Retrait des pays de l’AES de la CEDEAO : Le Premier ministre malien rencontre les acteurs du secteur privé

Le chef du gouvernement, Choguel Maiga (g) les présidents du Conseil national du patronat du Mali (CNPM), Mossadeck Bally (c) et de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM), Madiou Simpara (d) et membres des organisations professionnelles et faîtières du secteur privé

Bamako, 1er fév (AMAP) Le président de la Transition a déjà mis en place un comité de pilotage de haut niveau pour exploiter ce retrait comme une opportunité de développement, a annoncé, mercredi, au Centre international de conférences de Bamako (CICB), le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga.

Le chef du gouvernement s’est adressé aux responsables et membres des organisations professionnelles et faîtières du secteur privé qui, de leur côté, attendent les mesures gouvernementales pour faire face à la nouvelle donne.

Selon le chef du gouvernement, qui avait à ses côtés le ministre de l’Industrie et du Commerce, Moussa Alassane Diallo, les présidents du Conseil national du patronat du Mali (CNPM), Mossadeck Bally et de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM), Madiou Simpara, et plusieurs membres du gouvernement, cette Transition est celle de la rupture et dans tous les domaines.

« L’hésitation, la peur, trop de questions amènent toujours à rester sur place et faire le jeu de l’adversaire », a dit M. Maïga, pour soutenir la décision des chefs d’État des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) de se retirer de la de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)

Ces Etats accusent l’organisation sous régionale de s’être éloignée des idéaux de ses fondateurs et d’avoir « brillé par son manque d’empathie, de solidarité et de vision stratégique face aux États de l’AES ».

Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont annoncé, dimanche 28 janvier, leur « retrait sans délai » de la CEDEAO. Le choix de ces pays, regroupés au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), suscite quelques inquiétudes dans le monde des affaires où certains acteurs craignent la fin des facilités qu’offre l’appartenance à cet ensemble sous-régional. Pour les pessimistes, ce retrait suppose surtout des implications sur les exemptions de visa et les exonérations de taxes.

Si l’éventualité d’un durcissement des règles régissant nos rapports avec la CEDEAO n’est pas à négliger, cette décision ne saurait, cependant, conduire aux malheurs prédits par les Cassandres. Au contraire, selon le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, « ce que nous perdons en acceptant cette vassalisation, est mille fois pire que ce que nous allons assumer en restant nous-mêmes ».

Mieux, les trois pays « restent membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) pour le moment, donc bénéficient de la liberté de circulation » au sein de tous les pays de cette Union.

COMPLICITÉ POSITIVE – Sans ambages, le chef du gouvernement a déclaré que la CEDEAO est progressivement devenue une menace, car son dessein lugubre consistait clairement à mettre à genoux nos pays, à provoquer des changements politiques pour satisfaire les intérêts des puissances étrangères. « Elle a très peu écouté nos États, elle s’est mise à donner des injonctions. Et son plan, c’était de déstabiliser le Niger, avant de passer au Burkina, puis au Mali », a-t-il révélé. Et de résumer : « l’accumulation d’actes inamicaux a rendu inévitable le retrait de nos États qui subissent au quotidien l’injustice, l’acharnement et l’austérité d’une organisation à l’avènement de laquelle ils ont contribué. »

Le Premier ministre a assuré que le gouvernement prend la pleine mesure de la situation des préoccupations de nos compatriotes, en particulier les opérateurs économiques face à cette décision. Le président de la Transition a déjà mis en place un comité de pilotage de haut niveau pour exploiter ce retrait comme une opportunité de développement, de croissance économique. Objectif difficile à atteindre sans une complicité positive avec le monde des affaires. « C’est pour cela que j’ai décidé dans le lot des forces vives de la nation qu’il faut rencontrer et leur expliquer ce qui se passe, il fallait commencer par vous. Parce que les questions qui sont posées aujourd’hui sont d’ordre économique et financier », a déclaré Choguel Kokalla Maïga, comptant sur « l’ingéniosité » des acteurs économiques pour réussir ce challenge.

« Notre réussite dépend en grande partie de vous », a indiqué le chef du gouvernement qui est formel : « Économiquement, ce que nous perdons en acceptant cette vassalisation est mille fois pire que ce que nous allons assumer, en restant nous-mêmes ».« Aussi, la sortie de la CEDEAO permettra-t-elle au Mali de définir des politiques commerciales optimales et plus avantageuses, d’avoir la liberté de prendre certaines décisions politiques et économiques. »

Au niveau de l’AES, il faudra identifier et alléger les barrières tarifaires, faciliter les transactions économiques et commerciales pour les opérations d’exportation et d’importation.

CONJUGUER LES EFFORTS – Le Premier ministre a également évoqué la fin de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Une décision responsable, qui découle de plusieurs constats dont la mauvaise foi des mouvements signataires de l’accord qui s’en sont écartés et éloignés depuis fort longtemps. Cette décision est aussi la conséquence logique du comportement de la République sœur d’Algérie, chef de file de la médiation internationale qui a sapé sa crédibilité et son autorité de médiateur impartial dans la gestion d’une série d’actes. Choguel Kokalla Maïga a longuement évoqué les agissements inamicaux du voisin algérien, qui ont pris la forme, ces dernières semaines, d’ingérences intolérables dans les affaires internes du Mali. Cependant, a-t-il tenu à préciser, « nous ne sommes pas dans une guerre contre le gouvernement algérien ni contre le peuple algérien ».

Le ministre Moussa Alassane Diallo s’est dit convaincu que le Mali va transformer cette sortie de la CEDEAO en un point de compétitivité et de rentabilité pour notre économie. À condition que « nous ayons confiance en nos forces».  « Aucun pays côtier ne peut fermer ses ports au Mali, parce que quand on investit dans les ports on s’attend aussi à des retours sur investissements. Et le Mali est le principal retour sur investissements de ces pays-là », a soutenu le ministre Diallo, assurant que le gouvernement a déjà son plan d’action pour aborder cette phase importante de notre histoire. Et que le secteur privé est au cœur de ce dispositif. « D’ici le 31 décembre 2026, le Malien dira pourquoi nous n’avons pas quitté plus tôt la CEDEAO », a dit Moussa Alassane Diallo.

Ces explications éclairent les lanternes et rassurent le secteur privé dont l’une des figures, le président de la CCIM, a appelé les opérateurs économiques à s’unir. «Nous sommes tous des Maliens et, à ce titre, nous devons travailler ensemble pour faire avancer le Mali», a exhorté Madiou Simpara. Et d’informer que sa structure verra, avec les services concernés comme les Douanes et les Affaires économiques, comment conjuguer les efforts pour relever les difficultés qui seront induites par ce retrait de la CEDEAO.

Du côté du CNPM, l’heure est au recensement des préoccupations qui seront, ensuite, analysées par les experts. En attendant, le patronat prend acte de la décision prise par les autorités et son président, Moussadeck Bally, présume que les « décideurs politiques ont bien analysé les inconvénients et avantages de leur choix».

ID/MD (AMAP)

Portefeuille de la Banque mondiale au Mali : 200 milliards de fcfa décaissés en 2023

La session politique de la revue conjointe a donné lieu à des discussions pour davantage améliorer les procédures de décaissements

Bamako, 26 janv (AMAP) Le portefeuille des projets et programmes de la Banque mondiale au Mali a décaissé plus de 200 milliards, avec un taux de décaissement de 36,7%, a appris l’AMAP, mardi.

A la clôture des travaux de la session politique de la revue conjointe de la performance du portefeuille des programmes et projets financés par la Banque mondiale au Mali, la directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Mali, Clara de Souza, a indiqué que ce montant a permis de fournir de l’électricité à plus de 300 000 personnes en milieu rural et de réaliser plus de 1 000 kilomètres de pistes rurales.

«Ces ressources ont contribué à tripler l’utilisation des services de santé dans les zones couvertes», a révélé Mme de Souza. À cet égard, elle a félicité les différents acteurs impliqués dans la mise en œuvre des projets et remercié les autorités maliennes pour leur soutien et l’excellent partenariat à l’origine de cette belle performance.

Toutefois, elle a souligné que les débats lors de la session technique ont, également, fait ressortir le besoin d’une action soutenue de toutes les parties prenantes afin de réaliser les objectifs de développement des projets et assurer la durabilité des résultats enregistrés.

En outre, elle a indiqué qu’il ressort de la mise en œuvre du plan d’actions issu de l’édition 2021 que 41,16% des actions convenues ont été totalement réalisées.

Quant ministre malien  de l’Economie et des Finances, Alousséni Sanou, qui a présidé, la session de clôture, il a, au nom des plus autorités, remercié la Banque mondiale pour avoir conduit l’exercice conjointement avec la partie malienne.

M. Sanou a confié que les contraintes majeures identifiées et relevées lors des travaux de la session technique sont d’ordre institutionnel, sécuritaire et/ou opérationnel. Il a noté que les problèmes évoqués ont connu un début de résolution.

Selon lui, la mise en œuvre effective des recommandations issues de cette revue « nous permettra de les résoudre définitivement et d’améliorer significativement la performance du portefeuille actif. »

Le ministre Sanou s’est dit satisfait de la bonne performance réalisée dans la mise en œuvre des projets/programmes du portefeuille au titre de l’année fiscale précédente (juillet 2022 à juin 2023). Ce qui à mettre au crédit de toutes les parties prenantes,

Malgré tout, a dit le ministre en charge des Finances, des facteurs d’ordre exogène ont suffisamment perturbé le niveau des décaissements au cours des six premiers mois de l’année considérée, notamment les sanctions financières et économiques imposées au Mali par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA).

«Le Mali a, en effet, atteint un taux de décaissement exceptionnel de 36.9%  le  plaçant en tête de peloton, loin devant les autres pays de la zone Afrique de l’Ouest et du Centre voire de la zone Afrique», a-t-il révélé.

Cette session politique fait suite à deux jours de travaux de la session technique, durant lesquels les participants ont examiné le portefeuille des programmes et projets financés par la Banque mondiale au Mali afin d’en améliorer la performance, dans le but d’obtenir de meilleurs résultats en matière de réduction de la pauvreté.

 

Ils ont ainsi pris connaissance de l’état et de la performance du portefeuille, discuté des problèmes transversaux qui l’affectent, examiné les facteurs qui alourdissent les procédures de décaissement et esquissé des solutions possibles aux différents défis rencontrés.

Cette cérémonie a été marquée par la remise d’attestation aux Unités de gestion des projets (UGP) les plus performantes pour l’exercice fiscal 2023.

AG/MD (AMAP)

Mali : Le mot d’ordre de grève des banquiers levé

Bamako, 26 juil (AMAP) Le Syndicat national des banques, assurances, établissements financiers et commerces (SYNABEF) et la Fédération nationale du pétrole, commerces, assurances et banques (FENPECAB) ont décidé, mercredi, de lever leur mot d’ordre de grève de 72 heures.

Par conséquent, les syndicats « invitent leurs militants à reprendre le travail dès ce mercredi 26 juillet 2023. »

Le comité syndical a déposé un préavis de grève de 72 heures à partir du 26 au 28 juillet 2023 au ministère du Travail suite à une résolution prise lors de l’Assemblée générale extraordinaire des travailleurs le 24 mai dernier. Cela, avec la possibilité de prolonger la grève de 96 heures, à partir du 31 juillet si leurs demandes « ne sont pas satisfaites. »

Le syndicat exige « la satisfaction de la totalité de sa plateforme revendicative » qui tourne essentiellement autour de la régularisation des employés intérimaires dans le secteur du commerce et de la microfinance, l’application des accords signés par les entreprises pétrolières, le respect de la liberté syndicale.

Les syndicalistes ont également demandé « la cessation des abus judiciaires contre les banques et les banquiers, la libération des collègues détenus par Orabank, l’arrêt du paiement de la part patronale de l’AMO et le remboursement des paiements indûment effectués par les banques et les assurances. »

Ils réclament le respect des dispositions légales concernant le fonds social, la révision de la Convention collective des Systèmes financiers décentralisés (SFD), la mise en place et la révision des accords d’établissements, la restitution des droits sur les conditions de prêts au personnel à la Bank Of Africa.

Sans oublier la demande de mise en œuvre des protocoles d’accord signés avec le comité syndical par la direction générale de la BCI, la réintégration des travailleurs licenciés illégalement ou rétrogradés pour des raisons syndicales, et la mise en place de la Convention collective des industries pharmaceutiques.

SS/MD (AMAP)

Bancarisation du secteur informel au Mali : Que de chemin à faire !

Les difficultés d’accès aux établissements banquiers, l’absence de garantie, l’insuffisance des textes sont autant de facteurs qui sont sources de blocage pour la formalisation de l’informel

Par Oumar SANKARÉ

Bamako, 19 juil (AMAP) Téléphone portable à l’oreille, Bakary Bamba Kébé donne des instructions à un agent de sécurité au bout du fil. La vingtaine révolue, ce jeune homme de teint noir est peu loquace. Il gère au quotidien sa petite entreprise, «Mandé immobilier», depuis son «Grin» (groupe informel de discussions entre amis).

Il dispose d’une dizaine d’appartements meublés qu’il loue aux particuliers et joue, quelquefois, les intermédiaires pour des ventes de maisons et de terrains nus.

«Jamais, je n’ai songé à avoir un soutien d’une banque soit pour commencer ou étendre mon business. Le soutien des banques n’est qu’un mythe pour des gens comme moi», dit-il.

Entre deux gorgées de thé à la menthe, Karim, membre du Grin, soutient qu’il est plus facile de se faire financer par une Organisation non gouvernementale (ONG) ou une institution de microfinance qu’une banque au Mali.

Le trentenaire, qui évolue dans les domaines de l’élevage et de l’immobilier, a tenté à plusieurs reprises d’avoir un financement. Sans succès ! Il en déduit que les produits bancaires proposés ne correspondent pas aux besoins des jeunes entrepreneures.

«Un agriculteur, un éleveur, un restaurateur ou encore ceux qui sont dans les domaines du numérique, de l’agroalimentaire… doivent tous avoir des produits adaptés à leurs besoins. On ne sait pas si le système est contre nous mais une chose est sûre, ce système n’est pas fait pour nous», renchérit Karim.

« Il y a une corruption endémique dans le système», regrettent unanimement les membres du Grin. Chacun a une anecdote. «Les banques croulent sous de fausses garanties et titres fonciers qui n’ont aucune valeur. Des documents trafiqués par leurs experts en complicité avec des banquiers eux-mêmes », affirme l’un d’entre eux.

Un autre affirme que des «projets avec des business plans bien élaborés traînent des mois, parce que les banquiers en charge de ces projets veulent leurs parts». «Des projets sont rejetés et paradoxalement repris par des proches des banquiers», enchaine un membre du Grin. Une voix incrimine l’Etat qui n’aurait « rien fait pour protéger le business modèle de la star up Telimani. Voici comment on tue l’innovation et la créativité».

SOUS LES RADARS – S.T et H.B sont des hommes d’affaires réputés dans leur cercle. Ils sont respectivement dans le domaine des pierres précieuses et l’exportation de bétail dans la sous-région. Ils brassent des centaines de millions de Fcfa en marge du système bancaire. «Je ne pense pas à formaliser mes affaires. L’informel me convient parfaitement. Je suis sous les radars», explique S.T qui avouera plus tard qu’il a été témoin de la «destruction» de certains de ses pairs.

«Certains princes du jour exigent de nous de contribuer à leur campagne politique ou alimenter leur bureau. Gare à toi si tu refuses. Les impôts et taxes seront utilisées pour te détruire», confie-t-il.

Le terme bancarisation désigne un processus mené par les banques, qui consiste à ouvrir des comptes bancaires aux ménages, aux particuliers et aux entreprises dans un pays.

Cette démarche vise un double objectif. D’abord, celui pour les banques d’élargir leurs ressources et leurs clientèles en vue d’optimiser et développer leurs activités financières.

Pour les autorités publiques, la bancarisation permet de contrôler et gérer la création de monnaie ainsi que les différents mouvements monétaires. Elle donne, également, un indice sur le niveau de développement d’un pays.

Une entreprise informelle, d’après Sanou Sarr, président du Réseau des petites et moyennes entreprises (REMAP) est une entreprise qui n’est pas connue de la fiscalité, du registre de commerce et de la fiscalité, d’aucune structure étatique ni consulaire.

Ce sont des entreprises qui évoluent sans paiement de taxes, sans être connues des banques.Toutefois, il y a des entreprises informelles qui ont des comptes bancaires, précise-t-il.

Quant à la structure formelle, elle possède un Numéro d’identification fiscal (NIF), un numéro de registre de commerce, un numéro NINA, un compte bancaire et peut postuler aux marchés publics. Une entreprise, qu’elle soit formelle ou informelle est une PME (Petite et moyenne entreprise) dont le chiffre d’affaires est compris entre 1 Franc et 1 milliard de Fcfa.

ENTREPRISE CRÉDIBLE – Pour le conseiller en investissement, Cheick Oumar Soumano, le financement est un processus : de la création de l’entreprise jusqu’à la possibilité pour elle de prouver que le financement va se diluer de lui-même à travers les opérations normales.

En d’autres termes, c’est l’activité qui justifie le financement. Cela suppose que l’entreprise est crédible du point de vue financier (impôts, taxes, assemblées des actionnaires, réunion du conseil d’administration).

Ces indicateurs permettent à la banque de mesurer le risque qu’elle va prendre. «Dès l’instant que la banque n’est pas en possession de ces éléments, elle ne va jamais vouloir accompagner l’entreprise», explique Cheick Oumar Soumano.

Toute entreprise qui n’est pas formelle est donc exclue du champ d’action des banques. Et cette exclusion, selon le conseiller en investissement, ressort dans les textes règlementaires de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO).

En effet, les banques sont soumises à un contrôle de la BCEAO à travers la commission bancaire. Chaque financement doit obligatoirement être justifié par un certain nombre d’éléments techniques, juridiques et financiers. Et Hamidou Dicko, responsable du département partenariats et stratégies du Fonds de garantie pour le secteur privé (FGSP-Sa), de reconnaitre : «Beaucoup de nos micro-entreprises ont du mal à fournir des documents et informations pertinents pour convaincre la banque, car elles évoluent dans l’informel qui favorise l’asymétrie d’information».

Selon les statistiques de l’Institut national de la statistique (INSTAT) de 2022, 98% des entreprises maliennes et 96% des PME opèrent dans l’informel. Le directeur national des PME, Dr Boubacary Cissé, en se référant au rapport du conseil d’administration du 5 avril 2022 de la Bank of Africa (BOA) Mali, rapporte que « le taux de bancarisation est faible, moins de 6%, avec une économie informelle qui échappe toujours à la bancarisation». « Malheureusement, analyse-t-il, beaucoup pensent qu’être informel leur permet de grandir et d’échapper au fisc. » Et M. Sarr de renchérir : « en réalité, les gens ont peur de la fiscalité et c’est ce qui fait que tous préfèrent l’informel. Même moi qui a une entreprise formelle, j’ai des problèmes avec la fiscalité. C’est ce qui fait que des milliardaires opèrent toujours dans le secteur informel au Mali».

À la direction nationale des PME, on reconnaît les lacunes et tares autant du côté des banques que des entreprises. Pour Badié Coulibaly, chef développement des PME, les banques se basent sur la confiance alors que les PME informelles n’ont aucune traçabilité.

D’après les analyses de cette direction, les entreprises ne se formalisent pas, elles ne se préparent pas à la négociation avec les banques. Et lorsque les fonds sont mis à disposition de l’entrepreneur, très souvent la banque ne fait pas de suivi. En cas d’échec, elle dispose de moyens de pression pour se faire rembourser. Toutes choses qui n’incitent pas les structures informelles à se formaliser.

Comment amener alors les entreprises informelles à se formaliser ? Pour Soumano, l’Etat qui joue un rôle de régulateur, de protection et de sanction, doit créer les conditions pour changer la donne.

Toutefois, il met un bémol : « le secteur informel fait partie du modèle économique malien. » « Ce qui a d’ailleurs permis au pays de tenir face aux sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et au choc du coronavirus », selon le promoteur du cabinet COS-Solution.

«Il faut amener les entrepreneurs à se former à travers des mécanismes qui leur permettront de voir leurs intérêts dans le jeu, notamment à travers l’accès aux marchés publics sans», conseille le spécialiste.

De son côté, Sanou Sarr préconise la mise en place d’un certain nombre de dispositions. « D’abord, il faudra revoir le dispositif de la BCEAO pour le financement des PME. En 5 ans d’existence, seulement deux entreprises ont bénéficié d’un financement sur les 150 qui se sont formalisées », dit-il.

«Pour inciter les banques à jouer leur partition, la BCEAO a proposé de prendre la garantie à hauteur de 90%. Les banques sont restées aphones», déplore Sanou Sarr. Toujours pour inciter les banques, une Structure d’accompagnement et d’encadrement (SAE) est mise en place pour suivre les PME, du montage des plans d’affaires au remboursement des fonds empruntés. «Malgré toutes ces exigences des banques, elles ont refusé de financer les PME», regrette le président du REMAP.

FONDS DE GARANTIE – Sur le sujet, Hamidou Dicko rappelle que l’Etat a mis en place le Fonds de garantie pour le secteur privé (FGSP), « un dispositif phare à travers lequel l’Etat soutient fortement l’accès des micro-entreprises au financement bancaire». Celui-ci garanti 80% des risques.

Ainsi, ce Fonds joue, depuis 2015, un rôle de catalyseur à travers des mécanismes incitatifs de garanties reconnues par les banques et les institutions de microfinance de la place.

En plus, le FGSP-SA a développé depuis 2021 des mécanismes de garantie de portefeuille visant à favoriser spécialement l’accès des Micros, petites et moyennes entreprises (MPME) au crédit aussi bien auprès des banques que des institutions de microfinance. Cependant, «le principal défi reste l’amélioration de la structure des micro-entreprises pour les rendre bancables », constate M. Dicko.

«Malgré ce nouveau dispositif, le financement reste timide du côté des banques», fait remarquer Sanou Sarr qui affirme qu’aucune « banque au Mali n’a mis en place un mécanisme adapté aux PME et si mécanisme il y a, la ressource humaine la torpille à travers la corruption».

En réalité, «nos banques sont des banques commerciales. On a plutôt besoin de banques d’investissement dédiées aux PME comme au Sénégal», ajoute Dr Boubacary Cissé, directeur national des PME. Ce dernier rappelle que l’Etat a également mis en place le «Régime de l’entreprenant», un dispositif de l’Organisation pour l’harmonisation du droit des Affaires (OHADA) qui demande à chaque Etat membre d’accorder un statut particulier aux entreprises du secteur informel « pour leur permettre de se formaliser. »

Par ailleurs, la direction en charge des PME a déployé le mécanisme « New Entrepreneurship Monitoring (NEM) » qui consiste à identifier les entreprises informelles et les sensibiliser en leur montrant les avantages de la formalisation. « Ce qui a permis, selon Dr Boubacary Cissé, de suivre 20 entreprises dont 13 ont eu la notification de financement et 2 ont été financées pour le moment. » Les business plans sont à revoir selon la banque partenaire.

D’autres structures de l’Etat comme le Fonds d’appui à la formation professionnelle et à l’apprentissage (FAFPA), l’Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes (APEJ) et l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) accompagnent les entreprises.

S’y s’ajoutent le Projet de promotion de l’accès au financement et à l’emploi au Mali (PAFEMM), le Programme jeunesse et stabilisation (PROJES), Tony Elumelu Foundation (TOF-PNUD)…

Pour Bourama Traoré, chef du département entreprenariat jeunesse de l’APEJ, les banques financent difficilement les projets des jeunes, depuis le début de la crise sécuritaire. Elles préfèrent les grandes entreprises.

« Avec nos partenaires, nous privilégions la piste des institutions de microfinances pour un taux d’intérêt à 10%, en deçà des 15% des banques», explique-t-il.

Une source au sein d’une banque de la place, confie : «On ne finance pas les entreprises de moins de trois ans. Il faut, aussi, un état financier en béton pour qu’on prenne ton dossier».

L’Association professionnelle des banques et établissements financiers du Mali (APBEF) n’a pas donné de suite à notre demande d’interview.

Tenu en marge du secteur bancaire, le secteur financier informel s’est toujours basé sur des relations de proximité : elle se pratique en circuit fermé, les fonds sont levés entre personnes qui se connaissent. Or le développement du Mali ne pourrait se faire sans un encadrement optimal de ce secteur à haut potentiel.

OS/MD (AMAP)

 

La BAD compte au Mali 23 opérations pour environ 422 milliards  (Responsable pays de la Banque africaine)

Bamako, 17 juil(AMAP) Le portefeuille actif du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) au Mali compte 23 opérations pour un montant d’environ 422 milliards de Fcfa, a déclaré, jeudi, le responsable pays de la Banque africaine, Albert Nshimymuremyi.

M. Nshimymuremy, qui s’exprimait lors de la session politique de la revue conjointe à mi-parcours du Document stratégique pays (DSP) 2021-2025 et du portefeuille des projets et programmes financés par la BAD au Mali, tenue jeudi, a estimé que ce niveau des engagements est une illustration du solide partenariat entre le Mali et le Groupe de la BAD.

«Actuellement, le portefeuille actif du Groupe au Mali compte 23 opérations pour un montant de 422 milliards de Fcfa (643 millions d’euros). Les projets couvrent les transports (33,8 %), l’agriculture (30 %), l’énergie (11,2 %), l’eau et l’assainissement (9,5 %), la finance (4%), la gouvernance (4,8%), le social (2,9 %)», a-t-il détaillé.

Le représentant de la BAD au Mali a salué le leadership du président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, pour les progrès réalisés dans la stabilisation du climat sociopolitique, dans le domaine de la sécurité et celui des réformes politiques et institutionnelles.

Selon lui, ces progrès « sont importants et indispensables pour permettre au pays de continuer sa marche vers le développement. « Grâce aux efforts du gouvernement dans la mise en œuvre du Cadre stratégique pour la relance économique et le développement durable (CREDD 2019-2023) et du Plan d’action du gouvernement de transition (PAG 2021-2022), le Produit intérieur brut a augmenté de 3,1% en 2021 à 3,7% en 2022, malgré les chocs », a apprécié M. Nshimymuremyi.

Il a ajouté que la mise en œuvre du CREDD et du PAG, sur lesquels la stratégie d’intervention de la BAD pour la période 2021-2025 est alignée, a été déterminante dans l’action de la BAD et des partenaires techniques et financiers au Mali.

Il a, aussi, souligné les efforts du gouvernement pour le paiement des arriérés au titre du service de la dette publique extérieure, en dépit des difficultés de trésorerie découlant, en partie, de la crise temporaire de liquidité sur le marché financier de l’Union monétaire ouest africaine (UMOA), ainsi que de l’absence d’appuis budgétaires.

Le ministre de l’Économie et des Finances, gouverneur du Groupe de la BAD pour le Mali, Alousséni Sanou, qui a présidé, la session, a indique que son pays est convaincus que « les leçons tirées de la mise en œuvre à mi-chemin du DSP en cours nous serviront utilement à mieux le réorienter et à l’adapter surtout au contexte actuel de fragilité et aux réalités du pays. »

« Cette revue à mi-parcours du DSP coïncide fort heureusement avec la préparation de la nouvelle version de notre document de référence en matière de politique de développement qu’est le Cadre stratégique pour la relance économique et le développement durable au Mali», a fait remarquer le patron de l’hôtel des Finances. Selon lui, cet exercice devra s’aligner étroitement sur les priorités nationales définies par les autorités du pays.

«Le portefeuille des projets et programmes financés par le Groupe de la BAD au Mali connaît, depuis quelques années, un niveau avancé de détérioration de sa qualité, soit plus de 60% des projets du portefeuille marqués au rouge à date, autrement dit de projets éligibles à l’annulation», a déploré le ministre Alousséni Sanou.

Il a ajouté que « cette revue conjointe est l’opportunité d’identifier ensemble toutes les contraintes ou goulots d’étranglement qui sont à l’origine de cette forte détérioration et de prendre les mesures correctives appropriées. »

«Pour ce qui est du Document de stratégie pays 2021-2025, l’exercice de revue à mi-parcours, de façon générale, consiste à s’arrêter (…) en vue de mesurer les progrès réalisés, de diagnostiquer et d’identifier les difficultés qui ont émaillé ledit parcours et de maintenir la dynamique ou le cap si la trajectoire est jugée satisfaisante », a expliqué le ministre.

Le DSP a été approuvé le 02 juin 2021 par le Conseil d’administration du Groupe de la BAD. Il s’articule autour d’un pilier unique : «réduire la fragilité économique à travers des chaines de valeur agricoles améliorées».

Au cours des deux dernières années de mise en œuvre du DSP, la BAD a financé en faveur du Mali six nouveaux projets, pour un montant total de 76,7 milliards de Fcfa.

Cet atelier de restitution, en présence de plusieurs membres du gouvernement, est l’aboutissement et le résultat du travail accompli conjointement par la partie malienne et les équipes de la BAD.

Depuis l’approbation, le 4 juin 1970, de sa première opération au Mali, le Groupe de la BAD a financé accordé 117 prêts et dons couvrant l’ensemble des secteurs socio-économiques, pour un montant cumulé d’environ 1.274 milliards de Fcfa (1,94 milliards d’euros), selon le responsable pays de l’institution de financement du développement continental.

BBC/MD (AMAP)

Affacturage: Une solution aux problèmes de trésorerie des entreprises

Aïssata Naba Coulibaly, directrice (CEO) d’Affacto group, une fintech spécialisée dans le financement et l’accompagnement des PME-PMI

Par Amadou GUÉGUÉRÉ

Bamako, 30 nov (AMAP) Les micros, petites et moyennes entreprises (MPME) éprouvent des difficultés à accéder au financement bancaire en raison des risques qu’elles représentent pour les préteurs. Pour contribuer à la dynamisation du financement de ces entreprises confrontées à des difficultés de trésorerie dans leur cycle d’exploitation, le gouvernement a adopté au Conseil des ministres du mercredi 26 octobre dernier, un projet de loi relatif à l’activité d’affacturage au Mali. Ce projet de loi permettra d’offrir des produits et services financiers variés, abordables, accessibles et adaptés aux besoins des MPME et des start-ups.

L’affacturage est une opération par laquelle l’adhérent (entreprise) transfère par une convention écrite avec effet subrogatoire, ses créances commerciales à l’affactureur (banque ou Système financier décentralisé : SFD) qui, moyennant rémunération, lui règle par avance tout ou partie du montant des créances transférées, supportant ou non, selon la convention des parties, les risques d’insolvabilité sur les créances cédées.

Il permet à l’adhérent de se procurer des fonds et constitue un moyen de recouvrement qui présente, entre autres avantages, l’optimisation de la trésorerie en réduisant l’impact des échéances de paiement, l’élimination du risque d’impayés.

Selon le rapport de présentation du projet de loi sur l’affacturage, il s’agit d’une technique couramment utilisée dans les pays développés. Le paysage de l’affacturage en Afrique est nettement dominé par l’Afrique du Sud (85%), le Maroc (10%) et l’Egypte (3%).

La part des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) est encore bien plus faible. Le montant des ressources accordées au titre de l’activité d’affacturage dans notre espace communautaire représente à peine 0,4% du volume global des crédits bancaires qui était de 8.670 milliards de Fcfa en fin septembre 2021.

Au Mali, c’est l’Unité d’appui et de suivi de la stratégie de développement du secteur financier (UAS/SDSF), une structure du ministère de l’Économie et des Finances, qui est porteuse du dossier de l’affacturage. Selon son chargé des banques et marchés des capitaux, Aliou Samaké, l’esprit de cette loi part d’un constat qui est commun aux huit pays de l’UEMOA : 80 à 90% des entreprises de cet espace sous-régional sont des MPME. «Partant de ce constat, on s’est dit que soutenir financièrement ces entreprises, c’est in fine soutenir l’économie à 90%», analyse M. Samaké. « Ainsi, poursuit notre interlocuteur, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a organisé en mars 2019 une concertation afin de présenter un projet de loi uniforme sur l’affacturage qui devrait régir de façon homogène les opérations d’affacturage effectuées au sein des pays de l’UMOA. »

Selon Aliou Samaké, le Mali doit insérer cette loi dans son ordre juridique. « Les prochaines étapes de ce processus, affirme-t-il, seront l’adoption de la loi par le Conseil national de Transition (CNT) et celle de son décret d’application. »

Le chargé des banques et marchés des capitaux de l’UAS/SDSF explique qu’une opération se réalise par l’adhérent qui est une MPME et l’affactureur qui est soit une banque ou un SFD à travers la signature d’un contrat d’affacturage. Ce contrat définit les factures qui peuvent être pris en compte.

Aliou Samaké précise que « le SFD, avant d’avancer de l’argent à l’adhérent sur la base de ses factures, doit se faire une idée de la solvabilité des clients dont les factures doivent faire objet d’un affacturage. »

En outre, il souligne que les conditions de créance, surtout en termes de délai, ne sont pas modifiées. «Quand il y a transfert de créance, tous les droits liés à la créance sont aussi transférés à l’affactureur. C’est ce qu’on appelle la subrogation des droits», laisse-t-il entendre. Et d’ajouter que l’affacturage donne droit à une commission pour l’affactureur.

Aliou Samaké chargé des banques et marchés des capitaux, Unité d’appui et de suivi de la stratégie de développement du secteur financier (UAS/SDSF), ministère de l’Économie et des Finances

MOBILISATION DES CREANCES – Parlant des avantages de l’affacturage pour les MPME, le chargé des banques et marchés explique que l’opération dégage l’entreprise de recouvrement. «Dans les entreprises, souvent, il y a un agent qui est chargé du recouvrement. Avec l’affacturage, si les créances sont cédées à l’affactureur, la fonction recouvrement est réduite, comme une peau de chagrin», dit-il.

Pour les banques, l’avantage est que cela vient augmenter le produit net bancaire. «Plus une banque fait des prestations, elle encaisse des commissions. Ce qui diversifie les services financiers offerts», affirme-t-il.

L’affacturage va, également,  permettre à l’entreprise (adhérent) de mobiliser ses créances auprès d’un SFD (affactureur) en attendant que les échéances de paiement n’arrivent.

Aïssata Naba Coulibaly, directrice (CEO) d’Affacto group, une fintech spécialisée dans le financement et l’accompagnement des PME-PMI, est convaincue que cette loi va soulager les entreprises. «L’affacturage n’était pas réglementé dans l’espace UEMOA. La BCEAO a essayé de recadrer les bords. Aujourd’hui, pour faire de l’affacturage, il faut être une banque… Il faut essayer de synthétiser l’activité pour que les professionnels puissent le faire et que ça soit surtout réglementée de sorte à aider les PME-PMI», dit notre interlocutrice.

Ces entreprises font, en effet, face parfois à des mandats qui tardent à être payés. L’affacturage permet de les accompagner «pendant ce laps de temps où les factures ne sont pas payées», selon Aïssata Naba Coulibaly.

En outre, la directrice d’Affacto group souligne que cette loi va faire connaitre l’affacturage au Mali et dans les autres pays où elle a été promulguée. « Déjà, dit-elle, une grande majorité des PME-PMI n’est pas bancarisée. Même celles qui sont bancarisées n’ont pas forcément accès au crédit. Et, l’affacturage est la solution à ce problème, parce qu’il peut servir à financer les entreprises qui sont dans le formel ou un peu dans l’informel», commente-t-elle.

Aïssata Naba Coulibaly demande à l’État de les accompagner. «Quand on parle de facture, on parle aussi de mandats de l’État parce que ce sont aussi des factures. Donc, on peut accompagner aussi les opérateurs de l’État en finançant leurs mandants, en attendant que l’État nous rembourse», indique la CEO d’Affacto group.

AG/MD (AMAP)

Spécial 22 septembre 2022-Agriculture : Passage obligé par la réforme et la mécanisation

Par Babba B. COULIBALY

Le monde rural réclame des équipements modernes et une loi de programmation et d’investissement du secteur agricole à l’image de la loi de programmation militaire. L’état est en train d’œuvrer dans ce sens, convaincu que ces conditions sont nécessaires au développement de la production et de la productivité agricole

Adoptée en 2017, la Loi d’orientation agricole est un instrument juridique qui fixe les orientations de la politique de développement agricole de notre pays. à travers cette loi, les pouvoirs publics veulent donner à l’agriculture une dimension très solide permettant de produire plus et d’exporter. De l’avis des acteurs du secteur, cette loi enregistre des acquis notables et les perspectives sont bonnes. 

Dr Daouda Diarra, chargé de mission au ministère du Développement rural

Chargé de mission au ministère du Développement rural, Dr Daouda Diarra estime que la loi d’Orientation agricole offre au secteur agricole des outils structurants qui permettent d’apporter le changement nécessaire. De l’analyse de cet expert, l’application d’une loi est une demande structurante. Pour lui, un des enjeux majeurs aujourd’hui, c’est comment sécuriser les terres agricoles ? Sans la terre il n’y a pas d’agriculture. Aujourd’hui le Mali dispose d’une loi sur le foncier agricole, une politique foncière agricole. À partir de cet instant, tout ce que nous faisons, repose sur une dynamique qui donne des moyens permettant aux exploitants de se sécuriser, fait savoir Dr Diarra. Il ajoute que les terres agricoles aux alentours des grandes agglomérations transformées en construction, sont protégées par cette loi. Toute chose qui permet aux exploitants de ne plus être victime de certains abus. 

Outre la mise en place et le fonctionnement du Conseil supérieur de l’agriculture, présidé par le chef de l’État, la mise en place du Fonds national d’appui à l’agriculture figure parmi les acquis de la loi d’orientation agricole. L’objectif recherché est de doter le secteur agricole des moyens financiers conséquents pour pouvoir faire face à des besoins cruciaux. S’y s’ajoute la mise en place des  inter-professions du secteur. S’agissant des perspectives, le spécialiste nous confie qu’il est nécessaire d’offrir des outils structurants. Notamment, l’organisation du monde rural, la protection sociale agricole, appelée instrument assuranciel. Un vaste chantier permettra, selon lui, de donner les moyens aux exploitants agricoles à l’image de l’Assurance maladie obligatoire (AMO). 

UNE LOI AVANT-GARDISTE – Il ressort des explications de cet expert, que la loi d’orientation agricole, prévoit en son article 195 un chapitre de programmation et d’investissement du secteur agricole à l’image de l’armée. Les perspectives se déroulent autour d’un mécanisme de protection de revenus agricoles. Sans revenu, il n’y a pas d’agriculteurs. Le revenu agricole doit être renforcé par la contractualisation en agriculture. Ce sont des contrats juridiquement solides, établis entre l’exploitant et le transformateur ou le transporteur. Ces contrats s’étaleront sur 5 à 6 ans, sur des moyens solides qui permettront de travailler dans le sens de l’investissement à court et moyen termes, précise notre interlocuteur. 

Le président de Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (APCAM), Sanoussi Bouya Sylla

Abondant dans le même sens, le président de Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (APCAM), Sanoussi Bouya Sylla, estime que s’il y’a une loi qui a été véritablement débattue par toutes les couches sociales du pays, c’est bien la loi d’orientation agricole. Cependant, il reconnaît que certains décrets d’application tardent à venir. Par exemple, il est prévu une loi de programmation et d’investissement du secteur agricole. à cet effet, le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta a donné des instructions pour l’application effective de cette loi. 

Le patron de l’APCAM estime que si ce document est élaboré conformément à la vision des producteurs agricoles, c’est-à-dire, 75% d’investissement et 25% de frais de fonctionnement, ce sera le début de la relance de l’agriculture de notre pays. « Nous devons refonder l’agriculture et faire un plan maréchal agricole en profondeur avec l’avis des producteurs agricoles », suggère le président de l’APCAM qui plaide pour la loi de programmation et d’investissement du secteur agricole à l’image de la loi de programmation militaire. 

En termes de perspectives, il estime que l’agriculture doit être repensée à travers un débat franc entre la profession agricole et l’encadrement. « à ce jour, malgré l’impulsion du chef de l’état et les directives données au Conseil supérieur de l’agriculture, la profession l’agricole a des difficultés à faire entendre sa voix », déplore le président de l’APCAM.

MÉCANISATION – Notre agriculture est à 90% basée encore sur la traction animale et la daba, selon des experts en la matière. Et avec l’exode rural, trouver la main d’œuvre champêtre relève du parcours du combattant. Face cette situation, la mécanisation de l’agriculture s’impose. Selon Sanoussi Bouya Sylla, pour atteindre notre souveraineté alimentaire et exporter, ce qui est la vocation du Mali, il faut forcément mécaniser l’agriculture. à cet égard, il a félicité le chef de l’Etat pour les 225 tracteurs remis récemment aux producteurs agricoles. Pour le développement de la mécanisation agricole, notre interlocuteur préconise la création des coopératives d’utilisations des machines agricoles. De son point de vue, l’agriculture doit devenir quelque chose qui se pratique 12 mois dans l’année. 

Aghatam Ag Alhassane, directeur national du Génie rural

Pour Aghatam Ag Alhassane, directeur national du Génie rural, la mécanisation devient indispensable pour le pays dans la mesure où la main d’œuvre n’existe plus. Pour ce faire, la population agricole a besoin d’être équipée pour diminuer la pénibilité du travail et permettre d’emblaver beaucoup plus de superficie, poursuit-il. Grace à la mécanisation de l’agriculture, beaucoup de paysans se sont dotés en équipement agricole. La loi d’orientation agricole a été une révolution pour le secteur agricole du pays, qui s’est doté d’une unité d’assemblage des tracteurs (Mali tracteur sa) à Samanko, se réjouit le ministre du Développement rural Modibo Keïta. Pour une plus grande mécanisation de notre agriculture, outre la subvention des équipements agricoles, l’état a ouvert la voie aux investisseurs dans le domaine des équipements agricoles. 

BBC (AMAP) 

Mali-BAD : Des mesures fortes pour améliorer la performance du portefeuille de projets et programmes

La ministre en charge des Transports et des Infrastructures, Mme Dembélé Madina Sissoko, (en blanc) était présente

Bamako, 19 sept (AMAP)  La Banque africaine de développement (BAD) et le gouvernement malien ont évalué l’état de mise en œuvre des projets et programmes que l’institution régionale de développement finance au Mali, au cours de la revue de la performance du portefeuille.

La revue politique organisée, vendredi dernier, a été présidée par le ministre de l’économie et des Finances, Alousseini Sanou. Les sessions techniques avaient commencé le lundi 12 septembre dernier.

Le but étant d’apprécier ensemble (administration, société civile, secteur privé, collectivités et partenaires techniques et financiers) les avancées, de comprendre les raisons des blocages (s’il y en a) et de formuler des recommandations pertinentes visant à améliorer la qualité du portefeuille.

M. Sanou a noté avec satisfaction qu’à l’issue des travaux, «un diagnostic complet a permis d’identifier et d’analyser les contraintes et les difficultés majeures qui plombent la performance du portefeuille», Il a fait remarquer que le portefeuille connaît de nos jours, «un niveau avancé de détérioration de sa qualité, soit plus de 83% d’instruments inscrits au rouge ». « Autrement dit, des projets éligibles à l’annulation», a analysé le ministre.

Il s’agit, selon lui, d’un portefeuille vieillissant présentant un besoin d’assainissement. Cette situation est imputable aux conséquences de la pandémie de la Covid-19, à la crise sociopolitique que connait le pays, aux besoins de réformes pour accélérer les processus de passation des marchés et d’indemnisation des personnes.

Le mal et ses raisons sont connus, «nous devons agir vigoureusement et avec diligence pour faire reverdir la performance de notre portefeuille commun», a dit le directeur général adjoint Afrique de l’Ouest du Groupe de la BAD, Joseph Ribeiro. Pour ce faire, un Plan d’amélioration de la performance du portefeuille (PAPP) est conjointement élaboré et convenu entre les équipes du Mali et celle de la Banque. Il consiste en des mesures immédiates, à court et moyen terme.

Dans un premier temps, les projets seront exécutés dans les délais impartis en évitant de nombreuses prorogations. Ce qui permet d’atteindre rapidement leurs objectifs de développement, de soutenir la croissance économique et améliorer les conditions de vie des populations.

En second lieu, le portefeuille sera assaini. Restructuré et alloué, il permettra de mieux recycler le stock de ressources rares dormantes vers des priorités urgentes du pays ainsi que des activités actuelles des projets qui demeurent pertinentes.

Cela contribuera à l’efficacité dans l’action gouvernementale et à sa proactivité à mieux répondre aux besoins légitimes des populations. Rendu performant, le portefeuille contribuera en dernier ressort au renforcement de la capacité d’absorption des ressources allouées par le pays ainsi que sa capacité à mobiliser plus rapidement des ressources nouvelles, non seulement au niveau du Groupe de la Banque mais également auprès d’autres bailleurs.

Le président du Conseil national de la société civile du Mali (CNSM), Boureima Allaye Touré 

Ces propositions n’ont visiblement pas intégré les aspirations de tous les acteurs. Le secteur privé et la société civile ont insisté sur la nécessité de prioriser la production d’énergie solaire au détriment du transport d’énergie à partir des pays voisins. Mais surtout d’investir dans des actions de lutte contre les effets du changement climatique. «L’initiative ne prend malheureusement pas en compte la production d’énergie qui est primordial pour le développement de toute nation», note Cheick Hamala Simpara, membre du secteur privé malien, déplorant que ce soit seulement le volet transport d’électricité entre les différents pays d’Afrique de l’Ouest qui soit préconisé.

Ce qui est, selon lui, « insensé au regard du potentiel malien en source d’énergie ». «Avec 3 000 heures d’ensoleillement annuellement, une intensité et une durée d’ensoleillement constante, permettent à notre pays de produire de l’électricité solaire de très bonne qualité et à moindre coût pour booster l’économie en tirant vers le haut les autres secteurs d’activité», a ajouté Cheick Hamala Simpara.

Le président du Conseil national de la société civile du Mali a fustigé la lourdeur administrative qui affecte la performance de la Banque et les citoyens. «Le besoin est clairement là, il est incompréhensible que la Banque et l’Etat traîne les pas. Ce sont les populations qui payent le prix de cette lenteur», a commenté Boureima Allaye Touré. Et d’interpeller : «Pour un pays désertique comme le Mali, la Banque ne réserve que 2% de son portefeuille au changement climatique. »

La revue politique est assimilable à l’instance de validation ou de rectification des résultats des travaux d’évaluations techniques. «Cette présente revue constitue l’occasion pour nous de nous assurer que notre partenariat avec la BAD s’exécute conformément aux orientations globales et sectorielles stratégiques du Mali et au contenu du Document de stratégie pays (DSP) de la Banque au Mali en vue de répondre aux besoins réels et vitaux de la population», a rappelé le ministre de l’Économie et des Finances.

A ce titre, elle a permis « d’examiner l’état d’exécution des opérations de la Banque en cours au Mali avec les Unités de gestion de projets, notamment la gestion fiduciaire et environnementale », a corroboré Joseph Ribeiro.

Le portefeuille actif du secteur public de la BAD au Mali compte, à la date du 31 août 2022, vingt projets pour un montant total approuvé de 458,484 millions d’Unités de compte (UC), environ 391,37 milliards de Fcfa.

Le total des décaissements effectués sur les montants engagés est estimé à 175,236 millions d’UC, environ 149,59 milliards de Fcfa. Le taux moyen de décaissement est évalué à 38,22% pour un âge moyen du portefeuille de plus de 5 ans. Il couvre les secteurs du transport routier (représentant 39% du portefeuille), l’agriculture (19%), l’énergie (13%), l’eau et assainissement (11%) et la gouvernance (6%). Le secteur privé (finance et industrie) représente 7% de l’enveloppe du portefeuille et les autres secteurs (changement climatique et développement social) 5%.

La BAD a commencé ses opérations au Mali en 1975. Les activités qu’elle finance sont cohérentes avec sa stratégie décennale 2013-2022 et ses cinq grandes priorités appelé «High 5» : éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie, nourrir l’Afrique, industrialiser l’Afrique, intégrer l’Afrique et améliorer la qualité de vie des Africains.

OS/MD (AMAP)

Zone UEMOA : Le taux directeur de la BCEAO passe de 2,25% à 2,50% (Communiqué)

Cette décision de la BCEAO vise à contenir l’inflation dans notre espace monétaire. 

Bamako, 16 sept (AMAP) Le taux directeur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), augmente de de 0,25%, passant de 2,25% à 2,50%, à compter de ce vendredi, 16 septembre 2022, a décidé son Comité de politique monétaire (CPM)

Selon un communiqué rendu public, mercredi, par le président de la BCEAO, Jean-Claude Kassi Brou, cette augmentation s’inscrit dans le cadre des efforts pour contenir l’impact de la fièvre actuelle des prix des produits sur, notamment, les ménages et les entreprises, agents économiques déjà affectés par les effets pervers de la Covid-19.

La hausse attendue du taux sur la base duquel la BCEAO prête de l’argent aux banques commerciales et qui oblige celles-ci à vendre l’argent plus cher à leur clientèle pourrait, ne peut être suffisante, au regard du niveau actuel de l’inflation établie à 8,1% ,au mois de juillet dernier.

Lorsque la BCEAO augmente son taux directeur, les banques commerciales répercutent à la clientèle (ménages et entreprises) pour préserver leur marge, en augmentant le prix de vente de l’argent (prêts notamment). Ces derniers, par effet d’entraînement, se voient obligés de réduire leur consommation pour préserver leur porte-monnaie. La demande en produits baisse. Et, conformément, à la loi du marché, les prix se stabilisent ou baissent lorsque l’offre des produits est égale ou supérieure à la demande.

Statutairement, la mission principale de la BCEAO est de lutter contre l’inflation. Cette décision fait suite à la première hausse des taux intervenue en juin. Elle vise à ramener, progressivement, le taux d’inflation (hausse des prix) dans l’intervalle cible de la Banque centrale (1% à 3%) sur le moyen terme, confirme le communiqué.

La hausse des prix est consécutive, essentiellement, à la baisse de la production vivrière durant la campagne agricole 2021-2022, aux difficultés d’approvisionnement de plusieurs marchés du fait de l’insécurité dans certaines zones, à l’augmentation des cours des produits énergétiques et des produits alimentaires importés.

Ainsi, les prix ont progressé de 7,0% au deuxième trimestre 2022, après 6,4% au premier trimestre 2022. En juillet 2022, le taux d’inflation a atteint 8,1%. Les prix  devraient baisser à partir du dernier trimestre, «avec l’arrivée des premières récoltes de la campagne vivrière 2022-2023 qui s’annoncent meilleures que la précédente», prédit la BCEAO.

TAUX SOUS-ESTIMÉ – Ce relèvement du taux directeur de la BCEAO était devenu inévitable, une nouvelle fois. Et ce pour, au moins, deux raisons principales, tranchent des économistes. La première a trait au taux d’inflation dans la zone Union monétaire ouest-africaine (UMOA) qui est en moyenne de 8%.

Au regard des réalités observées sur les marchés, beaucoup d’analystes estiment que ce taux est largement sous-estimé. En cause, « la fiabilité des données collectées et la complétude des indicateurs de mesure», soutiennent-il.

La seconde raison est que la Banque centrale européenne (BCE), qui gère la monnaie ancre des francs CFA (XOF et XAF), a relevé de 0,75 ses taux directeurs et, ce à partir du 14 septembre 2022. C’est la plus forte hausse dans l’histoire de l’institution en deux décennies d’existence.

La mesure paraît tout de même insuffisante pour contrer les pressions inflationnistes observées dans tous les pays de la zone Union monétaire ouest-africaine (UMOA), selon des analystes. Ceux-ci invitent à s’attendre à un nouveau tour de vis pour décembre 2022. Option que l’institution communautaire semble déjà intégrée. «Au cours des mois à venir, le Comité de politique monétaire de la BCEAO prendra, si nécessaire, les mesures idoines pour assurer la stabilité monétaire», annonce-t-elle dans son communiqué.

CMT/MD (AMAP)

 

Baisse du PIB au Mali, selon les Perspectives économiques en Afrique 2022 de la BAD 

Les perpectives économiques en Afrique 2022 ont été publiées mercredi, en marge des Assemblées annuelles de la BAD à Accra, au Ghana

Envoyée spéciale 

Aminata D. SISSOKO

Accra, 26 mai (AMAP) Au Mali, « la croissance du PIB devrait tomber à 2,1 % en 2022 en raison des effets des sanctions de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), associés à l’impact du conflit russo-ukrainien, qui réduiraient la demande de services et d’équipements intérieurs de 4,2 % (3,4 % contre 4,5 % en 2021) », annonce le rapport sur les Perspectives économiques africaines 2022 de la Banque africaine de développement (BAD).

Le document de 206 pages, qui porte sur comment : « Favoriser la résilience climatique et une transition énergétique juste en Afrique », a été publié, mercredi, en marge des Assemblées annuelles de la BAD qui se tiennent depuis le 23 mai 2023 à Accra, dans la capitale ghanéenne.

Au cours de la cérémonie organisée pour l’occasion, au Centre international de conférences d’Accra, en présence du président du Groupe de la BAD, Akinwumi Adesina, et de nombreux invités, l’économiste en chef par intérim et vice-président chargé de la Gouvernance économique et de la Gestion des connaissances du Groupe de la BAD, Kevin Chika Urama, a présenté des points saillants du document.

 

Le rapport sur les « Perspectives économiques en Afrique 2022 » est structuré en trois parties : la performance et perspectives économiques de l’Afrique ; la résilience climatique énergétique et transition énergétique juste en Afrique ; le financement de la résilience climatique et une transition énergétique juste en Afrique : stratégies et instruments.

Il propose, également, une série de recommandations politiques pour mieux reconstruire et engendrer des économies résilientes en Afrique. Parmi lesquelles, l’accélération de la vaccination contre le Covid-19 et un soutien fort aux industries pharmaceutiques nationales, la réduction de la dépendance à l’égard des sources alimentaires uniques et la révision des cadres de la dette mondiale.

En ce qui concerne le Mali, le rapport brosse les Développements macroéconomiques et financiers récents. Il se penche également que sur les questions relatives au changement climatique et options politiques. En plus des perspectives et des risques.  

Il ressort qu’en l’absence des sanctions économiques en 2021 après le coup d’État de mai de la même année, le Mali  a connu une reprise économique avec une croissance de 3,2% après une contraction de 1,2% en 2020, causée par le Covid-19 et un précédent coup d’État en août 2020. Le déficit budgétaire s’est amélioré pour atteindre 4,7 % du PIB en 2021. 

En terme de perspectives et de risques, il ressort du document que la croissance devrait rebondir à 5,4 % en 2023, soutenue par la reprise de la production de coton (25,5 %), de céréales (5,5 %) et d’or (5,6 %), associée à des prix mondiaux favorables. Une forte reprise dans le secteur industriel (6,1 % contre 2,3 % en 2022) et les services (5,5 %) et une augmentation de la demande intérieure de 5,5 % soutiendront également la bonne performance économique en 2023.

L’inflation devrait fortement augmenter à 7,8% en 2022 en raison de l’embargo et du conflit russo-ukrainien mais devrait baisser à 3,1% en 2023, parallèlement à l’augmentation de la production céréalière, à la baisse des prix des produits pétroliers, à la baisse de la base taxable de 50% sur les produits alimentaires importés et à la fixation de prix maximums. 

À partir de 2023, souligne le document, la dette intérieure devrait dépasser la dette extérieure, ce qui suscite des inquiétudes quant à la viabilité et à un effet d’éviction potentiel sur l’accès des entreprises au crédit. L’embargo imposé au pays, l’instabilité politique, la dégradation de la sécurité, le conflit Russie-Ukraine et les poussées de pandémie constituent des risques majeurs pour les perspectives.

Le rapport rappelle que le Mali est le huitième pays le plus sensible aux risques climatiques. Il suggère alors que les options de politique publique devraient, d’abord, être axées sur le renforcement de la résilience climatique via une gestion optimale de l’eau et des aménagements hydro-agricoles.

Le Mali devrait modifier son programme d’investissement public pour donner la priorité aux énergies renouvelables afin d’assurer la transition vers une croissance énergétique verte d’ici 2023, conformément à l’initiative Desert to Power de la Banque africaine de développement. Il devrait également augmenter son financement pour la protection de l’environnement qui ne représentait que 1,9 % du budget en 2021.

Sur le plan régional,  il ressort du document que le Produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique s’est fortement redressé l’année dernière, mais les effets persistants de la pandémie de Covid-19, l’invasion de l’Ukraine par la Russie et la guerre qui s’en est suivie pourraient poser des problèmes considérables à moyen terme. Le PIB de l’Afrique a connu une croissance estimée à 6,9 % en 2021.

Les Perspectives économiques en Afrique indiquent, clairement, que « la pandémie et la guerre entre la Russie et l’Ukraine pourraient laisser une impression durable pendant plusieurs années, voire jusqu’à une décennie. Pendant ce temps, environ 30 millions de personnes en Afrique ont basculé dans l’extrême pauvreté en 2021 et environ 22 millions d’emplois ont été perdus la même année à cause de la pandémie ».

Et cette tendance devrait se poursuivre au cours du second semestre de 2022 et en 2023. Les perturbations économiques découlant de la guerre entre la Russie et l’Ukraine pourraient plonger 1,8 million de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté sur le continent africain en 2022. Ce nombre pourrait encore augmenter de 2,1 millions en 2023.

ADS/MD (AMAP) 

Go to Top