Envoyés spéciaux

Ladji M. DIABY

Habibou KOUYATE

Bouaké, 03 fév (AMAP)  Le Mali a été éliminé en quart de finale de la CAN 2023 par le pays hôte, la Côte d’Ivoire (2-1), samedi, au stade de la Paix de Bouaké. C’est une fin parcours cruelle pour les Aigles en larmes.

La sélection malienne a vécu au stade de la Paix de Bouaké la déception totale au coup de sifflet final de l’arbitre égyptien, Mohamed Adel Elsaïd Hussein, au bout des prolongations. Les joueurs versent de grosses et chaudes larmes, les membres du staff sont tous en larmes. Le sélectionneur national, Éric Sékou Chelle, accroupi sur le terrain, s’est fait verser de l’eau sur la tête par un membre de son staff. Le choc est dur et personne n’a été épargné par la secousse.

Pourtant, le Mali avait le match en main pour dominer enfin sa bête noire de la plus belle des manières. Mais patatras. Manque de maturité, mental, malédiction contre la Côte d’Ivoire, tous les mots sont utilisés pour expliquer la défaite, mais en réalité, les Aigles ne peuvent s’en prendre qu’au eux-mêmes. Ils ont dominé le match de bout en bout avec 62% de possession de balle, 629 passes, 11 tirs dont 4 cadrés, 10 corners et 1 carton rouge contre 38% de possession, 389 passes et 11 tirs dont 3 cadrés, 2 corners, 2 cartons rouges pour la Côte d’Ivoire.

En supériorité numérique pendant plus de 75 minutes (la deuxième période et les prolongations), les Aigles se sont permis de rater un penalty que les supporters vont regretter jusqu’au moins à la CAN 2025 au Maroc. Si l’on peut reprocher le manque d’efficacité aux joueurs, le sélectionneur n’est pas exempté de tout reproche. Si à l’heure de jeu, l’entrée de Nene Dorgelès et Fousseni Diabaté a été salutaire, il a ensuite détruit l’équilibre de son équipe pour conserver le but marqué par Nene Dorgelès à la 71è minute. Si cela a marché contre le Burkina Faso, battu 2-1, il faut reconnaître que la Côte d’Ivoire n’est pas le Burkina.

En effet, Eric Sékou Chelle a tendance à paniquer pendant le temps fort de l’adversaire et le choix de défendre un petit but à coûter cher aux Aigles.

«C’est difficile. Nous n’avons pas les mots. Je pense que nous avons manqué de maturité, sinon le match était à notre portée. Nous avons obtenu un penalty et l’adversaire a été réduit à dix. Nous n’avons pu faire mieux. Ce sera un regret éternel. Nous irons dans nos tombes avec ces regrets. Je pense que cette année était la bonne pour le Mali, malheureusement nous n’avons pas été capables », a déclaré le défenseur central Boubacar Kiki Kouyaté après le match

« Nous présentons aux excuses au peuple malien. Si les Maliens sont en colère c’est à cause de nous. Nous demandons pardon à tout le monde. S’il plait à Dieu, le Mali va remporter la coupe un jour, même si ça ne sera pas notre génération », a-t-il ajouté.

Le milieu de terrain, Adama Traoré demande également pardon au peule malien. « Nous voulons gagner ce match mais Dieu en a décidé autrement. Le public est venu en nombre. C’était à nous de calmer le jeu et de gagner, mais Dieu n’en a pas voulu. Nous présentons des excuses au peuple et nous

allons essayer de rattraper nos erreurs», a déclaré Adama Traoré «Noss».

Pour ce match, un changement chez les Aigles par rapport au onze aligné en huitièmes face au Burkina Faso (2-1). Le milieu de terrain Mohamed Camara (malade) laisse sa place à Diadié Samassékou, le nouveau joueur de Cadix en Espagne. Chez les Ivoiriens, Franck Kessié, Nicolas Pépé et Christian Kouamé reviennent au premier plan et remplacent Ibrahim Sangaré, Oumar Diakité et Jean-Philippe Krasso.

Pour atteindre ce niveau, le Mali, invaincu, a terminé leader du groupe E avec 5 points en phase de poules devant l’Afrique du Sud (4 points) et la Namibie (4 points) avant d’éliminer le Burkina Faso en huitièmes (2-1).  Sortis miraculeusement de la phase de groupes, les Éléphants, troisièmes du groupe A (3 points) derrière la Guinée équatoriale (7 points) et le Nigeria (7 points) ont retrouvé de la confiance et de l’ambition et ont éliminé le tenant du titre, le Sénégal (1-1, 5-4 t.a.b.) en huitièmes de finale.

Comme lors de ses derrière rencontres avec la Côte d’Ivoire, le Mali a fait fort impression dans le jeu. Les Aigles ont dominé la première période. Dès la 8è minute, le Mali pouvait bénéficier d’un penalty. Après un corner Kamory Doumbia repoussé par la défense ivoirienne, la reprise d’Amadou Haïdara semble déviée par la main du défenseur central ivoirien, Kouakou Odilon Koussounou.

Après une longue attente, l’arbitre égyptien, Mohamed Adel Elsaïd Hussein fera recours l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR). Le penalty qui semblait évident n’est pas sifflé pour une position de hors-jeu. Ce sera que partie remise quart quelques minutes plus tard, le Mali obtient un penalty suite à une faute du même défenseur Kouakou Odilon Koussounou sur Lassine Sinayoko dans la surface ivoirienne. Adama Traoré exécute la sentence et bute sur le gardien, Yaya Fofana (16è min). Le stade de la Paix exulte.

Plus technique, les Aigles dominent dans tous les compartiments de jeu et les Ivoiriens multiplient les fautes et l’arbitre égyptien multiplie les cartons dont l’expulsion de Kouakou Odilon Koussounou pour cumul de cartons après une faute sur Lassine Sinayoko qui partait seul vers les buts gardés par Fofana (44è min).

«Que faire ? Ils sont techniquement plus que nous », s’interroge un confrère ivoirien à la pause. Déjà en difficulté, les Éléphants laissent toute l’initiative de jeu aux Aigles en deuxième période. Ils défendent à 9 en comptant sur les contres pour trouver la faille dans la défense des Aigles. Le stade de la Paix, plein, est totalement acquis à la cause des Éléphants qui ont misé sur Sébastien Haller, entré aux débuts de la deuxième période. Il y avait 39 836 dans un stade de 40.000 places.

Les Aigles dominent mais ne sont pas dangereux. Et le sélectionneur national Éric Sékou Chelle fait entrer ses flèches Nene Dorgelès et Fousseni Diabaté, après l’heure de jeu. C’est un coaching payant. Dix minutes, après son entrée, Nene Dorgelès marque. Après un relais avec Diadié Samassékou, il nettoie la lucarne du gardien ivoirien avec une frappe enroulée du pied droit près de la surface (71è min).

C’est silence radio dans le stade. L’ailier des Aigles, d’origine ivoirienne, ne célèbre pas son joli but. Les Ivoiriens commencent à sortir et à mettre les longues balles dans le camp des Aigles et ils finiront par égaliser grâce à Simon Adingra (90è min), rentré en jeu cinq minutes plus tôt. Les spectateurs sont en extase et chantent et dansent aux gloires des Éléphants.

Le match est relancé. Il faut jouer les prolongations. La Côte d’Ivoire est bien dans le match. La barre transversale sauve le Mali sur la tête de Sébastien Haller (96è min). L’arbitre égyptien est trop clément avec le gardien ivoirien Yahia Fofana qui fait son cinéma sur le terrain. Il se couche à tout moment et devient même un ramasseur de balle pour perdre le temps.

Dans le temps additionnel des prolongations, Oumar Diakité a inscrit le but de la victoire pour les Éléphants en talonnant du pied droit dans la surface, une reprise de foulée de Sékou Fofana (120è min +2). Pour une célébration excessive, il écope d’un deuxième carton jaune synonyme d’expulsion (120è min +3).

L’arbitre met fin de la rencontre sans laisser le Mali jouer son corner et cela a provoqué la colère du capitaine Hamari Traoré qui écopera d’un carton rouge, après le coup de sifflet final.

Il n’y aura donc pas de demi-finale pour le Mali. Les Aigles vont devoir attendre la prochaine CAN au Maroc pour espérer inscrire leur nom au palmarès de la compétition.

LMD/MD (AMAP)

 

 

Samedi 3 février au stade la Paix de Bouaké

Mali-Côte d’Ivoire : 1-0

Buts de Nene Dorgelès (71è min) pour le Mali ; Simon Adingra (90è min), Oumar Diakité (120è min +2) pour la Côte d’Ivoire

Expulsion de Hamari Traoré (120è min +5) du Mali ; Kouakou Odilon Dorgeless Koussounou (43è min) et Oumar Diakité (120è min +3) de la Côte d’Ivoire.

Arbitrage de l’Égyptien Mohamed Adel Elsaïd Hussien, assisté de l’Angolais Jerson Emiliano Dos Santos et du Libyen Attia Essa Amsaaed.

 

Mali : Djigui Diarra, Hamari Traoré (Cap), Boubacar Kiki Kouyaté, Sikou Niakaté, Falaye Sacko, Diadié Samassélou (Ibrahim Sissoko, 101è min), Lassana Coulibaly (Boubacar Traoré, 88è min), Amadou Haïdara (Fousseni Diabaté, 61è min), Adama Traoré (Nene Dorgelès, 61è min) Kamory Doumbia (Yves Bissouma, 90è min +7), Lassine Sinayoko (Mamadou Fofana, 88è min). Sélectionneur : Eric Sékou Chelle.

 

Côte d’Ivoire : Yaya Fofana, Serge Alain Stéphane Aurier (cap) (Willy-Arnaud Zobo Boly, 46è min), N’Clomande Ghislain Konan, Kouakou Odilon Dorgeless Koussounou, Obite Evan Ndicka, Jean Micheal Seri (Simon Adingra, 85è min), Seko Mohamed Fofana, Franck Yannick Kessié, Max Alain Gradel (Oumar Diakité, 73è min), Nicolas Pepe (Wilfried Stéphane Singo, 45è min +3), Kouakou Christian Michael Kouamé (Sébastien Haller, 46è min). Sélectionneur : Emerse Faé.