La Ceinture et la route : Des accomplissements précieux et riches d’enseignements

Par Aminata Dindi SISSOKO

Envoyée séeciale 

Beijing, 18 oct (AMAP) Le troisième Forum de la Ceinture et de la Route pour la coopération internationale s’est tenu du mardi au mercredi à Pékin, sous le thème de la « Coopération de haute qualité de la Ceinture et de la Route : Ensemble pour le développement commun et la prospérité ».

La cérémonie d’ouverture, au palais de l’Assemblée du peuple, était présidée par le président chinois Xi Jinping. En présence, notamment des présidents russe Vladimir Poutine, indonésien Joko Widodo, argentin Alberto Fernandez et du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev, ainsi que du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres,

Cette année marque le dixième anniversaire de l’Initiative « la Ceinture et la Route ». Le Président Xi Jinping a dressé le bilan devant les représentants de plus de 140 pays et de 30 organisations internationales participant à cette rencontre. Il a souligné que la coopération dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route », basée sur le principe d’amples consultations, de contributions conjointes et de bénéfices partagés, « a transcendé les différences en termes de civilisation, de culture, de système social et de phase de développement, ouvert une nouvelle piste pour les échanges interétatiques et instauré une nouvelle architecture de coopération internationale. »

L’initiative incarne le plus grand dénominateur commun qu’est le développement partagé de l’humanité. « Au cours des dix ans écoulés, nous avons œuvré à mettre en place un réseau mondial de connectivité terrestre, maritime, aérien et cyber axé sur des corridors économiques, structuré par des voies de transport majeures et des autoroutes de l’information et fondé sur des chemins de fer, des routes, des aéroports, des ports et des pipelines », a-t-il dit.

« Ces efforts ont favorisé effectivement la grande circulation des biens, des capitaux, des technologies et des personnes entre les pays et fait en sorte que l’ancienne Route de la Soie, plusieurs fois millénaire, affiche à l’ère nouvelle une vitalité renouvelée » s’est-il réjoui.

A ces résultats, il a ajouté, entre autres, la mise en œuvre de projets d’échanges humains et culturels comme les Ateliers Luban, la Silk Road Community Building Initiative et l’Action Lumière.

Le président Xi Jinping a, aussi, indiqué que grâce à la coopération dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route », la porte de la Chine s’est ouverte de plus en plus grande. « Les régions de l’intérieur du pays sont passées de l’arrière à l’avant et les régions côtières ont atteint un niveau plus élevé en matière d’ouverture et de développement. Le marché chinois a ainsi intensifié ses liens avec le marché mondial. »

La Chine est aujourd’hui le principal partenaire commercial de plus de 140 pays et régions et le principal investisseur pour de plus en plus de pays. « L’investissement chinois à l’étranger et l’investissement étranger en Chine sont, l’un comme l’autre, un témoignage d’amitié et de coopération et une démonstration de confiance et d’espoir. Nous sommes profondément conscients que seule la coopération gagnant-gagnant permet de réussir de grandes actions dans l’intérêt de tous. Avec la volonté de coopérer et des actions concertées, nous pouvons transformer les passages difficiles en voies dégagées, les pays enclavés en pays connectés et les zones sous-développées en pôles de prospérité », a-t-il-dit.

 

« Nous agissons pour l’interconnexion et le bénéfice de tous, et travaillons au développement partagé et à la coopération gagnant-gagnant. Nous rejetons le clivage idéologique, la rivalité géopolitique et la politique des blocs, et nous nous opposons aux sanctions unilatérales, à la coercition économique, au découplage et à la rupture des chaînes d’approvisionnement » a-t-il-fait savoir.

Selon lui, les dix ans écoulés démontrent que la coopération dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route » se tient du bon côté de l’Histoire, s’inscrit dans la logique du progrès de notre temps et représente une bonne voie à suivre.

Et de souligner la disponibilité de la Chine à travailler avec différentes parties pour approfondir le partenariat dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route ».

Il a indiqué que l’initiative répond à l’aspiration d’une communauté internationale à construire un monde interactif. « La Russie, la Chine et la plupart des pays du monde observe le principe d’égalité et du bénéfice mutuel dans la coopération internationale et nous cherchons un développement durable universel bénéfique pour la population. Nous respectons la diversité des civilisations et le droit autonome des pays de choisir la voie de développement. Cela est inscrit également dans le cadre de l’initiative. Nous sommes également d’avis qu’il faut la circulation des marchandises des capitaux et des personnes pour promouvoir l’intégration et cela correspond également à notre vision de construire une grande Eurasie » a-t-il dit.

Le secrétaire général Antonio à la tribune a souligné que ce troisième forum « la Ceinture et la Route » reconnaît une vérité centrale : Sans infrastructure – y compris « l’infostructure » – il ne peut y avoir de développement. Et sans soutien au développement, de nombreux pays en développement seront privés des infrastructures dont ils ont désespérément besoin.

Dans son discours, il a estimé que l’initiative « la Ceinture et la Route » « peut apporter une contribution précieuse dans deux domaines d’action clés en favorisant la durabilité économique dans les pays en développement et en faisant progresser la durabilité environnementale. »

Il a, aussi, souligné l’importance de la décision du Président Xi Jinping d’aligner l’Initiative sur les Objectifs de développement durable (ODD).

ADS/MD (AMAP)

Bafoulabé : La ruée vers… le grenat dans le village de Fansané

L’exploitation du grenat, une nouvelle source de revenus pour les populations de Fansané, dans l’Ouest du Mali

Par Boubacar MACALOU

Bafoulabé, 26 sept (AMAP) Les zones montagneuses de la Région de Kayes, dans l’Ouest du Mali, regorgent d’énormes potentialités naturelles. Si dans le Cercle de Kéniéba certains sont devenus riches, après avoir ramassé quelque diamant, au cours d’une simple promenade dans la brousse, à Bafoulabé, la chance semble plutôt sourire à ceux qui, sans être des alpinistes, empruntent les sentiers serpentés et accidentés des montagnes.

A Fansané, contrée khassonké, regroupant cinq villages et situé dans la Commune rurale de Bafoulabé, à 20 km au nord de son chef-lieu de commune et de cercle, la population extrait des pierres précieuses depuis 1994, derrière les montagnes, près du village de Soria, à 5 km.

Cette carrière a été découverte par un fils de la contrée traversée par une montagne qui renfermerait des ressources minières dont les grenats. La population est majoritairement composée de peulhs. Ici, les gens vivent essentiellement de l’agriculture et de la chasse.

Dans cette localité, les pierres précieuses sont appelées « grenats et semblent illuminer le paysage par leur éclat. On en trouve derrière les montagnes, au nord du village de Soria. « Il y a trois sortes de grenats : des grenats verts, jaunes et rouges. Le vert a le plus de valeur », explique Cheick Oumar Diallo, revendeur de pierres précieuses et originaire de la Région de Nioro.

Tout comme le diamant, le grenat est une pierre précieuse, fine. Elle entre dans la fabrication des bijoux, colliers, vitres et de beaucoup d’autres objets de valeur. Le grenat a été découvert à Fansané par Brema Sidibé, notable du village de Soria en 1994, année où il a quitté pour une autre mine de gemmes de la Commune de Diakon, Cercle de Bafoulabé.

« Au cours d’une causerie, j’ai montré un morceau de pierre à mon ami chasseur qui m’a expliqué qu’il voyait ce genre de pierre dans son campement », ajoute Sidibé. Peu de temps après, à l’aide d’un pic, du marteau, de la pelle et du burin, Brema Sidibé a commencé à creuser à la recherche de cette matière appelée grenat mais, sans succès.

« Je suis dans cette activité, depuis vingt-neuf ans. Parfois, je peux avoir quelques grammes dont la vente à Bamako peut, souvent, me rapporter 300 000, voire 400 000 Fcfa. Je peux, aussi, passer des années sans trouver aucune pierre », raconte-t-il. La chasse au grenat est devenue une source de revenus pour tous ceux qui espèrent faire fortune. Paradoxalement, la ruée a suscité la colère de certains villageois qui lui attribuent tous les maux.

Brema Sidibé qui a repris à son compte cet adage populaire : « Celui qui veut atteindre le sommet, ne doit point se décourager », n’a pas baissé les bras et est parvenu à réaliser une « success story » dans l’exploitation du grenat.

« Par la suite, quelques habitants du village m’ont suivi et pratiquent le métier de mineur comme moi. Nous avons maintenu le cap », assure ce notable. Les sites miniers à succès attirent les jeunes, comme c’est le cas à Kéniéba et Sadiola, célèbres pour leur production aurifère.

En pareils cas, les nouvelles vont vite surtout dans ce monde interconnecté. Les réseaux sociaux ont vite fait parvenir les échos de ce nouvel « eldorado » à des milliers de jeunes d’horizon divers qui se sont rués vers Fansané pour y tenter leur chance. Cette arrivée massive a suscité l’inquiétude dans certains milieux.

Un jeune de Diabesambou, village de Fansané, a extrait trente-huit grammes de grenat vert qui lui ont valu six millions cinq cent mille francs Cfa. « Le prix dépend de la valeur de la matière. A Fansané, il n’y a pas de prix fixe, tout est à discuter », soutient ce revendeur.

Les autorités locales, notamment le sous-préfet central, Mme Koné Aïchata Diarra, le maire de la Commune rurale de Bafoulabé, Kandé Doucouré, les légitimités traditionnelles dont le coordinateur des chefs de village de Bafoulabé, Kaba Diallo, et la gendarmerie ont rencontré les autorités coutumières de Fansané, samedi 23 septembre 2023, à Soria.

« Cette visite s’inscrit dans le cadre d’un échange pour une meilleure gestion de la carrière compte tenu de l’affluence sur le site. Nous avons appris à travers les réseaux, les nouvelles de Fansané », a dit M. Doucouré qui a présidé la rencontre.

« En tant qu’autorités, il est de notre devoir de venir nous imprégner de la situation, d’échanger avec vous pour explorer des pistes de solutions aux problèmes de la localité », a déclaré le maire, Kandé Doucouré. BM/MD (AMAP)

Mali : Des experts proposent des solutions contre la dégradation du réseau routier

L’entretien routier demeure problématique et le dispositif n’a pas cru en efficacité et en efficience. Les experts ont formulé des recommandations en vue d’inverser la tendance

Par Babba B. COULIBALY

Bamako, 20 sept (AMAP) Les états généraux sur l’entretien routier au Mali, qui se sont déroulés du 14 au 16 septembre dernier, ont recommandé de dissocier la mission de suivi du réseau routier de celle de supervision des travaux d’entretien routier, en mettant à dispositions les ressources nécessaires ainsi que des travaux d’entretien préventifs du programme global d’entretien routier.

Les experts ont prôné d’élaborer un vaste programme de réhabilitation du réseau routier et mettre en place un mécanisme plus flexible de mise en œuvre des travaux d’entretien préventifs, Cela afin de permettre d’intervenir dans le délai, renforcer les capacités du personnel de la Direction générale des routes et ses démembrements.

Pour maintenir les routes en bon état, les experts suggèrent, outre l’application des dispositions du règlement n°14/2005/CM de l’Union monétaire ouest-africaine (UEMOA) du 16 décembre 2005 relatif à l’harmonisation des normes et des procédures du contrôle de gabarit, du poids et de la charge à l’essieu des véhicules lourds de transports de marchandises, d’exiger que le conducteur des travaux désigné dans la soumission soit le personnel présent sur le chantier, visiter les parcs des entreprises avant l’attribution du marché et de délivrer les attestations avec la mention satisfaite ou non satisfaite en fonction de la bonne exécution des travaux.

Ils ont jugé nécessaire d’inviter les collectivités à s’approprier de leur patrimoine réseau routier, notamment participer activement à la protection de la voie publique et au suivi du réseau routier. Les spécialistes ont, également, préconisé la relecture de la loi fixant les emprises et les caractéristiques des routes pour les rendre plus applicables dans le contexte actuel.

Des analyses faites par eux, il ressort que les travaux d’urgences à exécuter par la Cellule des travaux routiers d’urgence (CETRU) doivent être définis à travers un texte et le certificat de qualification professionnelle de l’Institut national de formation professionnelle pour le bâtiment et les travaux publics (INFP/BTP) dans l’offre des prestataires.

RELECTURE DE LA LOI SUR LES EMPRISES – Ils ont recommandé la création d’une commission interministérielle entre les ministères en charge des Transports, de l’Administration territoriale et des Domaines pour la mise en place d’un mécanisme de sécurisation des emprises des routes et l’opérationnalisation de la sous-direction réglementation et contentieux de la direction générale des routes en la dotant de moyens adéquats.

Les experts ont insisté sur la poursuite de la vulgarisation des textes relatifs à la protection de la voie publique. Selon eux, « la durabilité de nos routes passe par la protection et la préservation du patrimoine routier, relevant aussi bien de la responsabilité de l’État et des collectivités territoriales que du citoyen lambda. »

« À cet égard, pensent-ils, les services compétents doivent disposer de ressources nécessaires à l’accomplissement de leurs missions régaliennes. » Et chaque citoyen a, selon eux, « le devoir de veiller sur le patrimoine routier. »

De l’avis des experts avertis du secteur, la réalisation des travaux d’entretien routier se heurte à d’énormes difficultés. Il s’agit, entre autres, des difficultés de mobilisation des ressources financières, l’insuffisance de moyens matériels et humains des directions régionales et des subdivisions des routes, le vieillissement du réseau routier actuel. L’âge moyen des routes au Mali est compris entre 15 et 20 ans.

À ces difficultés s’ajoutent l’occupation de la chaussée et de ses dépendances par les riverains, les interventions de concessionnaires du réseau d’utilité public de l’eau, de l’électricité et des télécommunications dans l’emprise de la route, la surcharge généralisée sur les routes et le non-respect de la charge à l’essieu malgré les efforts fournis au niveau national et communautaire.

Il y a, également, le non-respect des engagements des missions de contrôle et des entreprises, dû notamment au faible niveau de qualification du personnel déployé pour le contrôle, à l’insuffisance de la logistique et la mauvaise exécution des travaux.

Selon les chiffres du département en charge des Transports, en 2022, 25.692 km de routes ont été aménagées sur le réseau classé, dont 6.511 km de routes revêtues, soit 25,34% et 19.180 km de routes en terre moderne et de pistes améliorées, soit 74,66%, 5.936 km de routes revêtues constituées essentiellement de routes nationales dont 2.340 km sont en bon état, soit 39,42%, 2.086 km en état passable (35,14%) et 1.510 km en mauvais état (25,44%).

C’est au regard de ces constats majeurs relevés que le ministère des Transports et des Infrastructures, chargé de mettre en œuvre l’action pour la sauvegarde de ce patrimoine routier, a obtenu l’appui du gouvernement pour la tenue des assises de l’entretien routier. Objectifs : échanger, dans un cadre participatif et inclusif, sur les voies et moyens de préserver les routes.

BBC /MD (AMAP)

Trajet Bamako-Kayes : Au bout de la fatigue…

Certains cars effectuent ce trajet en 17 heures à cause du mauvais état de la voie et des travaux de rénovation en cours.

Par Moussa Mamoutou DEMBÉLÉ

Bamako, 20 sept (AMAP) Ce vendredi 15 septembre, le rendez-vous de 7 heures est respecté à l’auto-gare de Sogoniko. Le billeteur s’assure, une dernière fois, que tous les passagers sont présents, avant de donner le signal de départ. Assise au milieu de la foule et des bagages, une femme s’exclame : «Je sais que nous allons arriver jusqu’à 23 heures, car l’état de la route est mauvais. La semaine dernière, ma belle fille a mis plus de 15 heures sur ce trajet pour se rendre à Kayes». Ses propos provoquent l’inquiétude chez des passagers qui en sont à leur premier voyage pour la Cité des rails. Certains commencent à prononcer des formules incantatoires ou réciter des sourates du Coran en priant le bon Dieu pour qu’ils arrivent à destination sains et sauf.

Sur la soixantaine de places disponibles dans le car, seulement une vingtaine est occupée au départ à 8 heures. De la gare routière de Sogoniko (Commune VI du district de Bamako) au Quartier du fleuve, le bus met beaucoup de temps à cause des embouteillages. Au niveau de l’École normale supérieure (ENSUP) de Bamako, l’apprenti-chauffeur met en marche un petit poste téléviseur pour divertir les passagers. Il fait passer le clip «My Darling (ma copine en français)» du chanteur nigérian Ayodeji Ibrahim Balogun dit Wizkid. Au niveau du quartier de Samé, le nombre de passagers avait déjà atteint la quarantaine, majoritairement des femmes.

À 9h10 mn, nous arrivons au poste de contrôle de Kati. Les vendeurs ambulants se bousculent aux portes du bus afin d’écouler leurs marchandises. «Acheter de la nourriture, ainsi que de l’eau, le chemin est très long», s’écrient-ils, pour inciter les voyageurs à faire des achats.

Après quelques minutes d’arrêt, tous les sièges du bus sont occupés. Le véhicule redémarre en trompe. À cent mètres du poste, un homme d’une trentaine années, entre dans le bus. Il se nomme Nouhoum Diarra et vend des médicaments traditionnels et des pates dentifrices. Pour attirer l’attention des voyageurs sur ses produits, le colporteur taquine les passagers en lâchant : «Je vend des médicaments traditionnels. Je suis marié à deux épouses et père de 15 enfants. Donc, vous êtes oubligés de m’écouter, sinon…» Et grâce à sa publicité et sa capacité à tenir l’auditoire en haleine, il a pu convaincre quelques clients.

Nous gagnons Kolokani vers 11 heures. C’est le début du calvaire pour les passagers. Nids de poules et « baignoires d’éléphants » parsèment la voie. Le chauffeur peine à les éviter. Habillé d’un complet de couleur bleue foncée, lunettes sur le nez et écouteurs aux oreilles, le conducteur toujours souriant, conduit son engin à un rythme raisonnable, en fonction de la dégradation de la route. Il y a des tronçons où il n’y a même plus de goudron. Parfois, l’engin roule penché sur un côté pour éviter des nids de poule. À certains endroits, le chauffeur emprunte les déviations à cause des travaux de rénovation sont en cours.

AXE DU MAL À midi et demi, nous sommes à Didiéni. Le bus fait une halte. Les passagers en profitent pour descendre et se soulager ou pour chercher quelque chose (cacahuète, gâteau, viande grillée) à manger. Deux hommes âgés mettent la pause à profit pour passer un savon au chauffeur et son apprenti. Ils les accusent d’avoir projeté des vidéos dont le contenu est contraire à nos us et coutumes. «Dans le bus, il y a des personnes de tout âge. Donc, montrer de telles images n’est pas un signe de politesse. Non seulement, cette musique porte atteinte à la religion musulmane mais aussi, elle n’est pas bonne pour l’éducation des enfants», se plaignent-ils. Le chauffeur fait la sourde oreille, les autres passagers ne pipent mot.

Quand nous reprenons la route, la psychose de l’insécurité gagne les esprits. On peut lire l’inquiétude sur le visage de certains occupants du bus. Entre Didiéni et Diéma, les véhicules ont été stoppés aux environs de 15 heures sur instruction des Forces armées maliennes (FAMa), sous une fine pluie, pour des raisons de sécurité. La présence de l’armée a visiblement suffi pour rassurer les passagers. Certains ont commencé à consulter leurs comptes sur les réseaux sociaux.

Soudain, des coups de feu retentissent. Une ressortissante de Mopti tente de rassurer ses compagnons de voyage. «Dans la Région de Mopti, nous sommes habitués à ces genres de tirs. Mais les FAMa devraient nous laisser passer, nous ne sommes pas des militaires», explique-t-elle. Les véhicules resteront sur place jusqu’à l’arrivée d’un drone qui procèdera à un balayage de la zone.

Visiblement impressionnés par le professionnalisme de nos Forces de défense et de sécurité qui ont su maîtriser la situation en un laps de temps, les passagers sont aussitôt sortis de leur mutisme en scandant : «Vive le président de la Transition, vive nos FAMa.»

C’est dans cette ambiance de sérénité et de quiétude que nous arrivons à Diéma, grand carrefour entre Bamako et des localités comme Kayes, Nioro (frontière mauritanienne). Il est déjà 18 heures. Nous faisons une pause de 20 à 40 minutes. À 19 heures, nous quittons Diéma. Il reste environ 350 km à parcourir avant d’arriver à Kayes. L’état de la route ne s’améliore pas. En plus de cela, la vidéo marchait toujours, avec des clips « indécents. » Le vieux et son compagnon reviennent à la charge, en critiquant de nouveau le chauffeur et ses apprentis.

Le voyage éprouvant prend fin dans la Cité des rails à une heure du matin.

MMD (AMAP)

 

Visite à la Mine de Goulamina, 5è plus grand gisement de lithium au monde

Goualamina : un permis d’exploitation d’environ 100 km2 dont 17 exploités, à 50% de réalisation avec un pourcentage d’exécution de 61 milliards sur 200 milliards de Fcfa du coût d’investissement du projet sur deux ans

Bamako, 18 sept (AMAP) Le Mali est en bonne voie pour devenir premier producteur ouest-africain de lithium avec la mine de Goulamina, située à 65 km de Bougouni (Sud) dans la Commune rurale de Danou, classée 5è plus grand gisement d’extraction de ce minerai au monde.

A l’initiative des premiers responsables du projet, une équipe d’hommes de média a effectué vendredi dernier, le déplacement à Goulamina pour s’informer du processus d’exploitation, de production et d’exportation du lithium.

Le directeur général de la société Lithium du Mali SA (LMSA), Seydou Sémega, a d’abord précisé les mesures de sécurité à respecter. Ensuite, s’en est suivi un long briefing sur le projet de Goulamina au cours duquel, il a relevé que le site utilise un permis d’exploitation d’environ 100 km2 dont 17 exploités à présent. Seydou Sémega a aussi rappelé que les travaux de construction ont débuté en juin 2022. Selon lui, à ce jour le site est à 50% de réalisation avec un pourcentage d’exécution de 61 milliards de Fcfa sur 200 milliards de Fcfa du coût d’investissement du projet sur deux ans. L’exploitation du site est d’une durée de 23 ans et totalement réhabilitable.

S’agissant du lithium, le géologue Souleymane Berthé a expliqué qu’il est utilisé dans la fabrication des batteries, véhicules, smartphones et médicaments. Il est contenu dans un minerai appelé spodumène qui est extrait dans un ensemble de roches appelé pegmatite.

En ce qui concerne les opérations de Goulamina, le directeur du projet de construction, Bolaji Okobajo, a déclaré que la finition partielle de l’usine commencera en février 2024. Les premières extractions se dérouleront en avril 2024. Et le produit fini sera disponible en juin 2024.

Il a, aussi, souligné que 211 millions de tonnes de minerais ont été détectées, soit 1,37% de lithium par tonne pour un total de 2,9 millions de tonnes de lithium avec une extraction de 12 millions de tonnes par an et un traitement de 2,5 millions de tonnes par an.

Après les présentations, les visiteurs ont fait faire le tour du site. On pouvait observer des grosses machines, notamment des concasseurs, des broyeurs et des moulins. Les minerais passeront étape par étape dans chacune de ses machines jusqu’à l’obtention du concentré de spodumène.

L’ingénieur en génie civil, Moustaph Sidibé, a détaillé les différents processus. Il a précisé que pour une première phase, le produit fini sera exporté vers le port d’Abidjan et de San Pedro, en Côte d’Ivoire, ensuite expédié en Chine.

La sécurité des travailleurs reste au centre des préoccupations. Selon ses responsables, le site a une approche bien structurée et contrôlée en ce qui concerne les urgences. Il s’agit d’un numéro vert accessible pour les cas d’accidents et autres risques. Et aussi des équipements de sécurité obligatoires.

Créée en mars 2022, la société LMSA emploie 1 312 travailleurs à ce jour sur le site dont 95% sont des Maliens. La population locale représente une grande partie des effectifs. En outre, le directeur général, Seydou Sémega, a confirmé que la dimension environnementale fait partie des préoccupations de son groupe minier.

KO/MD (AMAP)

 

 

 

 

Code minier : Rencontre d’information du ministre Amadou Keita avec les acteurs du secteur

La séance a permis au ministère d’informer ses invités sur les grandes orientations du secteur et recueillir leurs préoccupations pour tirer profit des ressources minières.

Bamako, 18 sept (AMAP) Le Mali dispose désormais d’un nouveau Code minier et, surtout, d’une loi relative au contenu local. Cette loi accorde une grande importance au développement des entreprises nationales, aux sous-traitants et aux fournisseurs de biens et services afin de faire profiter d’avantage les Maliens de l’exploitation des ressources minières nationales.

C’est dans cet esprit que le ministre des Mines, Pr Amadou Keïta, a rencontre, lundi, dans les locaux de son département, de les acteurs du secteur. Il s’agissait de les informer sur les grandes orientations et de recueillir leurs préoccupations. Mais, surtout, de porter à leur connaissance les nouvelles dispositions dans l’exploitation des mines.

Au cours des échanges, les participants organisés en regroupement, ont soulevé des préoccupations et des attentes relatives à l’application de la nouvelle loi, la confiance des entreprises minières aux entreprises nationales, le payement des travaux exécutés des entreprises nationales, la gestion des sociétés étrangère au regard de la nouvelle loi . Sans oublier, la mise place d’un programme global entre l’État et les entreprises, mais aussi la question du financement pour permettre aux banques d’accompagner les sociétés nationales. Et, surtout, de savoir les mécanismes dont dispose l’État pour contraindre les sociétés minières à respecter la loi et la prise en charge de la question du genre dans le contenu local.

«Nous avons souhaité vous rencontrer, aujourd’hui, pour porter à votre connaissance cette importante loi relative au contenu local. Il était important, après l’adoption de cette loi, que nous nous rencontrons pour faire connaissance et, aussi, pour se mettre en ordre de bataille afin que nous puissions tirer le maximum de profit de cette loi», a, d’entrée de jeu, dit le ministre Amadou Keita.

Il a rappelé que l’adoption du nouveau Code minier et de la loi sur le contenu local découle de « la ferme volonté des plus hautes autorités pour que le secteur minier puisse véritablement être intégré à l’économie nationale afin que l’exploitation minière puisse contribuer au développement de notre pays. »

Selon le ministre, l’objectif de cette loi est de faire en sorte que les sociétés minières soient obligées de recourir aux entreprises nationales, aux communautés locales et aux produits de fabrication locale dans leurs activités. À ce propos, il a estimé qu’ « il faut aussi préparer ces entreprises, en conséquence, pour être en capacité d’offrir les services selon le standard requis. »

POUR QUE L’OR BRILLE POUR TOUS LES MALIENS  – Le ministre des Mines a aussi a relevé que le contenu local fera en sorte que les nationaux, en ce qui concerne l’emploi, les entreprises nationales et les communautés locales, puissent avoir la priorité dans toutes les activités minières.

Selon lui, son département est en train de travailler sur les aspects juridiques pour donner un contenu réel à cette loi qui renvoie à des décrets d’application. «Si nous disions qu’il faut donner la priorité aux Maliens dans l’emploi, cela veut dire que nous devrons mettre l’accent sur la formation des ressources humaines. C’est pourquoi, nous sommes en train de travailler sur l’écosystème du secteur minier, en essayant de comprendre les différentes activités, les différents acteurs qui interviennent, en termes de fourniture des services, biens, mais aussi de formation de ressources humaines pour maitriser l’ensemble du contour de la question», a assuré le ministre.

En réponse à certaines quelques questions, le conseiller technique au ministère chargé des Mines, Lassana Guindo, a précisé que la loi sur le contenu local stipule qu’une société nationale est celle qui est détenue à 51 % par des nationaux. «C’est un souhait que les activités soient exécutées par des sociétés de droit malien, mais il n’est pas dit qu’il est interdit qu’une société étrangère puisse exécuter des activités», a-t-il clarifié.

Par rapport à la date d’application de la loi, il a expliqué que cette loi est déjà rentrée en vigueur, depuis sa promulgation le 29 août dernier. «Mais, pour le moment, nous avons des difficultés d’application parce que les décrets d’application ne sont encore pris. Nous avons élaboré ces décrets et nous sommes en train de travailler la dessus», a déclaré le conseiller technique chargé des Mines.

Au nom du groupement de l’extraction minière, Yaya Traoré a exprimé sa satisfaction après la rencontre. «Grâce à cette première rencontre de prise de contact, nous les sociétés sous-traitantes de la place avons compris que les autorités sont prêtes à soutenir les structures locales pour que l’or puisse briller pour les Maliens», a-t-il dit.

MS/MD (AMAP)

 

 

 

Les états généraux sur l’entretien routier pour un diagnostic sans complaisance

Dr Choguel Kokalla Maïga a appelé à un diagnostic sans complaisance de l’entretien routier, « au prix d’une remise en cause des habitudes néfastes constatées et des acquis engrangés »

Bamako, 15 sept (AMAP) Les états généraux sur l’entretien routier se tiennent, ouverts, jeudi, au Centre international de conférences de Bamako (CICB) sont destinés à toucher du doigt les préoccupations liées à l’entretien de nos routes lors d’échanges, dans un cadre participatif et inclusif, sur les voies et moyens de les préserver.

Présentant la situation du patrimoine routier, la ministre des Transports et des Infrastructures, Mme Dembélé Madina Sissoko, a révélé que le pays a 25 692 km de routes aménagées sur le réseau classé dont 6 511 km de routes revêtues, soit 25,34%. S’y ajoutent 19 180 km de routes en terre moderne et de pistes améliorées, soit 74,66%, et 5 936 km de routes revêtues constituées essentiellement de Routes nationales (RN) dont 2 340 km sont en bon état, 2 086 km en état passable et 1 510 km en mauvais état.

«L’entretien routier demeure problématique et le dispositif n’a pas crû en efficacité et en efficience. La réalisation des travaux d’entretien routier se heurte à d’énormes difficultés», a déploré la ministre.

Au nombre de ces difficultés, Mme Dembélé Madina Sissoko a cité la mobilisation des ressources financières, l’insuffisance de moyens matériels et humains des services déconcentrés en charge des routes.

Il y a, aussi, le vieillissement du réseau routier actuel (l’âge moyen des routes au Mali est compris entre 15 et 20 ans), « l’occupation de la chaussée et de ses dépendances par les riverains, les interventions de concessionnaires du réseau d’utilité public de l’eau, de l’électricité et des télécommunications dans l’emprise de la route. »

Autres difficultés : la surcharge généralisée sur les routes, le non-respect des engagements des missions de contrôle et des entreprises, dû notamment « au faible niveau de qualification du personnel » déployé à cet effet et la mauvaise exécution des travaux.

C’est au regard de ces constats majeurs que, le ministère des Transports a obtenu l’appui du gouvernement à la tenue des assises de l’entretien routier.

«La situation évoquée par la ministre interpelle et justifie amplement la tenue des présentes assises, en vue d’approfondir la réflexion sur le cadre juridique et institutionnel de l’entretien routier issu des réformes et d’évaluer les performances de la stratégie et du système de gestion mis en place », a soutenu le Premier ministre.

Dr Choguel Kokalla Maïga, qui a présidé l’ouverture des travaux, a estimé qu’ « il appartient aux participants de poser un diagnostic sans complaisance de l’entretien routier, au prix d’une remise en cause des habitudes néfastes constatées et des acquis engrangés. » Cela « afin de prendre en charge, opportunément, les préoccupations de nos concitoyens qui sont nombreuses et légitimes face à la situation de l’état des routes dans notre pays. »

Le chef du gouvernement a insisté sur le rôle de supervision de l’administration, qui est déterminant dans le respect des délais de réalisation des infrastructures routières et la qualité des travaux d’entretien routier exécutés par les entreprises.

«Les prérogatives de puissance publique vous sont attribuées par les textes, incluant le cas échéant le pouvoir de sanction des entreprises et des bureaux de contrôle défaillants. Ces prérogatives accroissent votre responsabilité dans la réalisation du service public auquel participent les autres acteurs de l’entretien routier», a-t-il dit.

Il a exhorté les entreprises et bureaux de contrôle partenaires dotés d’un statut de droit privé, qui participent, par le biais des marchés et contrats, à l’exécution du service public d’entretien routier, à faire preuve de loyauté et de professionnalisme.

« Le gouvernement du Mali entend la «Vox populi» sur les préoccupations nationales et ne ménagera aucun effort pour améliorer l’état des routes dans notre pays et, partant, la sécurité de ses usagers», a assuré Dr Choguel Kokalla Maïga.

Dans cette perspective, il a engagé le gouvernement, à travers le ministère des Transports et des Infrastructures, « à mettre en place un dispositif de suivi pour s’assurer de la mise en œuvre des recommandations pertinentes et des propositions concrètes qui seront issues des présentes assises conformément à la vision du président de la Transition. »

Plusieurs acteurs prennent part à ce grand débat sur la problématique de l’entretien routier. Ils aborderont, sans complaisance, des thématiques aussi variées que la gestion du réseau routier, le financement de l’entretien routier, la passation des marchés publics et l’exécution des travaux d’entretien routier.

BBC/MD (AMAP)

Transparence dans les industries extractives : Le Mali peaufine son rapport annuel d’avancement 2021

L’objectif ultime de cette session : la réussite de la validation du Mali au terme du processus qui commencera le 1er octobre prochain

Bamako, 15 sept (AMAP) Le comité de pilotage de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE-Mali) a analysé, jeudi, le rapport annuel d’avancement 2021 (RAA 2021) afin d’y apporter des observations pertinentes pour sa validation.

Cette 3è session ordinaire au titre de l’année 2023 intervient après un atelier tenu récemment à Bougouni (Sud), où les participants ont procédé à l’auto-évaluation des mesures correctives afin d’entamer la validation du Mali qui commence le 1er octobre prochain. Ils ont alors élaboré un tableau de bord de mise en œuvre des exigences ciblées par cette validation, en l’occurrence celles liées à l’engagement de l’État et de la société civile, à l’octroi des licences…

«L’essentiel de nos efforts, durant ces quelques jours qui nous séparent du début des processus de cette validation, doit être focalisé sur la mise en application de ces exigences», a déclaré le secrétaire général du ministère des Mines, Soussourou Dembélé, qui a presidé es travaux dans les locaux du départment.

M. Dembélé a, ensuite, évoqué l’analyse et la validation du RAA 2021 comme le principal point inscrit à l’ordre du jour de cette troisième session. Ce document devrait être validé depuis 2022, mais le processus a pris du retard pour des raisons d’amélioration de son contenu.

Cette rencontre a donné l’opportunité d’échanger sur les problématiques liées aux impacts environnementaux des exploitations artisanales et autres, d’évaluer les enjeux et les défis pour un meilleur encadrement de ce secteur.

Cela a été, également, l’occasion de vérifier l’état des préparatifs de la dissémination des rapports Itie 2020 et 2021. «Le devoir de restitution et d’échange sur les enseignements tirés des rapports Itie nous incite à disséminer avant octobre 2023, les rapports 2020 et 2021 dans les zones minières», a déclaré le secrétaire général du département en charge des Mines.

“Cela, a-t-il poursuivi, va accentuer le débat public sur la gestion du secteur extractif et faire remonter les appréhensions des communautés locales sur l’exploitation des ressources minérales. “

Soussourou Dembélé a insisté sur l’objectif ultime de cette session : la réussite de la validation du Mali au terme du processus qui commencera le 1er octobre prochain.

L’ITIE est une norme mondiale qui défend l’amélioration de la transparence dans la gestion des revenus et l’obligation de redevabilité dans les secteurs pétrolier, gazier et minier.

Le secrétaire général du département des Mines avait à ses côtés, le secrétaire permanent de l’ITIE-Mali, Samou Sidibé, et le directeur général de la Direction nationale de la géologie et des mines, Cheick Fanta Mady Keïta.

AD/MD (AMAP)

Aquaculture : La pisciculture remplit nos assiettes

L’État accorde une subvention pour promouvoir la pisciculture facd a une production de la pêche et la capture naturelle qui ont atteint leurs limites

Par Fatoumata TRAORÉ

Bamako, 14 sept (AMAP) La pêche est, de plus en plus, infructueuse dans les cours d’eau. Le développement de l’élevage produit les poissons pour notre alimentation.

Selon les spécialistes de la santé, Le poisson est une excellente source de protéines animales, de vitamines et de sels minéraux, notamment les vitamines A et D, le phosphore, le magnésium et le sélénium. Ses protéines sont un complément aux protéines alimentaires des céréales et des légumineuses, typiques des régimes de nombreux pays en développement comme le Mali.

Il contient un type d’acides gras vital au développement du cerveau humain chez le fœtus et le nourrisson. En général, le poisson occupe une place beaucoup plus importante dans l’alimentation journalière des habitants des pays que dans les pays avancés.

Le Mali, bien que regorgeant de cours d’eau poissonneux, est confronté à une crise dans la production de poissons, due aux sécheresses cycliques et les effets néfastes des changements climatiques. Pour pallier cette situation d’insécurité alimentaire, notre pays s’est engagé dans la promotion de la pisciculture.

“Ainsi, le gouvernement a accordé une subvention de 30% sur le prix de revient des alevins et de l’alimentation des poisons”, souligne le chef de division aménagement des pêcheries et aquacultures (DAPA) à la direction nationale de la pêche, Baba Coulibaly.

Cette subvention de l’État permet d’installer des usines de fabrication d’aliments et des écloseries pour la production d’alevins (jeunes poissons destinés au peuplement). Car, au Mali, les deux contraintes majeures au développement de la pisciculture résident dans l’importation des alevins et de l’aliment poisson.

En effet, beaucoup de nos concitoyens investissent, aujourd’hui, dans cette activité lucrative. En la matière, Aboubacar Diallo fait oeuvre de pionnier. Depuis 2010, il a installé une ferme piscicole à Baguinéda, une localité située à 35 kilomètres de Bamako. En une décennie, il est devenu le principal producteur d’alevins et d’aliments poissons au Mali.

Selon lui, le marché des alevins est très complexe aujourd’hui à cause du manque de bons techniciens de nationalité malienne. Leurs compétences ne seraient pas à la hauteur des enjeux. «La plupart des techniciens qui sont sur le marché des écloseries au Mali sont des étrangers (Béninois et Burkinabé) qui viennent à l’Institut polytechnique rural (IPR) de Katibougou pour apprendre. Après, ils retournent dans leurs pays et reviennent prendre le marché devant nos techniciens», explique Aboubacar Diallo avec regret.

Pour cet opérateur, nos jeunes sont trop pressés. Lorsqu’ils sortent des écoles de formation mises en place par le gouvernement pour accompagner les secteurs de la pêche et l’aquaculture, ils ne «prennent pas souvent le travail au sérieux». Ce qui crée beaucoup d’échecs au niveau de la production des alevins de qualité, souligne-t-il.

À ce handicap lié à la disponibilité de techniciens compétents, s’ajoutent les problèmes de souches de poissons et des aliments. En effet, il faut impérativement de bonnes souches de poissons. «Sans quoi, ça ne marchera pas, qu’il s’agisse des tilapias ou d’autres espèces. Et cela va de soit aussi pour l’alimentation des géniteurs. Les poissons qui sont élevés pour le grossissement sont différents de ceux qui sont là pour la reproduction, ceux-ci ont une alimentation spéciale. C’est pourquoi avec les meilleurs géniteurs, sans une bonne alimentation, cela posera toujours la défaillance», explique Aboubacar Diallo.

 

DES MILLIARDS DANS L’IMPORTATION – L’opérateur soutient que le marché est florissant, car chaque jour, on enregistre de nouveaux producteurs qui viennent s’installer. L’espoir est donc permis dans le domaine.

Cependant, la question des aliments poisson demeure cruciale. L’augmentation de leur prix est due à l’importation, ce qui implique des frais de transport et de dédouanement. C’est pourquoi, Aboubacar Diallo en appelle à plus d’accompagnement de l’État dans le sous-secteur de l’aquaculture, afin de réduire les importations qui font sortir des milliards de Fcfa de notre pays. «Avec l’investissement de l’État dans le secteur, il est possible d’effacer petit à petit l’ardoise de l’importation par les opérateurs producteurs du pays», estime le fermier piscicole.

«Halla Fish Farm» est une entreprise piscicole moderne, créée par la société coopérative simplifiée agricole Halla (Scoops.A-H) basée à Kassela, à une quarantaine de kilomètres de la capitale.

Selon son premier responsable, le marché des alevins se présente toujours avec une demande accrue des alevins tilapias et silures (claras). Et sur ce marché, il y a une forte concurrence des prix, car la disponibilité n’est pas pemanente. “Cela peut se traduire, soutient-il, par la non maitrise des bonnes techniques et matériel de production. Raison pour laquelle, les alevins silures sont très souvent issus des écloseries artisanales.”

Notre interlocuteur dénonce, lui aussi, l’augmentation sans cesse du prix des aliments poissons, surtout ceux importés. Ce qui fait que certains pisciculteurs se procurent des machines afin de fabriquer leurs propres aliments poissons pour réduire le coût de la production.

Il y a aussi les contraintes liées au transport des alevins qui sont des marchandises vivantes. “C’est-à-dire que quand un producteur de Bamako veut envoyer des alevins à Gao, il doit trouver forcément le moyen de les transporter vivants jusqu’à cette destination”, explique Diallo. «Si les moyens adéquats ne sont pas à sa disposition, on peut tout perdre en un instant», ajoute-t-il.

Selon lui, pour améliorer la situation actuelle, il faut les moyens de transport et une alimentation adéquate pour les producteurs d’alevins. Il faut, également, encourager la multiplication des écloseries, spécialement les écloseries modernes qui sont actuellement très peu nombreuses.

Le chef de la DAPA souhaite de grands efforts pour la promotion de la pisciculture, car la production de la pêche et la capture naturelle ont atteint leurs limites. “Si une autre alternative comme la pisciculture n’est pas développée, nous ne verrons plus de poissons dans nos assiettes dans l’avenir”, prédit-il.

FT/MD (AMAP)

 

Goundam (Nord) : Les bandits armés tentent d’entraver le commerce

Les commerçants et détaillants de la ville de Goundam en proie à l’insécurité sont encore approvisionnés

Goundam, 13 sept (AMAP) Depuis un certain temps, les activités commerciales sont affectées dans le Cercle de Goundam, dans le Bord du Mali. Les paisibles populations sédentaires sont contraintes de limiter leurs déplacements entre les marchés ou foires des villes et villages. Ce qui entrave l’approvisionnement en produits alimentaires, carburant et autres denrées de première nécessité.

À Echel, un village situé à 45 km, à l’ouest de Goundam, se tient l’une des foires les plus importantes du Cercle. Dans ce marché, des hommes armés ont menacé de brûler les marchandises des forains s’ils n’arrêtaient pas leurs déplacements. Les transporteurs, aussi, ont été soumis à la même restriction.

Les ennemis de la paix ont mis leur menace à exécution. Ils ont saisi et brûlé les marchandises de commerçants qui n’avaient pas obtempéré à leurs injonctions. Ces actes criminels en ont rajouté à la psychose chez les populations, exposées aux exactions des hors-la-loi.

Les Forces armées maliennes (FAMa) tentent de faire face à la situation dans le cadre de la protection des populations. Les militaires escortent, souvent, les personnes et leurs biens sur l’axe Tonka-Goundam-Tombouctou. Malheureusement, certains transporteurs enfreignent les consignes et exposent les passagers

En plus de l’insécurité, le trafic routier vers la Mauritanie voisine est très difficile compte tenu de l’état défectueux des routes à cause de l’hivernage. Les quelques véhicules de transport sur l’axe Goundam-Tombouctou font voyager les passagers sans le moindre bagage et ceux-ci sont aussi soumis à des interrogatoires sur leut identité réelle.

En cette période de crue du fleuve Niger, le Cercle de Goundam est ravitaillé essentiellement par voie fluviale, à partir de Diré et Tonka. C’est pourquoi, la ville de Goundam ne connait aucune pénurie de denrées de première nécessité. Il y a les coupures intempestives d’électricité mais le réseau de communication s’améliore petit à petit à la suite des travaux entrepris ces derniers temps par une compagnie de téléphonie mobile présente ici.

Les choses risquent de se compliquer au-delà de septembre s’il n’y a pas d’actions d’envergure de sécurisation. Il y a le risque de rupture de stocks de médicaments. Si le commerce entre les localités continue d’être entravé par les bandits armés, le risque de pénurie de denrées de première nécessité n’est pas à écarter.

AMAP

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