Bafoulabé : La ruée vers… le grenat dans le village de Fansané

L’exploitation du grenat, une nouvelle source de revenus pour les populations de Fansané, dans l’Ouest du Mali

Par Boubacar MACALOU

Bafoulabé, 26 sept (AMAP) Les zones montagneuses de la Région de Kayes, dans l’Ouest du Mali, regorgent d’énormes potentialités naturelles. Si dans le Cercle de Kéniéba certains sont devenus riches, après avoir ramassé quelque diamant, au cours d’une simple promenade dans la brousse, à Bafoulabé, la chance semble plutôt sourire à ceux qui, sans être des alpinistes, empruntent les sentiers serpentés et accidentés des montagnes.

A Fansané, contrée khassonké, regroupant cinq villages et situé dans la Commune rurale de Bafoulabé, à 20 km au nord de son chef-lieu de commune et de cercle, la population extrait des pierres précieuses depuis 1994, derrière les montagnes, près du village de Soria, à 5 km.

Cette carrière a été découverte par un fils de la contrée traversée par une montagne qui renfermerait des ressources minières dont les grenats. La population est majoritairement composée de peulhs. Ici, les gens vivent essentiellement de l’agriculture et de la chasse.

Dans cette localité, les pierres précieuses sont appelées « grenats et semblent illuminer le paysage par leur éclat. On en trouve derrière les montagnes, au nord du village de Soria. « Il y a trois sortes de grenats : des grenats verts, jaunes et rouges. Le vert a le plus de valeur », explique Cheick Oumar Diallo, revendeur de pierres précieuses et originaire de la Région de Nioro.

Tout comme le diamant, le grenat est une pierre précieuse, fine. Elle entre dans la fabrication des bijoux, colliers, vitres et de beaucoup d’autres objets de valeur. Le grenat a été découvert à Fansané par Brema Sidibé, notable du village de Soria en 1994, année où il a quitté pour une autre mine de gemmes de la Commune de Diakon, Cercle de Bafoulabé.

« Au cours d’une causerie, j’ai montré un morceau de pierre à mon ami chasseur qui m’a expliqué qu’il voyait ce genre de pierre dans son campement », ajoute Sidibé. Peu de temps après, à l’aide d’un pic, du marteau, de la pelle et du burin, Brema Sidibé a commencé à creuser à la recherche de cette matière appelée grenat mais, sans succès.

« Je suis dans cette activité, depuis vingt-neuf ans. Parfois, je peux avoir quelques grammes dont la vente à Bamako peut, souvent, me rapporter 300 000, voire 400 000 Fcfa. Je peux, aussi, passer des années sans trouver aucune pierre », raconte-t-il. La chasse au grenat est devenue une source de revenus pour tous ceux qui espèrent faire fortune. Paradoxalement, la ruée a suscité la colère de certains villageois qui lui attribuent tous les maux.

Brema Sidibé qui a repris à son compte cet adage populaire : « Celui qui veut atteindre le sommet, ne doit point se décourager », n’a pas baissé les bras et est parvenu à réaliser une « success story » dans l’exploitation du grenat.

« Par la suite, quelques habitants du village m’ont suivi et pratiquent le métier de mineur comme moi. Nous avons maintenu le cap », assure ce notable. Les sites miniers à succès attirent les jeunes, comme c’est le cas à Kéniéba et Sadiola, célèbres pour leur production aurifère.

En pareils cas, les nouvelles vont vite surtout dans ce monde interconnecté. Les réseaux sociaux ont vite fait parvenir les échos de ce nouvel « eldorado » à des milliers de jeunes d’horizon divers qui se sont rués vers Fansané pour y tenter leur chance. Cette arrivée massive a suscité l’inquiétude dans certains milieux.

Un jeune de Diabesambou, village de Fansané, a extrait trente-huit grammes de grenat vert qui lui ont valu six millions cinq cent mille francs Cfa. « Le prix dépend de la valeur de la matière. A Fansané, il n’y a pas de prix fixe, tout est à discuter », soutient ce revendeur.

Les autorités locales, notamment le sous-préfet central, Mme Koné Aïchata Diarra, le maire de la Commune rurale de Bafoulabé, Kandé Doucouré, les légitimités traditionnelles dont le coordinateur des chefs de village de Bafoulabé, Kaba Diallo, et la gendarmerie ont rencontré les autorités coutumières de Fansané, samedi 23 septembre 2023, à Soria.

« Cette visite s’inscrit dans le cadre d’un échange pour une meilleure gestion de la carrière compte tenu de l’affluence sur le site. Nous avons appris à travers les réseaux, les nouvelles de Fansané », a dit M. Doucouré qui a présidé la rencontre.

« En tant qu’autorités, il est de notre devoir de venir nous imprégner de la situation, d’échanger avec vous pour explorer des pistes de solutions aux problèmes de la localité », a déclaré le maire, Kandé Doucouré. BM/MD (AMAP)

Visite à la Mine de Goulamina, 5è plus grand gisement de lithium au monde

Goualamina : un permis d’exploitation d’environ 100 km2 dont 17 exploités, à 50% de réalisation avec un pourcentage d’exécution de 61 milliards sur 200 milliards de Fcfa du coût d’investissement du projet sur deux ans

Bamako, 18 sept (AMAP) Le Mali est en bonne voie pour devenir premier producteur ouest-africain de lithium avec la mine de Goulamina, située à 65 km de Bougouni (Sud) dans la Commune rurale de Danou, classée 5è plus grand gisement d’extraction de ce minerai au monde.

A l’initiative des premiers responsables du projet, une équipe d’hommes de média a effectué vendredi dernier, le déplacement à Goulamina pour s’informer du processus d’exploitation, de production et d’exportation du lithium.

Le directeur général de la société Lithium du Mali SA (LMSA), Seydou Sémega, a d’abord précisé les mesures de sécurité à respecter. Ensuite, s’en est suivi un long briefing sur le projet de Goulamina au cours duquel, il a relevé que le site utilise un permis d’exploitation d’environ 100 km2 dont 17 exploités à présent. Seydou Sémega a aussi rappelé que les travaux de construction ont débuté en juin 2022. Selon lui, à ce jour le site est à 50% de réalisation avec un pourcentage d’exécution de 61 milliards de Fcfa sur 200 milliards de Fcfa du coût d’investissement du projet sur deux ans. L’exploitation du site est d’une durée de 23 ans et totalement réhabilitable.

S’agissant du lithium, le géologue Souleymane Berthé a expliqué qu’il est utilisé dans la fabrication des batteries, véhicules, smartphones et médicaments. Il est contenu dans un minerai appelé spodumène qui est extrait dans un ensemble de roches appelé pegmatite.

En ce qui concerne les opérations de Goulamina, le directeur du projet de construction, Bolaji Okobajo, a déclaré que la finition partielle de l’usine commencera en février 2024. Les premières extractions se dérouleront en avril 2024. Et le produit fini sera disponible en juin 2024.

Il a, aussi, souligné que 211 millions de tonnes de minerais ont été détectées, soit 1,37% de lithium par tonne pour un total de 2,9 millions de tonnes de lithium avec une extraction de 12 millions de tonnes par an et un traitement de 2,5 millions de tonnes par an.

Après les présentations, les visiteurs ont fait faire le tour du site. On pouvait observer des grosses machines, notamment des concasseurs, des broyeurs et des moulins. Les minerais passeront étape par étape dans chacune de ses machines jusqu’à l’obtention du concentré de spodumène.

L’ingénieur en génie civil, Moustaph Sidibé, a détaillé les différents processus. Il a précisé que pour une première phase, le produit fini sera exporté vers le port d’Abidjan et de San Pedro, en Côte d’Ivoire, ensuite expédié en Chine.

La sécurité des travailleurs reste au centre des préoccupations. Selon ses responsables, le site a une approche bien structurée et contrôlée en ce qui concerne les urgences. Il s’agit d’un numéro vert accessible pour les cas d’accidents et autres risques. Et aussi des équipements de sécurité obligatoires.

Créée en mars 2022, la société LMSA emploie 1 312 travailleurs à ce jour sur le site dont 95% sont des Maliens. La population locale représente une grande partie des effectifs. En outre, le directeur général, Seydou Sémega, a confirmé que la dimension environnementale fait partie des préoccupations de son groupe minier.

KO/MD (AMAP)

 

 

 

 

Code minier : Rencontre d’information du ministre Amadou Keita avec les acteurs du secteur

La séance a permis au ministère d’informer ses invités sur les grandes orientations du secteur et recueillir leurs préoccupations pour tirer profit des ressources minières.

Bamako, 18 sept (AMAP) Le Mali dispose désormais d’un nouveau Code minier et, surtout, d’une loi relative au contenu local. Cette loi accorde une grande importance au développement des entreprises nationales, aux sous-traitants et aux fournisseurs de biens et services afin de faire profiter d’avantage les Maliens de l’exploitation des ressources minières nationales.

C’est dans cet esprit que le ministre des Mines, Pr Amadou Keïta, a rencontre, lundi, dans les locaux de son département, de les acteurs du secteur. Il s’agissait de les informer sur les grandes orientations et de recueillir leurs préoccupations. Mais, surtout, de porter à leur connaissance les nouvelles dispositions dans l’exploitation des mines.

Au cours des échanges, les participants organisés en regroupement, ont soulevé des préoccupations et des attentes relatives à l’application de la nouvelle loi, la confiance des entreprises minières aux entreprises nationales, le payement des travaux exécutés des entreprises nationales, la gestion des sociétés étrangère au regard de la nouvelle loi . Sans oublier, la mise place d’un programme global entre l’État et les entreprises, mais aussi la question du financement pour permettre aux banques d’accompagner les sociétés nationales. Et, surtout, de savoir les mécanismes dont dispose l’État pour contraindre les sociétés minières à respecter la loi et la prise en charge de la question du genre dans le contenu local.

«Nous avons souhaité vous rencontrer, aujourd’hui, pour porter à votre connaissance cette importante loi relative au contenu local. Il était important, après l’adoption de cette loi, que nous nous rencontrons pour faire connaissance et, aussi, pour se mettre en ordre de bataille afin que nous puissions tirer le maximum de profit de cette loi», a, d’entrée de jeu, dit le ministre Amadou Keita.

Il a rappelé que l’adoption du nouveau Code minier et de la loi sur le contenu local découle de « la ferme volonté des plus hautes autorités pour que le secteur minier puisse véritablement être intégré à l’économie nationale afin que l’exploitation minière puisse contribuer au développement de notre pays. »

Selon le ministre, l’objectif de cette loi est de faire en sorte que les sociétés minières soient obligées de recourir aux entreprises nationales, aux communautés locales et aux produits de fabrication locale dans leurs activités. À ce propos, il a estimé qu’ « il faut aussi préparer ces entreprises, en conséquence, pour être en capacité d’offrir les services selon le standard requis. »

POUR QUE L’OR BRILLE POUR TOUS LES MALIENS  – Le ministre des Mines a aussi a relevé que le contenu local fera en sorte que les nationaux, en ce qui concerne l’emploi, les entreprises nationales et les communautés locales, puissent avoir la priorité dans toutes les activités minières.

Selon lui, son département est en train de travailler sur les aspects juridiques pour donner un contenu réel à cette loi qui renvoie à des décrets d’application. «Si nous disions qu’il faut donner la priorité aux Maliens dans l’emploi, cela veut dire que nous devrons mettre l’accent sur la formation des ressources humaines. C’est pourquoi, nous sommes en train de travailler sur l’écosystème du secteur minier, en essayant de comprendre les différentes activités, les différents acteurs qui interviennent, en termes de fourniture des services, biens, mais aussi de formation de ressources humaines pour maitriser l’ensemble du contour de la question», a assuré le ministre.

En réponse à certaines quelques questions, le conseiller technique au ministère chargé des Mines, Lassana Guindo, a précisé que la loi sur le contenu local stipule qu’une société nationale est celle qui est détenue à 51 % par des nationaux. «C’est un souhait que les activités soient exécutées par des sociétés de droit malien, mais il n’est pas dit qu’il est interdit qu’une société étrangère puisse exécuter des activités», a-t-il clarifié.

Par rapport à la date d’application de la loi, il a expliqué que cette loi est déjà rentrée en vigueur, depuis sa promulgation le 29 août dernier. «Mais, pour le moment, nous avons des difficultés d’application parce que les décrets d’application ne sont encore pris. Nous avons élaboré ces décrets et nous sommes en train de travailler la dessus», a déclaré le conseiller technique chargé des Mines.

Au nom du groupement de l’extraction minière, Yaya Traoré a exprimé sa satisfaction après la rencontre. «Grâce à cette première rencontre de prise de contact, nous les sociétés sous-traitantes de la place avons compris que les autorités sont prêtes à soutenir les structures locales pour que l’or puisse briller pour les Maliens», a-t-il dit.

MS/MD (AMAP)

 

 

 

Transparence dans les industries extractives : Le Mali peaufine son rapport annuel d’avancement 2021

L’objectif ultime de cette session : la réussite de la validation du Mali au terme du processus qui commencera le 1er octobre prochain

Bamako, 15 sept (AMAP) Le comité de pilotage de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE-Mali) a analysé, jeudi, le rapport annuel d’avancement 2021 (RAA 2021) afin d’y apporter des observations pertinentes pour sa validation.

Cette 3è session ordinaire au titre de l’année 2023 intervient après un atelier tenu récemment à Bougouni (Sud), où les participants ont procédé à l’auto-évaluation des mesures correctives afin d’entamer la validation du Mali qui commence le 1er octobre prochain. Ils ont alors élaboré un tableau de bord de mise en œuvre des exigences ciblées par cette validation, en l’occurrence celles liées à l’engagement de l’État et de la société civile, à l’octroi des licences…

«L’essentiel de nos efforts, durant ces quelques jours qui nous séparent du début des processus de cette validation, doit être focalisé sur la mise en application de ces exigences», a déclaré le secrétaire général du ministère des Mines, Soussourou Dembélé, qui a presidé es travaux dans les locaux du départment.

M. Dembélé a, ensuite, évoqué l’analyse et la validation du RAA 2021 comme le principal point inscrit à l’ordre du jour de cette troisième session. Ce document devrait être validé depuis 2022, mais le processus a pris du retard pour des raisons d’amélioration de son contenu.

Cette rencontre a donné l’opportunité d’échanger sur les problématiques liées aux impacts environnementaux des exploitations artisanales et autres, d’évaluer les enjeux et les défis pour un meilleur encadrement de ce secteur.

Cela a été, également, l’occasion de vérifier l’état des préparatifs de la dissémination des rapports Itie 2020 et 2021. «Le devoir de restitution et d’échange sur les enseignements tirés des rapports Itie nous incite à disséminer avant octobre 2023, les rapports 2020 et 2021 dans les zones minières», a déclaré le secrétaire général du département en charge des Mines.

“Cela, a-t-il poursuivi, va accentuer le débat public sur la gestion du secteur extractif et faire remonter les appréhensions des communautés locales sur l’exploitation des ressources minérales. “

Soussourou Dembélé a insisté sur l’objectif ultime de cette session : la réussite de la validation du Mali au terme du processus qui commencera le 1er octobre prochain.

L’ITIE est une norme mondiale qui défend l’amélioration de la transparence dans la gestion des revenus et l’obligation de redevabilité dans les secteurs pétrolier, gazier et minier.

Le secrétaire général du département des Mines avait à ses côtés, le secrétaire permanent de l’ITIE-Mali, Samou Sidibé, et le directeur général de la Direction nationale de la géologie et des mines, Cheick Fanta Mady Keïta.

AD/MD (AMAP)

Saint Pétersbourg : Le président de la transition rencontre la communauté malienne en Russie

Envoyé spécial
Moriba COULIBALY

Saint-Pétersbourg, 30 juil (AMAP) Le chef de l’État malien, le colonel Assimi Goïta, a rencontré les Maliens résidant en Russie avec lesquels il a dressé la situation du Mali et a exhorté les étudiants à retourner au pays pour faire bénéficier de leurs connaissances.

S’adressant à la communauté, en langue nationale bamanankan, le président de la Transition a s’est réjoui du soutien réaffirmé de ses compatriotes en Russie aux autorités maliennes.

Il leur a demandé de respecter les lois du pays d’accueil qui « est plus qu’un ami et un partenaire exemplaire et fiable. » Il a encouragé les étudiants maliens à être assidus aux cours, « surtout à retourner au pays en vue d’apporter leurs pierres à la construction de l’édifice national, en mettant leurs connaissances au service de la Nation. »

Ces derniers ont souhaité que l’État fasse un effort pour augmenter le complément de leur bourse d’études (la contrepartie que l’État verse aux étudiants boursiers de l’extérieur) qui est présentement de 100 000 Fcfa par trimestre. Cette somme ne leur permet pas de faire face à leurs dépenses.
Le chef de l’État a souligné qu’il a compris les difficultés financières des étudiants.

Reconnaissant la justesse de leur revendication, le président Goïta a précisé que « les études riment très souvent avec des contraintes financières. » Il a révélé son cas, alors qu’il était un homme marié, il ne touchait que 25 000 Fcfa par mois pour s’acquitter des frais de la mutuelle qui s’élèvent à 10 000 Fcfa. Le restant, tout naturellement, ne pouvait guère suffire pour ses besoins.

«Cela ne signifie pas que vous ne méritez pas ce que vous demandez, c’est qu’il faut toujours se mettre en tête que la vie rime avec difficultés», a souligné le chef de l’Etat.

Toutefois, il a exhorté les étudiants à plus de résilience compte tenu du contexte actuel du Mali, notamment la situation d’insécurité que le pays vit. Il a, aussi, rappelé que pendant l’embargo et après, le pays s’est attelé à assurer sa sécurité, en cherchant des « partenaires sûrs qui peuvent l’aider et à assurer la survie de l’Etat.

« Dans ce contexte, notre pays a rencontré beaucoup de difficultés, des partenaires traditionnels avec lesquels nous sommes en délicatesse nous ont tourné le dos et ont employé tous les moyens pour décourager ou dissuader d’autres qui peuvent nous venir en aide. », a-t-il dit.

« Quand j’ai envoyé des émissaires en Russie, notamment le ministre de la Défense et des Anciens combattants, et ceux en charge des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, de l’Economie et des Finances, la partie russe a répondu favorablement à nos doléances et elle nous a appuyé pour nous permettre d’obtenir les résultats que nous connaissons aujourd’hui », a révélé le président de la Transition.

« Le développement d’un pays ne rime avec le tout sécuritaire, il faut aussi promouvoir l’emploi, les infrastructures et beaucoup d’autres aspects du développement. », a encore dit le chef de l’Etat.

Il signalé que lors des interventions militaires sur le terrain, des jeunes qui ont été interpelés et qui sont engagés « aux côtés des ennemis de la Nation » ont expliqué qu’ils sont payés à plus de 150 000 Fcfa par «leurs employeurs» et qu’ils ont rejoint les rangs des terroristes par nécessité.

«Je comprends leur détresse. C’est parce qu’ils ont été confrontés aux dures réalités de la vie. Il y a parmi eux ceux qui ont tenté l’aventure de l’émigration mais ont été refoulés dans leur pays et n’ont pas d’emplois ou d’opportunités qui leur permettent de se rendre utiles à la Nation », a expliqué Assimi Goïta..

SOUTIEN AUX ACTIONS DE LA TRANSITION – Néanmoins, s’adressant aux étudiants, il a aussi indiqué que le Mali « compte sur (eux) pour consolider les rangs des bâtisseurs de la République. » « Le pays a besoin de toutes ces intelligences et vous qui avez bénéficié de bourses d’études à l’étranger, la Nation compte, particulièrement, sur vous pour lui faire bénéficier de vos connaissances acquises à l’extérieur», a ajouté le chef de l’Etat.

Il a enfin assuré que le ministre de l’Économie et des Finances, Alousseini Sanou, qui l’accompagne, a pris bonne note de les doléance estudiantines. Et,en guise de contribution symbolique, le chef de l’État a remis une enveloppe de 8 000 euros (un peu plus de 5 millions de Fcfa) à la communauté. Il a fait des bénédictions pour les étudiants, la communauté et le pays.
Auparavant, Aliou Tounkara et Issa Togo, les représentants de la communauté malienne résidant en Russie ont exprimé leur soutien aux autorités de la Transition.

« Nous sommes plus que jamais fiers d’être Maliens ! Notre pays à l’étranger est respecté, admiré et adoubé par beaucoup d’autres nationalités », ont dit les intervenants.

Aliou Tounkara a, cependant, précisé que la communauté malienne est confrontée à l’obtention et ou au renouvellement des documents administratifs (passeports et nationalité malienne) pour les enfants nés à l’étranger.

Prenant la parole à son tour, le Pr Issa Togo s’est dit « fier et heureux de partager les soucis du pays ». Il a exhorté les autorités à consolider l’enseignement qui est fondamental pour le développement d’un pays.

« Une nation non instruite sombre facilement dans le chaos, pour éviter cela l’enseignement doit être au cœur des priorités », a dit l’enseignant qui est chargé de cours à la prestigieuse Université polytechnique de Saint-Pétersbourg et est membre de l’Académie des Sciences de la Fédération de Russie. Un statut qui en fait pour une fierté pour le Mali.
Auparavant, l’ambassadeur du Mali en Russie, le colonel major Seydou Kamissoko a rappelé « les relations amicales » avec la Fédération de Russie et les autres pays de sa juridiction.

Il a évalué la communauté malienne à un millier de résidents parmi lesquels les étudiants, au nombre de 200, dont 67 boursiers de l’État, le personnel des forces de défense et de sécurité en formation est de 240 personnes.

Dans le cadre du renforcement de la coopération bilatérale, la Fédération de Russie a augmenté le quota de bourses d’études octroyées au Mali. Ainsi, ce nombre passera de 35 à 290 boursiers pour l’année académique 2023-2024. Il a félicité les autorités russes pour tous les efforts déployés en faveur du Mali en vue de renforcer la coopération multiforme entre les deux pays.

Il a salué la présence d’une forte délégation d’opérateurs économiques maliens au Forum économique et humanitaire organisé par les autorités russes, cette semaine, à Saint Pétersbourg.
Le diplomate a expliqué que « la communauté malienne se caractérise par sa participation à toutes les activités organisées. » Elle est bien organisée et Aliou Tounkara, vice-président du Conseil national de Transition (CNT) représente cette communauté au plan national.

Le Pr Issa Togo est proposé au poste de Consul honoraire du Mali à Saint Pétersbourg.

Les difficultés auxquelles la communauté malienne est confrontée, selon le diplomate, sont le complément de bourse pour les étudiants et le manque de soutien financier en faveur des recherches scientifiques des doctorants.

MC/MD (AMAP)

Bancarisation du secteur informel au Mali : Que de chemin à faire !

Les difficultés d’accès aux établissements banquiers, l’absence de garantie, l’insuffisance des textes sont autant de facteurs qui sont sources de blocage pour la formalisation de l’informel

Par Oumar SANKARÉ

Bamako, 19 juil (AMAP) Téléphone portable à l’oreille, Bakary Bamba Kébé donne des instructions à un agent de sécurité au bout du fil. La vingtaine révolue, ce jeune homme de teint noir est peu loquace. Il gère au quotidien sa petite entreprise, «Mandé immobilier», depuis son «Grin» (groupe informel de discussions entre amis).

Il dispose d’une dizaine d’appartements meublés qu’il loue aux particuliers et joue, quelquefois, les intermédiaires pour des ventes de maisons et de terrains nus.

«Jamais, je n’ai songé à avoir un soutien d’une banque soit pour commencer ou étendre mon business. Le soutien des banques n’est qu’un mythe pour des gens comme moi», dit-il.

Entre deux gorgées de thé à la menthe, Karim, membre du Grin, soutient qu’il est plus facile de se faire financer par une Organisation non gouvernementale (ONG) ou une institution de microfinance qu’une banque au Mali.

Le trentenaire, qui évolue dans les domaines de l’élevage et de l’immobilier, a tenté à plusieurs reprises d’avoir un financement. Sans succès ! Il en déduit que les produits bancaires proposés ne correspondent pas aux besoins des jeunes entrepreneures.

«Un agriculteur, un éleveur, un restaurateur ou encore ceux qui sont dans les domaines du numérique, de l’agroalimentaire… doivent tous avoir des produits adaptés à leurs besoins. On ne sait pas si le système est contre nous mais une chose est sûre, ce système n’est pas fait pour nous», renchérit Karim.

« Il y a une corruption endémique dans le système», regrettent unanimement les membres du Grin. Chacun a une anecdote. «Les banques croulent sous de fausses garanties et titres fonciers qui n’ont aucune valeur. Des documents trafiqués par leurs experts en complicité avec des banquiers eux-mêmes », affirme l’un d’entre eux.

Un autre affirme que des «projets avec des business plans bien élaborés traînent des mois, parce que les banquiers en charge de ces projets veulent leurs parts». «Des projets sont rejetés et paradoxalement repris par des proches des banquiers», enchaine un membre du Grin. Une voix incrimine l’Etat qui n’aurait « rien fait pour protéger le business modèle de la star up Telimani. Voici comment on tue l’innovation et la créativité».

SOUS LES RADARS – S.T et H.B sont des hommes d’affaires réputés dans leur cercle. Ils sont respectivement dans le domaine des pierres précieuses et l’exportation de bétail dans la sous-région. Ils brassent des centaines de millions de Fcfa en marge du système bancaire. «Je ne pense pas à formaliser mes affaires. L’informel me convient parfaitement. Je suis sous les radars», explique S.T qui avouera plus tard qu’il a été témoin de la «destruction» de certains de ses pairs.

«Certains princes du jour exigent de nous de contribuer à leur campagne politique ou alimenter leur bureau. Gare à toi si tu refuses. Les impôts et taxes seront utilisées pour te détruire», confie-t-il.

Le terme bancarisation désigne un processus mené par les banques, qui consiste à ouvrir des comptes bancaires aux ménages, aux particuliers et aux entreprises dans un pays.

Cette démarche vise un double objectif. D’abord, celui pour les banques d’élargir leurs ressources et leurs clientèles en vue d’optimiser et développer leurs activités financières.

Pour les autorités publiques, la bancarisation permet de contrôler et gérer la création de monnaie ainsi que les différents mouvements monétaires. Elle donne, également, un indice sur le niveau de développement d’un pays.

Une entreprise informelle, d’après Sanou Sarr, président du Réseau des petites et moyennes entreprises (REMAP) est une entreprise qui n’est pas connue de la fiscalité, du registre de commerce et de la fiscalité, d’aucune structure étatique ni consulaire.

Ce sont des entreprises qui évoluent sans paiement de taxes, sans être connues des banques.Toutefois, il y a des entreprises informelles qui ont des comptes bancaires, précise-t-il.

Quant à la structure formelle, elle possède un Numéro d’identification fiscal (NIF), un numéro de registre de commerce, un numéro NINA, un compte bancaire et peut postuler aux marchés publics. Une entreprise, qu’elle soit formelle ou informelle est une PME (Petite et moyenne entreprise) dont le chiffre d’affaires est compris entre 1 Franc et 1 milliard de Fcfa.

ENTREPRISE CRÉDIBLE – Pour le conseiller en investissement, Cheick Oumar Soumano, le financement est un processus : de la création de l’entreprise jusqu’à la possibilité pour elle de prouver que le financement va se diluer de lui-même à travers les opérations normales.

En d’autres termes, c’est l’activité qui justifie le financement. Cela suppose que l’entreprise est crédible du point de vue financier (impôts, taxes, assemblées des actionnaires, réunion du conseil d’administration).

Ces indicateurs permettent à la banque de mesurer le risque qu’elle va prendre. «Dès l’instant que la banque n’est pas en possession de ces éléments, elle ne va jamais vouloir accompagner l’entreprise», explique Cheick Oumar Soumano.

Toute entreprise qui n’est pas formelle est donc exclue du champ d’action des banques. Et cette exclusion, selon le conseiller en investissement, ressort dans les textes règlementaires de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO).

En effet, les banques sont soumises à un contrôle de la BCEAO à travers la commission bancaire. Chaque financement doit obligatoirement être justifié par un certain nombre d’éléments techniques, juridiques et financiers. Et Hamidou Dicko, responsable du département partenariats et stratégies du Fonds de garantie pour le secteur privé (FGSP-Sa), de reconnaitre : «Beaucoup de nos micro-entreprises ont du mal à fournir des documents et informations pertinents pour convaincre la banque, car elles évoluent dans l’informel qui favorise l’asymétrie d’information».

Selon les statistiques de l’Institut national de la statistique (INSTAT) de 2022, 98% des entreprises maliennes et 96% des PME opèrent dans l’informel. Le directeur national des PME, Dr Boubacary Cissé, en se référant au rapport du conseil d’administration du 5 avril 2022 de la Bank of Africa (BOA) Mali, rapporte que « le taux de bancarisation est faible, moins de 6%, avec une économie informelle qui échappe toujours à la bancarisation». « Malheureusement, analyse-t-il, beaucoup pensent qu’être informel leur permet de grandir et d’échapper au fisc. » Et M. Sarr de renchérir : « en réalité, les gens ont peur de la fiscalité et c’est ce qui fait que tous préfèrent l’informel. Même moi qui a une entreprise formelle, j’ai des problèmes avec la fiscalité. C’est ce qui fait que des milliardaires opèrent toujours dans le secteur informel au Mali».

À la direction nationale des PME, on reconnaît les lacunes et tares autant du côté des banques que des entreprises. Pour Badié Coulibaly, chef développement des PME, les banques se basent sur la confiance alors que les PME informelles n’ont aucune traçabilité.

D’après les analyses de cette direction, les entreprises ne se formalisent pas, elles ne se préparent pas à la négociation avec les banques. Et lorsque les fonds sont mis à disposition de l’entrepreneur, très souvent la banque ne fait pas de suivi. En cas d’échec, elle dispose de moyens de pression pour se faire rembourser. Toutes choses qui n’incitent pas les structures informelles à se formaliser.

Comment amener alors les entreprises informelles à se formaliser ? Pour Soumano, l’Etat qui joue un rôle de régulateur, de protection et de sanction, doit créer les conditions pour changer la donne.

Toutefois, il met un bémol : « le secteur informel fait partie du modèle économique malien. » « Ce qui a d’ailleurs permis au pays de tenir face aux sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et au choc du coronavirus », selon le promoteur du cabinet COS-Solution.

«Il faut amener les entrepreneurs à se former à travers des mécanismes qui leur permettront de voir leurs intérêts dans le jeu, notamment à travers l’accès aux marchés publics sans», conseille le spécialiste.

De son côté, Sanou Sarr préconise la mise en place d’un certain nombre de dispositions. « D’abord, il faudra revoir le dispositif de la BCEAO pour le financement des PME. En 5 ans d’existence, seulement deux entreprises ont bénéficié d’un financement sur les 150 qui se sont formalisées », dit-il.

«Pour inciter les banques à jouer leur partition, la BCEAO a proposé de prendre la garantie à hauteur de 90%. Les banques sont restées aphones», déplore Sanou Sarr. Toujours pour inciter les banques, une Structure d’accompagnement et d’encadrement (SAE) est mise en place pour suivre les PME, du montage des plans d’affaires au remboursement des fonds empruntés. «Malgré toutes ces exigences des banques, elles ont refusé de financer les PME», regrette le président du REMAP.

FONDS DE GARANTIE – Sur le sujet, Hamidou Dicko rappelle que l’Etat a mis en place le Fonds de garantie pour le secteur privé (FGSP), « un dispositif phare à travers lequel l’Etat soutient fortement l’accès des micro-entreprises au financement bancaire». Celui-ci garanti 80% des risques.

Ainsi, ce Fonds joue, depuis 2015, un rôle de catalyseur à travers des mécanismes incitatifs de garanties reconnues par les banques et les institutions de microfinance de la place.

En plus, le FGSP-SA a développé depuis 2021 des mécanismes de garantie de portefeuille visant à favoriser spécialement l’accès des Micros, petites et moyennes entreprises (MPME) au crédit aussi bien auprès des banques que des institutions de microfinance. Cependant, «le principal défi reste l’amélioration de la structure des micro-entreprises pour les rendre bancables », constate M. Dicko.

«Malgré ce nouveau dispositif, le financement reste timide du côté des banques», fait remarquer Sanou Sarr qui affirme qu’aucune « banque au Mali n’a mis en place un mécanisme adapté aux PME et si mécanisme il y a, la ressource humaine la torpille à travers la corruption».

En réalité, «nos banques sont des banques commerciales. On a plutôt besoin de banques d’investissement dédiées aux PME comme au Sénégal», ajoute Dr Boubacary Cissé, directeur national des PME. Ce dernier rappelle que l’Etat a également mis en place le «Régime de l’entreprenant», un dispositif de l’Organisation pour l’harmonisation du droit des Affaires (OHADA) qui demande à chaque Etat membre d’accorder un statut particulier aux entreprises du secteur informel « pour leur permettre de se formaliser. »

Par ailleurs, la direction en charge des PME a déployé le mécanisme « New Entrepreneurship Monitoring (NEM) » qui consiste à identifier les entreprises informelles et les sensibiliser en leur montrant les avantages de la formalisation. « Ce qui a permis, selon Dr Boubacary Cissé, de suivre 20 entreprises dont 13 ont eu la notification de financement et 2 ont été financées pour le moment. » Les business plans sont à revoir selon la banque partenaire.

D’autres structures de l’Etat comme le Fonds d’appui à la formation professionnelle et à l’apprentissage (FAFPA), l’Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes (APEJ) et l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) accompagnent les entreprises.

S’y s’ajoutent le Projet de promotion de l’accès au financement et à l’emploi au Mali (PAFEMM), le Programme jeunesse et stabilisation (PROJES), Tony Elumelu Foundation (TOF-PNUD)…

Pour Bourama Traoré, chef du département entreprenariat jeunesse de l’APEJ, les banques financent difficilement les projets des jeunes, depuis le début de la crise sécuritaire. Elles préfèrent les grandes entreprises.

« Avec nos partenaires, nous privilégions la piste des institutions de microfinances pour un taux d’intérêt à 10%, en deçà des 15% des banques», explique-t-il.

Une source au sein d’une banque de la place, confie : «On ne finance pas les entreprises de moins de trois ans. Il faut, aussi, un état financier en béton pour qu’on prenne ton dossier».

L’Association professionnelle des banques et établissements financiers du Mali (APBEF) n’a pas donné de suite à notre demande d’interview.

Tenu en marge du secteur bancaire, le secteur financier informel s’est toujours basé sur des relations de proximité : elle se pratique en circuit fermé, les fonds sont levés entre personnes qui se connaissent. Or le développement du Mali ne pourrait se faire sans un encadrement optimal de ce secteur à haut potentiel.

OS/MD (AMAP)

 

Présidence de l’OMVS : Le président Goïta passe la main au chef de l’Etat mauritanien

« Au regard du tableau de mise en œuvre des projets structurants, que l’OMVS reste à la croisée des chemins», a estimé le chef de l’État malien

Bamako, 19 juil (AMAP) Le président sortant de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), le colonel Assimi Goïta, a remis, mardi, le témoin au nouveau président en exercice, le Mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, à l’occasion de la 19è session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’organisation, tenue en mode virtuel.

Parmi les défis à relever, auxquels le président entrant va certainement s’atteler, figurent en bonne place la navigation et la réalisation d’autres infrastructures communes. Au regard de l’urgence de concrétisation des grands projets suscités, en raison des besoins pressants de nos populations en services de transport fluvial, d’énergie et de sécurité alimentaire, le colonel Assimi Goïta, a demandé au Haut-commissariat de l’organisation sous régionale d’accélérer l’élaboration, en cours, d’une stratégie de mobilisation de financements et sa mise en œuvre diligente.

En plus du colonel Assimi Goïta, les chefs d’État de la Mauritanie, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani et de la Guinée, le colonel Mamady Doumbouya, ont participé à cette rencontre virtuelle.

Le président sénégalais, Macky Sall, s’est fait représenter par le Premier ministre Amadou Bah. Les membres du Conseil des ministres, dont la ministre de l’Énergie et de l’Eau, Mme Bintou Camara, ont également été associés à cette réunion qui intervient après celle de Bamako, tenue en décembre 2019.

PROJET NAVIGATION – Le président de la Transition a fait le bilan de l’état d’avancement des activités depuis sa présidence à la tête de l’Organisation, avant de passer le flambeau au chef de l’État de la Mauritanie, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.

Tout d’abord, le colonel Assimi Goïta a déploré l’ampleur des contraintes qui ont marqué son mandat. L’Organisation a fait face à de profondes crises dont la plus importante, liée à la pandémie à Covid-19 survenue en début 2020, a secoué l’économie mondiale et bouleversé la mise en œuvre des projets de l’OMVS.

Le projet de navigation, pilier manquant dans la réalisation du programme d’infrastructure régional, qui avait fait l’objet de signature d’un contrat commercial en octobre 2019, est buté à quelques contraintes financières.

« Fort heureusement, a apprécié le chef de l’État, la Société de gestion et d’exploitation de la navigation (SOGENAV) a su proposer un schéma alternatif de phasage des activités d’exécution du projet. La première phase de ce projet est basée sur une stratégie de navigation rapide qui vise à rendre navigable le fleuve Sénégal, entre Saint-Louis (Sénégal) et Ambidédi (Mali), à partir de juin 2024.

«À cet effet, il importe de diligenter le financement de cette stratégie, assortie d’un coût de 35 milliards de Fcfa, en guise de preuve d’engagement aux yeux des partenaires qui ne tarderont pas, j’en suis certain, à joindre leurs efforts aux nôtres», a dit le colonel Goïta.

Par ailleurs, la mise en service, en décembre 2022, du barrage hydroélectrique sur le site de Gouina a rehaussé la puissance installée de l’OMVS à 400 mégawatts, avec une capacité additionnelle de 140 mégawatts d’énergie propre et bon marché.

Du reste, la capacité de transport en sera fortement améliorée, avec les lignes du projet Manantali 2 qui feront de l’OMVS une véritable plaque tournante de l’énergie en Afrique de l’Ouest, « en réelle traduction de la volonté exprimée par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) d’interconnecter les réseaux électriques de la sous-région.

Selon le colonel Assimi Goïta, cela concerne la ligne biterne 225 kilo-Volt (kV) Kayes-Tambacounda, financée par la Banque mondiale et la mise en service en octobre 2022, permettant une interconnexion avec la Guinée, à travers le réseau de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Gambie (OMVG). Il s’agit, également, de la ligne 225 kV Kayes-Yélimané-Tintane-Kiffa-Aïoun « dont la recherche de financement est en bonne voie, qui rapprochera des réseaux maghrébin et européen. » ​

À LA CROISÉE DES CHEMINS – S’agissant de la portion guinéenne du bassin, toutes les études préalables à la construction du barrage de Koukoutamba sont réalisées. Aussi, « depuis la tenue, le 19 janvier 2021, de la 62è session extraordinaire du Conseil des ministres, les actions de recherche de financement se poursuivent pour nos trois projets prioritaires (Navigation, Koukoutamba et Gourbassi) », a annoncé Assimi Goita.

Le président de la Transition au Mali a relevé que les diligences requises ont été faites auprès de nos partenaires de la Chine, au point que «nous espérons mobiliser bientôt la plus grande partie (85%) du financement du projet de Koukoutamba»

« Quant au projet de barrage de Gourbassi, a-t-il poursuivu, la recherche de financement se poursuit avec le transfert du projet à la Société de gestion et d’exploitation de Manantali (SOGEM) qui a engagé les études préalables de faisabilité et d’impact environnemental et social. »

«Vous conviendrez avec moi, au regard du tableau de mise en œuvre des projets structurants, que l’OMVS reste à la croisée des chemins», a estimé le chef de l’État malien. « Car, a-t-il renchéri, 50 ans, hormis la mise en service de quatre barrages, l’Organisation n’arrive pas à faire de la navigation une réalité et le potentiel agricole disponible reste pour moitié inexploité. »

Au terme de la rencontre, la Conférence a pris acte du bilan présenté par le président du Conseil des ministres. Elle a, ensuite, donné des orientations et instructions engageant l’OMVS « à maintenir et renforcer la dynamique visant la poursuite des réalisations des infrastructures communes. »

La Conférence a engagé le Conseil des ministres, en collaboration avec le Haut-commissariat de l’OMVS, de diligenter une équipe technique pour la mise en œuvre du projet du nouveau président.

Le nouveau président de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’OMVS, tout en mesurant l’ampleur de la responsabilité qui lui a été confiée, entend s’impliquer « davantage pour la navigabilité du fleuve Sénégal et le développement des activités visant à renforcer la sécurité alimentaire. »

OD/MD (AMAP)

 

 

La BAD compte au Mali 23 opérations pour environ 422 milliards  (Responsable pays de la Banque africaine)

Bamako, 17 juil(AMAP) Le portefeuille actif du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) au Mali compte 23 opérations pour un montant d’environ 422 milliards de Fcfa, a déclaré, jeudi, le responsable pays de la Banque africaine, Albert Nshimymuremyi.

M. Nshimymuremy, qui s’exprimait lors de la session politique de la revue conjointe à mi-parcours du Document stratégique pays (DSP) 2021-2025 et du portefeuille des projets et programmes financés par la BAD au Mali, tenue jeudi, a estimé que ce niveau des engagements est une illustration du solide partenariat entre le Mali et le Groupe de la BAD.

«Actuellement, le portefeuille actif du Groupe au Mali compte 23 opérations pour un montant de 422 milliards de Fcfa (643 millions d’euros). Les projets couvrent les transports (33,8 %), l’agriculture (30 %), l’énergie (11,2 %), l’eau et l’assainissement (9,5 %), la finance (4%), la gouvernance (4,8%), le social (2,9 %)», a-t-il détaillé.

Le représentant de la BAD au Mali a salué le leadership du président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, pour les progrès réalisés dans la stabilisation du climat sociopolitique, dans le domaine de la sécurité et celui des réformes politiques et institutionnelles.

Selon lui, ces progrès « sont importants et indispensables pour permettre au pays de continuer sa marche vers le développement. « Grâce aux efforts du gouvernement dans la mise en œuvre du Cadre stratégique pour la relance économique et le développement durable (CREDD 2019-2023) et du Plan d’action du gouvernement de transition (PAG 2021-2022), le Produit intérieur brut a augmenté de 3,1% en 2021 à 3,7% en 2022, malgré les chocs », a apprécié M. Nshimymuremyi.

Il a ajouté que la mise en œuvre du CREDD et du PAG, sur lesquels la stratégie d’intervention de la BAD pour la période 2021-2025 est alignée, a été déterminante dans l’action de la BAD et des partenaires techniques et financiers au Mali.

Il a, aussi, souligné les efforts du gouvernement pour le paiement des arriérés au titre du service de la dette publique extérieure, en dépit des difficultés de trésorerie découlant, en partie, de la crise temporaire de liquidité sur le marché financier de l’Union monétaire ouest africaine (UMOA), ainsi que de l’absence d’appuis budgétaires.

Le ministre de l’Économie et des Finances, gouverneur du Groupe de la BAD pour le Mali, Alousséni Sanou, qui a présidé, la session, a indique que son pays est convaincus que « les leçons tirées de la mise en œuvre à mi-chemin du DSP en cours nous serviront utilement à mieux le réorienter et à l’adapter surtout au contexte actuel de fragilité et aux réalités du pays. »

« Cette revue à mi-parcours du DSP coïncide fort heureusement avec la préparation de la nouvelle version de notre document de référence en matière de politique de développement qu’est le Cadre stratégique pour la relance économique et le développement durable au Mali», a fait remarquer le patron de l’hôtel des Finances. Selon lui, cet exercice devra s’aligner étroitement sur les priorités nationales définies par les autorités du pays.

«Le portefeuille des projets et programmes financés par le Groupe de la BAD au Mali connaît, depuis quelques années, un niveau avancé de détérioration de sa qualité, soit plus de 60% des projets du portefeuille marqués au rouge à date, autrement dit de projets éligibles à l’annulation», a déploré le ministre Alousséni Sanou.

Il a ajouté que « cette revue conjointe est l’opportunité d’identifier ensemble toutes les contraintes ou goulots d’étranglement qui sont à l’origine de cette forte détérioration et de prendre les mesures correctives appropriées. »

«Pour ce qui est du Document de stratégie pays 2021-2025, l’exercice de revue à mi-parcours, de façon générale, consiste à s’arrêter (…) en vue de mesurer les progrès réalisés, de diagnostiquer et d’identifier les difficultés qui ont émaillé ledit parcours et de maintenir la dynamique ou le cap si la trajectoire est jugée satisfaisante », a expliqué le ministre.

Le DSP a été approuvé le 02 juin 2021 par le Conseil d’administration du Groupe de la BAD. Il s’articule autour d’un pilier unique : «réduire la fragilité économique à travers des chaines de valeur agricoles améliorées».

Au cours des deux dernières années de mise en œuvre du DSP, la BAD a financé en faveur du Mali six nouveaux projets, pour un montant total de 76,7 milliards de Fcfa.

Cet atelier de restitution, en présence de plusieurs membres du gouvernement, est l’aboutissement et le résultat du travail accompli conjointement par la partie malienne et les équipes de la BAD.

Depuis l’approbation, le 4 juin 1970, de sa première opération au Mali, le Groupe de la BAD a financé accordé 117 prêts et dons couvrant l’ensemble des secteurs socio-économiques, pour un montant cumulé d’environ 1.274 milliards de Fcfa (1,94 milliards d’euros), selon le responsable pays de l’institution de financement du développement continental.

BBC/MD (AMAP)

Colloque sur le secteur minier : Pour que l’or brille pour les populations

Les acteurs miniers réfléchissent pour que les ressources naturelles profitent à la population

Bamako, 04 juil (AMAP) «Nul n’ignore que le Mali dispose d’un riche sous-sol qui doit être exploité au bénéfice de la population», a déclaré, lundi, le secrétaire général du ministère des Mines, Soussourou Dembélé.

«Ces richesses qui sont des opportunités pour le Mali l’obligent à faire face aux défis importants dont, notamment disposer de l’arsenal juridique, technologique et des compétences requises pour une gestion efficace et à long temps de l’ensemble de ces richesses, trouver les mécanismes appropriés pour que les populations en particulier celles vivants à proximité des sites d’exploitation puissent bénéficier des retombées de ces ressources minières et préserver l’environnement», a poursuivi M. Dembélé.

Le secrétaire général du ministère des Mines intervenait lors d’un colloque sur le secteur minier organisé par le Centre d’étude et de réflexion au Mali (CERM) sur le thème de « L’exploitation des ressources minières au Mali : comment assurer un partage juste et équitable pour la majorité de Maliens ?»

Ce débat proposé, selon la vice-présidente du CERM, Assétou Founé Samaké, « a pour objectif principal de faire, à partir de l’état des lieux du secteur, des propositions pertinentes pour que chaque acteur soit gagnant dans l’exploitation des ressources minières au Mali. »

Soussourou Dembélé a estimé que c’est une occasion pour les acteurs miniers « de débattre sans tabou, de manière constructive sur les défis qui se posent sur la gestion des ressources minières au Mali sur les plans socio-économiques, environnementaux et politiques et améliorer le partenariat gagnant-gagnant. »

Le président de la Chambre des mines du Mali, Abdoulaye Pona, a fait savoir que sa conviction profonde est que « le chemin qui mène vers un Mali émergent et prospère passe infailliblement par une exploitation minière efficiente, par une exploitation juste et équitable du fruit de nos immenses richesses minières et minérales. »

« À cet effet, la chambre des mines du Mali, a-t-il dit, a pour vocation de servir de catalyseur entre d’une part, les intérêts de l’Etat et d’autres part ceux des investisseurs privés. » D’ores et déjà, sa structure a adressé aux autorités un mémorandum détaillé de proposition pour la bonne marche du secteur minier.

Aux noms des communautés proches des zones d’exploitation, Tiédé Fané, représentant le maire de Sadiola, a dit que « l’or, considéré comme le premier produit d’exportation, génère entre 250 à 300 milliards de Fcfa par an. » Toutefois, il regrette que malgré «cette contribution significative, plusieurs rapports sur le secteur de l’or au Mali (Rapport ITIE, rapport du Vérificateur général…) font ressortir que les retombées de l’exploitation minière sont en deçà de ce qu’elles pourraient être sans compter les plaintes multiples des communautés ».

Cependant, Tidié Fané reste optimiste. Pour que l’or brille pour le Mali, il a suggéré « l’implication des plus hautes autorités à tous les niveaux, un suivi rigoureux du code minier par l’Etat, une gestion judicieuse des revenus tirés des mines, donner un contenu minimum au Plan Développement Communautaire prévu par le code minier en cohérence avec le Plan de développement économique et social (PDESC).

Par ailleurs, il a invité « les autorités à valoriser le contenu local et appuyer la commune rurale de Sadiola à mieux organiser l’orpaillage à travers la mise en place de comptoirs d’achat. »

OS/MD (AMAP)

Les acteurs maliens des énergies renouvelables identifient les contraintes

Bamako, 23 juin (AMAP) La Fédération malienne de l’électricité, énergie, énergies renouvelables et nouvelles (FENEM) a organisé, jeudi, une table ronde avec comme thème «Energie durable au Mali: enjeux, défis et perspectives pour le secteur privé ».

Cette rencontre a rassemblé les acteurs du secteur de l’énergie pour caractériser les enjeux, les défis et les actions pratiques de l’intensification du rôle moteur du secteur privé dans l’accès universel à l’énergie et à la transition énergétique au Mali.

Au cours de la rencontre, les participants ont abordé trois questions identifiées comme prioritaires. Il s’agit de l’amélioration des aspects règlementaires, la prise en compte du rôle central de l’énergie comme catalyseur du développement et l’inclusion financière.

«Les défis liés à l’accès à l’énergie sont nombreux dans notre pays. Coupures intempestives de courant, délestages, dépendance aux produits pétroliers importés, coûts élevés de l’électricité, dégradation des forêts sont autant de problématiques qui minent nos économies et le développement global du pays», a déploré le président de la FENEM, Dadié dit Amadou Sankaré.

Selon M. Sankaré, le Mali regorge de nombreux acteurs privés qui proposent des solutions visant à rehausser le taux d’accès à l’énergie et contribuer à la transition énergétique à l’échelle nationale. « Les 160 entreprises membres de la FENEM sont autant d’exemples concrets d’un marché en plein essor et d’opportunités croissantes pour répondre aux divers besoins énergétiques», a-t-il déclaré.

Ces acteurs privés font, cependant, face à de multiples facteurs bloquant l’évolution de leurs activités. Parmi les contraintes, Dadié dit Amadou Sankaré a mentionné l’accès aux financements (nationaux et internationaux) et aux marchés publics et à l’importation des équipements d’énergies renouvelables. Autres défis soulignés par le président de la FENEM sont le manque de ressources humaines qualifiées, l’insuffisance des incitations et les réglementations spécifiques en place ainsi que leur mise en œuvre effective. «Notre volonté est que cette table ronde constitue une base pour des synergies futures dynamiques et structurantes pour le pays», a-t-il laissé entendre.

Le président du Conseil national du patronat du Mali (CNPM), Mossadeck Bally, a souligné que « l’énergie est au centre de presque tous les défis majeurs, mais aussi des perspectives prometteuses qui se présentent au monde aujourd’hui. » Qu’il s’agisse d’emplois, de sécurité, de changement climatique, de production de nourriture ou d’accroissement des revenus, l’accès pour tous à l’énergie est essentiel.

« Le Mali dispose d’un important potentiel inexploité de développement des énergies renouvelables», a aussi fait remarquer Mossadeck Bally.

Le représentant de la coopération de l’ambassade Suédoise, Richard Bomboma, de rappeler que son pays soutient plusieurs programmes et projets des énergies renouvelables au niveau national et régional en vue de contribuer à l’atteinte des objectifs de développement durable (OOD7).

Le secrétaire général du ministère des Mines, de l’Énergie et l’Eau, Soussourou Dembélé, qui a présidé l’ouverture de l’atelier, a assuré que le gouvernement s’est engagé à relever ces défis à travers des efforts concrets déjà consentis.

En effet, l’Etat a créé un cadre législatif et institutionnel adéquat, développé des projets d’énergies renouvelables, élaboré des plans et des stratégies, suscité l’intérêt des investisseurs privés…

«La vision du gouvernement est une contribution décisive du sous-secteur des énergies renouvelables dans la réduction de la pauvreté et le développement durable par une approche intégrée des politiques, stratégies et programmes d’investissements», a expliqué M. Dembélé.

BBC/MD (AMAP)

Go to Top