Envoyés spéciaux
Ladji M. DIABY
Habibou KOUYATE
Abidjan, 09 fév (AMAP) La 34è édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) connaîtra son épilogue ce dimanche avec la finale entre le Nigeria et la Côte d’Ivoire, au stade Alassane Ouattara, au nord d’Abidjan, la capitale ivoirienne.
Les deux pays ne se sont jamais affrontés en finale de la CAN, mais ils sont des habitués du bouquet final. Avec 3 sacres (1980, 1994 et 2023) et 4 finales perdues (1984, 1988, 1990, 2000), le Nigéria va disputer son 8è finale et deviendra le 3è pays qui a joué le plus de finale, après l’Égypte (10) et le Ghana (9).
Face au pays hôte, les Super Eagles visent leur 4è sacre pour rejoindre le Ghana, qui est la 3è nation la plus titrée après l’Égypte (7) et le Cameroun (5). A domicile, la Côte d’Ivoire, qui accueille la CAN pour la deuxième fois, après 1984, disputera sa 5è finale et les Éléphants tenteront de conquérir une 3è couronne continentale après 1992 et 2015 (la Côte d’Ivoire a perdu la finale en 2006 et en 2012). La Côte d’Ivoire devient le premier pays hôte à atteindre la finale depuis l’Égypte 2006.
Cette CAN est complément incroyable pour les Éléphants. Malgré une phase de poules difficile avec une seule victoire contre la Guinée-Bissau (2-0), une défaite devant le Nigeria (1-0) et une humiliation contre la Guinée équatoriale (4-0), la Côte d’Ivoire est présente au bouquet final de la « sa » CAN.
En effet, les Éléphants ont bénéficié de la victoire du Maroc sur la Zambie (1-0) pour terminer parmi les meilleurs troisièmes et se hisser en huitièmes de finale. Depuis, c’est le conte de fée. Le capitaine Serge Aurier et ses partenaires ont écarté, à la surprise générale, le Sénégal, champion en titre (1-1, 5-4 t.a.b.) en huitième de finale et le Mali (2-1 a.p.) en quarts de finale, dans un scenario incroyable, avant de battre sans difficulté la RD Congo (1-0), mercredi dernier, en demi-finale grâce à un but de Sébastien Haller (67è min).
« C’est un immense plaisir de se qualifier pour cette finale, surtout à domicile et après un parcours que l’on sait tous. Nous sommes très heureux, très émus. Nous remercions le public qui ne cesse de nous pousser, qui nous permet de nous surpasser jusqu’aujourd’hui », a dit Franck Kessié, élu l’homme du match de la demi-finale contre la RD Congo.
« C’est le football, tant qu’on a 5% ou 10% de chance, il faut croire. C’est ce qui fait la beauté du football. Après le match du Maroc contre la Zambie, on a su qu’on était qualifiés. Cela a tout changé et nous a donné une autre force. On ne pouvait pas faire pire que la phase de poules, il faut continuer dans cette logique parce qu’il ne faut pas arriver en finale pour lâcher. On a encore un grand match à disputer ce dimanche, il faut donc rester concentrés, retrousser nos manches, récupérer pour affronter une très bonne équipe de Nigeria, le dimanche », a ajouté le milieu de terrain ivoirien
Selon lui, « l’humiliation » subi contre la Guinée équatoriale (4-0), a été un déclic pour le groupe. « Cette défaite nous a fait mal et cela nous a permis de nous regarder dans une glace et de se dire les choses en face. On était persuadés que ça allait être difficile de passer au second tour, Cela restait un fiasco. Après on a eu une chose, en se qualifiant parmi les meilleurs troisièmes. On n’avait plus rien à perdre, on avait tout à gagner. C’est ce qui explique ce parcours », explique-t-il.
Depuis sa qualification de l’équipe en huitièmes de finale, la Côte d’Ivoire a retrouvé la confiance et un nouveau état d’esprit souffle sur le groupe. Cela a permis à la sélection nationale de repousser beaucoup de limites dans cette compétition mais, généralement, il est difficile d’arrêter une équipe, surtout d’une grande nation de football qui se qualifie dans les conditions aussi compliquées. Si elle est ressuscitée, elle va généralement loin. La Côte d’Ivoire va devoir confirmer toutes ses performances contre le Nigeria, un autre grand du continent. C’est justement sur le groupe, le collectif qu’insiste le sélectionneur par intérim de la Côte d’Ivoire, Emerse Faé.
« Je donne de l’importance au groupe. Depuis que j’ai commencé mon intérim, mon discours, c’est de leur dire qu’ils sont 27 joueurs et j’ai besoin de tout le monde. Après, je ne peux pas faire jouer les 27 en même temps. Évidemment, il y en a qui ne vont pas jouer mais dans mon discours, je leur fait comprendre que je compte sur tout le monde », dit-il
« Si on veut gagner cette compétition, on la gagnera à 27, pas seulement à 11. Ils ont compris, adhéré au discours. Les joueurs ont compris que si on devait y arriver, c’est avec les 27 ensemble, même ceux qui sont dans les tribunes ont un rôle à jouer. C’est tous ensemble qu’on pourra gagner la compétition», insiste le sélectionneur ivoirien.
A Abidjan, les supporters sont confiants. Ils ont mis l’humilité dans le placard depuis leur qualification aux dépens du Sénégal. « C’est notre CAN, on va la remporter, arracher la coupe », s’exclame un supporter, après la qualification en finale.
Depuis le match contre le Sénégal, une expression revient après chaque qualification : « On ne vaut rien, mais on est qualifiés ». Il faut dire que les Éléphants ont repris confiance, sont solides et solidaires sur le terrain depuis la qualification in extremis en huitièmes de finale.
« On a tout le temps de la préparer cette finale de la meilleure de manière. Il ne faut pas perdre le capital-confiance. L’équipe doit bien récupérer et le groupe sera soudée et qu’on reste dans le même état d’esprit, que personne ne sorte du groupe », conseille l’ancien international ivoirien, Ibrahima Bakayoko, consultant de la télévision nationale ivoirienne (RTI1).
« Il faut analyser cette équipe du Nigéria qui est l’une des grandes nations de football. Elle a beaucoup d’atouts. Elle a des milieux offensifs qui sont des attaquants dans leur clubs qui se permettent de défendre, qui sont les meilleurs passeurs, qui sont capables de marquer à la finition des actions », ajoute l’ancien joueur de Marseille.
« Les deux équipes sont outillés. Elles savent qu’une finale ne se joue pas, elle se gagne. La Côte d’Ivoire a un avantage, c’est celui du domicile, celui du public. On verra comment elle peut capitaliser dessus pour avoir un troisième titre de champion d’Afrique » , explique un confère camerounais, également consultant à la RT1 lors de cette CAN.
Le Nigéria est monté en puissance dans la compétition. Après le match nul contre la Guinée équatoriale (1-1) lors de leur entrée en lice, les Super Eagles ont revu leur copie et successivement dominé la Côte d’Ivoire (1-0), la Guinée-Bissau (1-0) et le Cameroun (2-0), en huitièmes de finale, l’Angola (1-0) en quart de finale.
Bousculés en demi-finale, le capitaine William Troost-Ekong et ses partenaires ont su prendre le dessus sur les Bafana Bafana d’Afrique (1-1, 4-2 t.a.b.) pour se hisser en finale. Solides derrière et efficaces devant, ces Super Eagles font office de grands favoris pour la victoire finale.
Après la demi-finale contre l’Afrique du Sud, le sélectionneur nigérian s’est dit fier de la prestation de ses joueurs. « L’Afrique du Sud nous a énormément gênés. Mais nous avons réussi à garder notre sérénité », a déclaré José Peseiro.
« Nous savons que la finale sera très difficile. Nous allons donc essayer de garder la même dynamique tout en restant focalisés sur notre jeu. J’ai la chance d’avoir de très bons joueurs avec une équipe solide. La preuve, nous n’avons encaissé que deux buts durant le tournoi. Il faut donc garder la même dynamique », a ajouté le technicien portugais.
Quel que soit le vainqueur de cette CAN, la coupe restera en Afrique du l’Ouest, précisément la Zone B de l’Union des fédérations ouest-africaine. La Côte d’Ivoire vise un 3è titre pour rejoindre le Nigeria au nombre de titre alors que le Nigeria cherche à atteindre le nombre de titre du Ghana (4).
C’est dire que malgré les surprises et la sensation créées par les « petites équipes », ce sont les favoris qui sont arrivés en finale, comme dans la plupart des grandes compétitions internationales. On ‘attend à belle fête !
LMD/MD (AMAP)