Par N’Famoro KEITA
Bamako, 27 oct (AMAP) Liquide compact de couleur marron à l’état raffiné, le miel est un produit alimentaire naturel, obtenu à partir du nectar. Le nectar est la matière première indispensable à sa fabrication. Le miel est récolté par les abeilles butineuses aux alentours de la ruche pour le remettre aux abeilles receveuses dans la ruche. Chimiquement, le nectar est composé d’eau et de saccharose. Ce sont ces deux éléments qui vont subir des transformations à travers un processus mystérieux pour donner du miel.
Ce «miracle de la nature» est reconnu médicalement comme un régulateur de la glycémie pour les diabétiques. Il réduit le stress métabolique et favorise la récupération du sommeil. Il traite la constipation et améliore la fonction cérébrale. Le miel est employé dans le traitement des acnés et les dermatites (inflammations de la peau). Il panse les blessures, les brûlures, les ulcères et hydrate la peau. Compte tenu de ces multiples vertus thérapeutiques, le miel est une denrée de première consommation au Mali.
Au-delà de cette réalité, le marché du miel est toujours informel et mal organisé. Son exploitation et sa commercialisation au Mali demeurent le parent pauvre des activités agricoles. Sur la question, Amadou Diarra, apiculteur à Djoulafoundo, un petit village de la Commune de Nouga dans le Cercle de Kangaba, témoigne.
Ce cultivateur de céréales s’est reconverti dans l’exploitation et la vente de miel brut. Il dispose dans son entreprise locale d’une cinquantaine de ruches et récolte entre 40 et 50 litres de miel brut par an. Il revend sa récolte à 2.500 Fcfa le litre. Pour l’instant, il perd au change, en termes de pécules (les céréales lui apportaient un peu plus), mais garde espoir de prospérer un jour s’il arrive à bien organiser son entreprise. Il pense que c’est une activité qui peut bien nourrir son homme. La nécessité d’un accompagnement se fait de plus en plus pressante chez lui. Aujourd’hui, il a besoin de se renforcer en matériels de production pour intensifier sa productivité et d’avoir un marché organisé où, il peut tirer un meilleur profit. «Chaque apiculteur doit avoir sa petite unité de raffinage, ne serait-ce qu’artisanale, pour vendre du miel en l’état. ça apporte de la valeur ajoutée», estime-t-il. Malheureusement, ce rêve qu’il caresse est encore loin d’être une réalité à Djoulafondo.
produit d’exportation – L’apiculture offre des opportunités, notamment en termes de créations d’emplois, mais aussi d’amélioration des revenus des ménages et de sécurité alimentaire. Elle représente, selon ceux qui officient dans la production de miel, une activité aux intérêts multiples, notamment économique, écologique, alimentaire et thérapeutique. C’est pourquoi, le gouvernement accorde beaucoup d’importance à cette filière émergente.
Lors de la 9è session du Conseil supérieur de l’agriculture, tenue en mars 2019, une attention particulière a été accordée à la filière. Ainsi, il a été décidé de professionnaliser l’apiculture et de mieux l’organiser, afin de créer une plus-value pour conquérir le marché international. En d’autres termes, faire du miel, un des produits d’exportation du Mali. Malgré cette volonté politique affichée, le rêve est loin d’être une réalité pour l’apiculteur de Djoulafondo. Cependant, il garde espoir de le voir se concrétiser, un jour, avec les initiatives et les actions de l’Association pour le développement de l’apiculture moderne (ADAM).
L’objectif de cette association, selon son président, Mamadou Ba Keïta dit Mamoutou, est de promouvoir la filière apicole au Mali à travers la formation, l’encadrement et l’équipements des professionnels. Pour asseoir cette dynamique, l’ADAM a installé une unité de raffinage et de transformation des produits dérivés du miel (savon, pommade, bougie, crème de cheveux et cirage). L’Association dispose d’un comptoir de vente de matériels et d’équipements apicoles pour la modernisation de l’activité dans le but d’obtenir une importante production.
Quelques difficultés liées l’emploi abusif des pesticides et herbicides dans les champs qui sont des réservoirs de nectar pour les abeilles. Cette situation affecte considérablement les productions, souligne le président de l‘ADAM.
Les pouvoirs publics semblent avoir pris bonne note de cette situation. Car, l’une des recommandations de la 9è session du Conseil supérieur de l’agriculture (CSA) est l’inscription de la filière apiculture dans les priorités de valorisation des produits agricoles à valeur ajoutée. Un vaste programme de modernisation des infrastructures et d’équipements sera mis en œuvre. Ceci permettra d’introduire de nouvelles technologies avec l’installation de ruches améliorées, d’enfumoirs et de presses-miel, etc…
De grandes zones à forts potentiels de production avec une flore abondante et diversifiée seront créées pour permettre aux abeilles de s’approvisionner en nectar et pollen et de produire un miel de qualité.
NK (AMAP)