué bien trop fatigué. Maman a regardé papa inquiète. Elle a demandé à son mari : Qu’est ce qui ne va pas Général ? Papa s’est confié à maman. Il a dit à maman que le football devenait trop comme un métier et le ballon perdait de sa magie. Quand je dispute mes matches aujourd’hui Fanta loin de la maison, c’est comme si j’étais presque une machine qui fait la même chose tout le temps. C’est avec vous, toi et les filles que je redeviens Salif. Je veux passer plus de temps avec vous car nos filles grandissent et je les vois trop rarement. Papa et maman se sont assis pour planifier leur avenir ce jour car ils étaient des complices, des amis et surtout des partenaires. Des partenaires qui se battaient tous les jours loin de leur pays, leur famille et leurs cercles d’amis, pour donner un avenir à leurs deux filles. Papa et maman ont décidé de poursuivre des études pour rentrer armés au Mali», a raconté Raky Keïta. Elle poursuivra : «Et après avoir raccroché les crampons pour entamer un nouveau métier, Papa est devenu notre papa à plein temps et on a découvert que papa n’était pas juste un footballeur exceptionnel. Il avait le don de rendre un simple évènement magique».

Et de continuer : «Tous les jours notre famille se réveillait tôt car on avait du trajet à faire. Et une fois au volant de sa voiture papa sortait sa cassette magique. Je vais vous faire découvrir la plus belle voix au monde les filles : Salif Keïta (le musicien, ndlr). Et quand Salif Keïta se mettait à chanter papa secouait la tête le sourire aux lèvres pour dire : Mon homonyme Salif Keïta fait les louanges du plus grand Roi au monde : Soundiata Keïta. Qui est l’origine du plus grand Royaume au monde, qui engendra le Roi le plus puissant et riche de tous les temps, Mansa Moussa. Et vous Raky et Séré Keïta vous êtes des princesses de Naréna. Et Séré rigolait et était fière d’être une Princesse. Soudainement papa se mettait à rire, son rire légendaire pour dire, votre nom Keïta est puissant. Beaucoup de Keïta ont fait de grandes choses». Après ce récit émouvant de la fille aînée de Salif Keïta, ce fut au tour de Mamadou Dipa Fané, ami, frère et compagnon de l’illustre disparu de prononcer l’oraison funèbre dans laquelle il insistera sur le parcours sportif exceptionnel de l’homme, son humanisme et son amour pour le pays. «Il n’y a pas si longtemps, au détour d’une conversation libre, Salif Kéita confiait à un ami : «À notre âge, on ne peut plus avoir peur de la mort. Il est temps, sans regret, de mettre les voiles, de prendre le vaisseau sans retour pour l’au-delà».

La gorge nouée, Mamadou Dipa Fané renchérira : «il est donc réconfortant, voire gratifiant, de savoir que notre bien-aimé s’était préparé pour affronter, avec philosophie, l’issue inexorable d’existence sur terre. Une belle et poignante leçon de vie que nous lègue l’immortel. Tout au long de sa vie, si bien remplie, Salif nous gratifiera d’autres leçons de vie inoubliables. Le talent de cet incomparable génie du football sera sans doute brillamment conté par d’autres voix autorisées. Je voudrais, pour ma part, me limiter à la dimension d’un homme que l’Histoire retiendra au-delà de toutes les contingences dérisoires, un homme d’une envergure exceptionnelle, avec ses qualités et bien sûr ses limites. Qui sommes-nous pour nous juger les uns les autres; qui sommes-nous pour juger un être d’exception que fut Salif ? ».

Pour conclure, Mamadou Dipa Fané dira : «Il avait une grande soif de ses amis, les vrais, ceux dont la sincérité est indiscutable. Salif avait souvent été un incompris. À cause d’une pudeur qui lui collait à la peau, à cause d’une méfiance maladive qui l’a toujours tenaillé, Salif avait l’expression rare, rare certes, mais pas difficile. Quand il avait un projet en tête, il déployait un trésor d’énergie pour atteindre ses objectifs. Oui, bien sûr, nul n’est parfait. Salif, comme chacun de nous, pouvait avoir des limites, des limites inhérentes à la nature humaine. Des limites sur le plan de la vie sportive comme sur le plan de la vie de tous les jours. Il ne serait donc pas bienséant de procéder à un quelconque audit d’une vie aussi immensément riche et exemplaire. L’heure est plutôt au recueillement et contenir la douleur qui nous étreint tous aujourd’hui».

Après la cérémonie d’hommage, Salif Keïta a été conduit au cimetière d’Hamdallaye, le cercueil couvert du Drapeau national. C’est là que repose, depuis 2003, son épouse Fanta Oulé Kaba (au lieu de Fanta Diallo comme nous l’avons écrit par erreur dans une précédente édition).

Les autorités de la Transition ont annoncé qu’une cérémonie sera organisée pour immortaliser Salif Keïta.

Dors en paix, Domingo !

SSK/MD (AMAP)

Dernier hommage du Mali, ce mercredi, à Salif Keïta, la Panthère noire

Bamako, 06 sept (AMAP) Les funérailles de Salif Keïta dit Domingo auront lieu cet après-midi à 15h à la Place du Cinquantenaire, a annonce un communique officiel signé du secrétaire général du ministère en charge de la Jeunesse et des Sports, Amadou Diarra Yalcouyé.

Le premier Ballon d’or africain (1970) a été arraché à l’affection du monde du football mondial, le samedi 2 septembre à l’âge de 77 ans, des suites d’une longue maladie.

Dans un premier temps, on avait annoncé que les funérailles de La Panthère noire (Ndlr, surnom de Salif Keïta) seront organisées sur le terrain de la Commune III, mais lundi dernier, on apprenait, via un autre communiqué, que la cérémonie a été délocalisée au Complexe sportif Kadialy Diawara de Djicoroni-Para, le terrain d’entraînement du Réal de Bamako.

Dans ce deuxième communiqué, il est écrit que la Fédération malienne de football (FEMAFOOT) a décidé de prendre en charge les funérailles du vice-champion d’Afrique (1972) et vainqueur à trois reprises du championnat de France avec Saint-Étienne (1968, 1969, 1970).

Le même lundi, ce troisième communiqué émanant du ministère en charge de la Jeunesse et des Sports,  est tombé en début de soirée. «Le ministre de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne informe l’opinion nationale que les obsèques de Salif Keïta dit Domingo, décédé le samedi 2 septembre 2023 auront lieu le mercredi 6 septembre à partir de 15h à la Place du Cinquantenaire, près de l’ENSUP « , annonce le texte.

Le ministre invite le mouvement  sportif national et le public malien à venir rendre un dernier hommage mérité à la légende du football malien, africain et international». Symbole fort de la souveraineté du Mali, la Place du Cinquantenaire sera donc le lieu où le plus grand footballeur malien et africain de tous les temps, recevra le dernier hommage de la nation.

Jusqu’à hier, il n’y avait aucune information sur le déroulé de la cérémonie, mais il est sûr que la Place du Cinquantenaire sera bondée de monde cet après-midi et l’émotion, très grande au sein de la foule. Selon nos informations, c’est Cheick Oumar Diarra, ex-sociétaire du Djoliba, qui sera chargé de lire l’éloge funèbre au nom des anciens coéquipiers de Salif Keïta au Réal et en équipe nationale.

Comme l’Espagnol d’origine argentine, Alfredo Di Stefano, le Hongrois Ferenc Puskäs ou encore le Portugais d’origine mozambicaine, Eusébio avant lui, Domingo a obtenu en 1996 l’Ordre du Mérite, la plus haute distinction de la Fédération internationale de football association (FIFA)_.

La Place du Cinquantenaire a été réalisée en 2010 par l’ancien président malien,  feu Amadou Toumani Touré «ATT», l’occasion du 50è anniversaire de l’accession du Mali à la souveraineté nationale et internationale.

Le lieu a déjà abrité plusieurs grands événements, dont le Festival Bama-Art, le Festival culturel Ogobagna. Après la cérémonie d’hommage, Salif Keïta «Domingo» sera conduit à sa dernière demeure au cimetière d’Hamdallaye où repose son épouse Fanta Diallo, décédée en 2005.

SBT/MD (AMAP)

Salif Keïta dit Domingo : un génie, une légende

Domingo saluant le premier président du Mali, Modibo Keita. La carrière de Salif Keïta a amené le football dans des sphères insoupçonnées

Par Souleymane Bobo TOUNKARA

Bamako, 04 sept (AMAP) Icône du football mondial, le premier Ballon d’or africain est décédé des suites d’une longue maladie, le samedi 2 septembre à Bamako, à l’âge de 77 ans.

La triste nouvelle est tombée, samedi peu après 10h : Salif Keïta dit Domingo, le meilleur footballeur malien et africain de tous les temps et l’un des plus grands joueurs de l’histoire du football mondial, s’est éteint à l’âge de 77 ans. La «Panthère noire» (Ndlr, autre surnom de Salif Keïta) était malade et avait disparu des écrans radars depuis plusieurs mois jusqu’à ce fatidique samedi 2 août. La planète foot du Mali pensait que Domingo allait vaincre la maladie et retrouver le monde qui a fait sa réputation, un monde où son parcours et sa personnalité continueront à inspirer des millions de jeunes footballeurs à travers le monde.

La carrière ou plutôt l’histoire de Salif Keïta commence en 1963, quand le natif de Ouolofobougou-Bolibana signe sa première licence avec l’AS Réal de Bamako, à l’âge de 17 ans. Mais, auparavant, il avait porté les couleurs des Pionniers de Ouolofobougou, l’équipe de son quartier. Quelques matches suffisent au jeune joueur pour convaincre l’entraîneur français des Scorpions, Laurel et accéder à l’équipe première. Dans la foulée, Domingo dispute et gagne son premier match officiel avec le Réal contre le Djoliba. La même année, Salif Keïta est appelé en Equipe nationale où il fait son grand baptême du feu lors d’un match amical qui s’est déroulé au stade Mamadou Konaté. Ensuite, il est sélectionné, avec quelques jeunes de sa génération pour les Jeux des nouvelles forces montantes d’Indonésie. L’histoire était en marche pour le jeune surdoué. En 1964, Salif Keïta se révèle à la planète-foot du continent africain, à l’occasion d’un match qui oppose le Mali à la Côte d’Ivoire, à Abidjan.

Domingo débute la rencontre sur le banc, mais après l’ouverture du score par les Ivoiriens, le staff technique de la sélection nationale décide d’intégrer le jeune attaquant à la 30è minute. Salif Keïta s’illustre en marquant le but de l’égalisation, permettant ainsi au Mali d’obtenir le partage des points.

L’année suivante (1965), Domingo dispute la première finale de la Coupe d’Afrique des clubs champions (actuelle Ligue des champions d’Afrique) sous les couleurs du Stade malien, mais ne peut empêcher la défaite des Blancs contre l’Oryx de Douala (Cameroun). A l’époque, le règlement de la compétition autorisait les équipes à renforcer leur effectif avec deux joueurs issus d’un autre club et le choix de Salif Keïta était une évidence pour les Blancs de Bamako.

Après cette finale perdue par les Stadistes, la planète-foot de l’Afrique découvre véritablement le génie créateur et l’instinct de buteur inné du jeune international malien lors de la campagne 1966 de la même Coupe d’Afrique des clubs champions. En effet, en 8 matches avec le Réal, Domingo marque 14 buts et conduit les siens en finale. Face au Stade d’Abidjan, tous les regards se tournent vers le natif de Ouolofobougou, mais comme le Stade malien, un an auparavant, le Réal chute à son tour sur la dernière marche et Salif Keïta se contentera du titre de meilleur réalisateur de la compétition. S’ajoute à cette liste, la finale des premiers Jeux africains de Brazzaville que la Panthère noire a perdue avec l’Equipe nationale face au Congo (1965).

PREMIER BALLON D’OR AFRICAIN – Après trois finales perdue, le prolifique buteur voit enfin son mérite récompensé en 1970 avec le premier Ballon d’or africain du magazine France-Football. Trois ans auparavant, Salif Keïta avait quitté le Mali et le Réal pour poser ses valises à Saint-Etienne. C’est avec les Verts (Ndlr, surnom de Saint-Etienne) que l’international malien va écrire les plus belles pages de sa carrière : trois titres de champion de France (1968, 1969, 1970), deux Coupes de France, 140 buts en 185 matches, meilleur joueur étranger du championnat (1968), Oscar du meilleur joueur du championnat (1970), Soulier d’or européen (1972, 42 buts), record de buts en une seule rencontre de championnat (6 réalisations).

Parmi les autres hauts faits d’armes de Salif Keïta, on peut citer la prestation héroïque du Malien contre le Bayern Munich de Franck Beckenbauer et de Gerd Müller en Coupe d’Europe des clubs champions (actuelle Ligue des champions d’Europe). Battue 2-0 à l’aller en Allemagne, Saint-Etienne, bien emmenée par l’attaquant malien, crée la sensation en s’imposant 3-0 au Stade Geoffroy-Guichard.

Hervé Revelli (2è et 59è min) a permis aux Stéphanois d’égaliser à deux buts partout sur l’ensemble des deux rencontres, avant que la Panthère noire ne donne la qualification aux siens en marquant le troisième but d’une tête rageuse (81è min). C’était le 1er octobre 1969 et quand Domingo fut sacré Ballon d’or africain quelques mois plus tard (1970), un journaliste français, membre du jury du Ballon d’or de France-Football dira : «Nous sommes réellement embêtés, car combien de fois nous avons voulu lui (Ndlr, Salif Keïta) remettre le titre de meilleur joueur du championnat français. Malheureusement, il n’était pas français, il était malien. Malheureusement il ne joue pas pour l’équipe de France».

Le 31 mars 1971, ce fut au tour de l’entraîneur de Saint-Etienne d’abonder dans le même sens, après un match ayant opposé une association de joueurs marseillais et stéphanois à Santos : «Si Salif était dans un grand pays de football, il aurait été égal à Pelé».

Un an après cette confrontation avec l’équipe du Roi Pelé, à Colombes, en France, l’ancien sociétaire du Réal participe à la 8è édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) au Cameroun avec la sélection nationale.

Sous la houlette de l’entraîneur allemand Karl-Heinz Weigang, le Mali se hisse en finale, après avoir éliminé en demi-finale, le Zaïre (actuelle RD Congo), tenante du titre. Une fois encore, tous les regards se tournent vers le premier Ballon d’or africain, mais l’attaquant malien se blesse après seulement 25 minutes et quitte ses camarades, la mort à l’âme. Ce mauvais coup du sort se transforme en cauchemar pour les Mamadou Keïta «Capi», Cheick Diallo, Kidian Diallo, Cheickna Traoré «Kolo», Cheick Fantamady Keïta qui s’inclinent en finale 3-2 devant les Diables rouges du Congo.

La même année, la Panthère noire quitte Saint-Etienne pour s’engager avec Marseille où il ne passe qu’une petite saison, avant de rejoindre Valence, en Espagne, (1973-1976). Ensuite, l’attaquant international portera les couleurs du Sporting Portugal (1976-1979), avant de quitter l’Europe, direction les Etats-Unis, précisément, New England Team. C’est dans ce club qu’il décidera de raccrocher définitivement les crampons (1980) qu’il a chaussé à 477 reprises pour un total de 263 buts, toutes compétitions confondues.

UN CENTRE FONDATEUR – Après sa retraite et l’organisation de son jubilé à Bamako, Dakar et Abidjan, Salif Keïta décidera de créer son propre centre qui sera baptisé Centre Salif Keïta (CSK). Ce centre, porté sur les baptismaux en 1993, sera l’un des premiers du Mali et va révolutionner le football national par sa politique de formation et la qualité de son football. Très rapidement, le CSK accède à l’élite et le football pratiqué par les Boys (Ndlr, surnom des pensionnaires du CSK) fait rêver des milliers de jeunes maliens. Comme la sélection espagnole qui s’est inspirée avec succès du tiki taka du Barça, dans les années 2010 (victoires à la Coupe du monde et à l’Euro), les sélections nationales seront les grandes bénéficiaires de la création du CSK.

Ainsi, la première génération issue du centre, composée, entre autres, de Seydoublen Keïta, Mahamadou Diarra «Djila», Dramane Coulibaly «Scifo», Mahamadou Dissa «Petit Dissa», va faire vibrer la planète foot du monde, en remportant la médaille de bronze au Mondial junior en 1999, au Nigeria, avec en prime, le titre de meilleur joueur décerné au milieu de terrain Seydoublen Keïta. De son côté, Petit Dissa a obtenu le trophée du Soulier d’argent. La création du CSK, la réussite et la côte de popularité des joueurs formés au centre vont pousser d’autres, notamment les anciens internationaux à créer, un peu partout au Mali, au grand bonheur des enfants et des clubs locaux.

L’Etat ne restera pas en marge du vaste mouvement lancé par Salif Keïta. Sur instruction de l’ancien président, feu Amadou Toumani Touré «ATT», le ministère en charge des Sports, créé à son tour, plusieurs écoles de football, d’athlétisme, de basket-ball, pour les confier aux anciens internationaux.

Avant la création du CSK, Domingo avait été ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de l’initiative privée sous la Transition qui a été dirigée par le même ATT, après le renversement du régime du général Moussa Traoré (1991).

En 2005, le premier Ballon d’or africain sera propulsé à la tête de la Fédération malienne de football (FEMAFOOT), un poste qu’il occupera jusqu’en 2009, avant de démissionner pour se consacrer au CSK et à son hôtel qu’il a construit à son retour des Etats-Unis, après avoir mis fin à sa carrière de footballeur.

Les funérailles de la Panthère noire sont prévues ce mercredi 6 septembre et d’ores et déjà, plusieurs dirigeants sportifs, dont des représentants de la Fédération internationale de football association (FIFA), de la Confédération africaine de football (CAF) et d’autres instances sportives sont annoncés à Bamako pour rendre un dernier hommage à l’illustre disparu.

Dors en paix, Domingo !

SBT (AMAP)

 

 

Distribution en cours de l’engrais subventionné à Sikasso : Le soulagement des producteurs

Les producteurs souhaitent obtenir les quantités d’engrais pouvant couvrir l’ensemble de leurs superficies cultivées

Par Mariam F. DIABATE

 Sikasso, 04 août (AMAP) Les producteurs de Sikasso, dans le Sud du Mali, ont accueilli avec soulagement la mise à disposition des fertilisants subventionnés par l’État même s’ils estiment que les quantités disponibles sont en deçà des besoins.

L’insuffisance des quotas alloués provoque, souvent, l’ire et l’incompréhension des producteurs de la 3è Région administrative du Mali. Depuis juin dernier, les producteurs de Sikasso prennent d’assaut la cour de la Direction régionale de l’agriculture (DRA) où se déroulent les opérations de distribution, dans l’espoir de s’approvisionner en engrais subventionnés par l’État.

Lundi 24 juillet dernier, il est 10 heures dans la cour de la DRA. Le ciel est couvert de nuage. À l’entrée, l’ambiance est bon enfant. L’opération de distribution d’engrais subventionnés se déroule devant la section agriculture dont la devanture est bondée de monde. De nombreux producteurs, venus de différentes contrées de Sikasso, y sont campés avec leurs motos. Ils sont là depuis le petit matin. Chacun tient à être servi.

IMPATIENCE – L’un d’eux, visiblement en colère, explique les raisons de cette impatience. «La subvention de l’engrais est une bonne initiative de la part du gouvernement. Cette année, mon village met en valeur des champs d’une superficie de 81 ha de maïs et 85 ha pour la culture du riz. Je suis là pour récupérer le quota d’engrais subventionnés destiné à mon village», explique Diakalia Bengaly.

L’envoyé du village de Pengafolasso est convaincu qu’il n’aura pas le quart du besoin exprimé par son village. Conscient qu’il faudra se contenter de ce qu’il aura, notre interlocuteur déplore les va-et-vient incessants entre son village et la DRA pour remplir des formalités.

«Pour l’instant, nous sommes dans l’attente», a dira M. Bengaly qui invite l’État à penser à décentraliser la distribution de l’engrais subventionné pour rapprocher les sites des producteurs. «Toute chose qui permettra aux producteurs de s’approvisionner dans leurs communes», suggère-t-il.

Harouna Traoré et Alhassane Ouattara ont été délégués par Kalfabougou et Sayaga. Ces deux villages possèdent, respectivement, des champs de maïs d’une superficie de 70 ha et 90 ha ainsi que des champs de riz s’étendant sur 30 et de 40 ha. Leurs représentants souhaitent obtenir la quantité d’engrais pouvant couvrir l’ensemble des superficies cultivées. Nos deux interlocuteurs exhortent les autorités à augmenter la quantité d’engrais subventionné allouée à la région de Sikasso.

Également rencontrée sur place, Adjaratou Diamouténé estime que l’accès à l’engrais est très difficile pour les coopératives des femmes. « C’est la raison pour laquelle, explique la quadragénaire, nombres de femmes abandonnent la lutte. »

Les inquiétudes de ces producteurs et productrices sont-elles fondées ? «Cette année, la quantité d’engrais subventionnés accordées à la DRA de Sikasso par l’État s’élève à 17 932 tonnes. Pour l’heure, 7 333,9 tonnes d’engrais (tous types confondus) ont été distribués», détaille le chef du bureau statistique et suivi évaluation de la DRA, Moussa Dembélé. Selon ljui, cette quantité ne représente que 12% des besoins de la région.

DIX JOURS SUPPLEMENTAIRES – « La distribution a démarré le 12 juin pour l’engrais organique et le 3 juillet pour l’engrais minéral », explique le directeur régional de l’agriculture, Alkassoum Barka. Il précise que 1.535 tonnes d’urée dont 38 tonnes de DAP et 863 tonnes de NPK, 15.488 tonnes d’engrais organiques, 8 tonnes de fertilisant (ovalis) et 6 tonnes de maïs hybride ont été mises à la disposition de la DRA au profit des cercles de Sikasso et de Kadiolo.

Les prix subventionnés sont de 14 000 Fcfa le sac de 50 kg pour l’engrais minéral, 3 000 Fcfa le sac de 50 kg de l’engrais organique, 17 500 Fcfa pour l’ovalis et la semence de maïs hybride coûte 1 500 Fcfa.

Quant aux prix non-subventionnés des engrais, il est de 27 000 Fcfa pour l’urée, 31 000 Fcfa le sac de DAP et 29 000 Fcfa pour le NPK. Le sac de 50 kg de l’engrais organique est cédé à 6 000 Fcfa, contre 3 000 Fcfa pour la semence de maïs hybride à et à 35.000 Fcfa pour l’ovalis.

Sikasso, la cité verte du Kénédougou, est l’une des principales régions nourricières du Mali. Zone de production par excellence de légumes, de tubercules, de fruits, de céréales et de coton, la région doit son essor économique aux investissements massifs (financiers et humains) de ses fils dans l’agriculture. Productions agricoles qui continuent de croître grâce à l’accès des paysans aux intrants notamment les fertilisants subventionnés par le l’État. Malheureusement, cette année encore, des retards sont constatés dans la mise en place de ces engrais chimiques.

Dans la zone de l’Office du Niger, dans le centre du Mali, des lourdeurs administratives entravent les activités. En visite cette semaine dans cette zone, le ministre de l’Agriculture, Lassine Dembélé, a, au regard des difficultés d’approvisionnement, invité les fournisseurs à plus d’efforts pour une mise en place rapide des engrais.

«Nous avons adressé une lettre à tous les fournisseurs pour leur accorder dix jours supplémentaires afin qu’ils puissent honorer leurs engagements. Passé ce délai, leurs reliquats seront attribués à d’autres fournisseurs disposant de l’engrais», a-t-il prévenu.

Il a révélé que l’opération de distribution, dans cette zone, connaît un léger retard à cause du nombre important de signataires et le fait qu’il n’y ait qu’un seul contrôleur financier à Niono qui doit signer les cautions techniques de cinq zones de production (Niono, Molodo, N’Débougou, Kouroumari et M’Béwani.)

« Cette tâche, selon lui, n’est pas du tout aisée, car il s’agit de milliers de documents à signer. D’où le retard dans la délivrance des cautions techniques aux producteurs agricoles. » Quant aux zones de production de Kolongo et de Ké-Macina, un contrôleur financier doit signer leurs documents. «C’est une lourdeur que nous allons signaler au département de l’Économie et des Finances», a assuré le ministre Dembélé.

Parlant des défis à relever, le directeur régional de l’agriculture de Sikasso, Alkassoum Barka, a évoqué, entre autres, l’insuffisance de l’engrais minéral subventionné, le dérèglement climatique, l’insuffisance du personnel d’encadrement ainsi que l’intensification de la production de la fumure organique.

Il a invité les producteurs à alerter les autorités en cas d’apparition de ravageurs (ovalis, chenilles légionnaires).

MFD/MD (AMAP)

Le poulet métissé Wassa chè, une aubaine pour les aviculteurs

Par Fatoumata TRAORE

Bamako, 03 août (AMAP) La viande de volaille, particulièrement de poulet, occupe une place de choix dans la gastronomie malienne. Elle se retrouve dans nos assiettes lors de cérémonies et de fêtes religieuses, de mariage, de baptême ou autres rencontres festives. Des grands hôtels aux plus petites gargotes, en passant par les restaurants et les rôtisseries, la consommation de poulet atteint des proportions difficiles à estimer. Ce qui rend la demande plus forte sur le marché.

L’élevage des poules comme toutes autres activités économiques, répond à des normes scientifiques, sanitaires et commerciales. Elle s’appuie sur des résultats de recherches scientifiques au plan nutritionnel, sanitaire mais, aussi, génétique pour se développer.

La hantise de tout aviculteur vient des maladies aviaires. C’est la principale cause des échecs dans les élevages. « Pour pallier cette contrainte, les chercheurs de l’Institut d’économie rural (IER) ont mis au point une technique qui permet de croiser la race de poulet locale métissée avec une race exotique appelée le «Rhode Island red», pour obtenir un degré de sang à ¼ de la première et à ¾ de la seconde », explique Dr Amindi Moussa Dolo, chef de programme au Centre de recherche de Sotuba.

Le fruit de ce croisement est dénommé ¾ ou «Wassa chè» en bambara qui veut dire : un poulet qui répond aux attentes. De nombreux aviculteurs ne jurent plus que par cette race hybride. Il se caractérise par sa capacité à produire des œufs fécondables, en même temps que de la chair. En plus, il résiste aux maladies aviaires.

Selon le chercheur, c’est un sujet qui, grâce à son gène local, s’adapte à l’environnement rural. Il est moins gourmand en nourriture et très productif en œufs (180 en moyenne par an), contre 80 à 90 pour la race locale. En terme de croissance, il présente le double avantage de mettre moins de temps que le poulet local et d’avoir une durée de vie plus longue que la race exotique.

Fort de ce potentiel, le « Wassa chè » est devenu une aubaine pour les producteurs maliens. Moussa Maguiraga, président de la Coopérative « Wassa chè » du Mali confime et confie que grâce à cette technique, « les aviculteurs maliens peuvent sortir de la pauvreté et faire du sous-secteur un moteur de l’économie malienne tout en contribuant à la sécurité alimentaire des populations. »

FOURNIR LES PAYS VOISINS– Aujourd’hui, à en croire M. Maguiraga, l’activité se porte bien, même s’il met une réserve quant à la vulgarisation du « Wassa chè » qui n’a pas encore atteint les résultats escomptés.

On rappelle que le gouvernement, à travers ces travaux de recherche de l’IER, a voulu faire de l’aviculture un moyen de lutte contre la pauvreté en milieu rural. Car, l’activité pourrait être génératrice de revenus pour de nombreuses familles qui vivent dans la précarité et l’insécurité alimentaire.

« Cependant, dans les grandes agglomérations comme Bamako, l’activité réussit à beaucoup d’acteurs », reconnaît l’aviculteur. Ce qui permet au Mali de fournir les pays voisins en poulets. Par exemple, cette année, sa coopérative a exporté 5 000 sujets en Guinée, 3 000 au Niger et à peu près 1 500 au Burkina Faso.

Lassine Doumbia, entrepreneur avicole à Banankabougou, confirme cette performance. C’est en 2010 qu’il s’est « lancé dans cette activité », nous confie-t-il. Après avoir acquis une expérience solide et une maîtrise du domaine, il forme les jeunes et les aide à s’installer à leur compte. Aujourd’hui, il a initié 125 jeunes qui sont en pleine activité.

Quand le « Wassa chiè » atteint sa maturité, il peut peser environ 4 kilogrammes. Ce qui est une bonne source d’approvisionnement en viande de poulets. Leur différence avec les races exotiques et les poulets de chair, est leur capacité à produire des œufs fécondables, en même temps que de la chair, contrairement à la race locale qui a moins de poids et pond moins, En outre, les œufs et la chair de la race exotique ne sont destinés qu’à la consommation.

Pour notre interlocuteur, la différence entre un poulet local amélioré et un poulet de chair se situe au niveau de leur cycle de vie. Le cycle de vie d’un poulet de chair ne dépasse pas 45 jours au maximum ou 2 mois, sinon il meurt par engraissement. Quant au poulet griffé, son cycle de vie peut aller jusqu’à plusieurs mois voire 2 ans. « On les appelle les rigoureux », selon lui.

Le jeune entrepreneur, Moussa Dembélé promoteur de la ferme Dem à Djoliba, soutient que ce métissage permet l’amélioration génétique et accroît la marge de rentabilité d’un éleveur en un temps de record. Ce qui, selon lui, « attire la jeunesse à venir dans le secteur avicole. »

Il est convaincu que la promotion de cette race permettra de lutter contre le chômage des jeunes, la pauvreté en milieu rural et l’atteinte de la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Mali.

FT/MD (AMAP)

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