Par Mohamed TOURE
Bamako, 07 Nov (AMAP) Il tombe, souvent, sans prévenir et provoque, dans bien des cas, la mort. Deuxième cause de décès dans le monde, l’Accident vasculaire cérébral (AVC) touche, chaque année, 16 millions de personnes, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Au Mali, il constitue le premier motif d’hospitalisation dans les services de neurologie. Le 29 octobre est la Journée mondiale pour sensibiliser le maximum de personnes sur cette pathologie de plus en plus inquiétante.
L’AVC est un dysfonctionnement neurologique d’installation soudaine, brutale, d’origine vasculaire. Une lésion cérébrale liée à une lésion vasculaire. « La lésion peut être un vaisseau qui se bouche (accident vasculaire cérébral ischémique) ou encore un vaisseau qui casse (accident vasculaire cérébral hémorragique) », explique le Pr Youssoufa Maiga, chef du service neurologie du Centre hospitalier universitaire (CHU) Gabriel Touré.
Pour le spécialiste, que nous avons rencontré à l’occasion de la Journée mondiale contre l’AVC, il urge de tirer la sonnette d’alarme pour prévenir ce mal qui devient un problème réel de santé publique. Il relève que les AVC sont le premier motif d’hospitalisation dans les services de neurologie au Mali et le deuxième motif d’admission aux urgences, après les causes traumatiques. De l’avis du spécialiste, la tendance devrait aller crescendo.
« L’OMS pense que d’ici 2030, plus de 80% des Accidents vasculaires cérébraux proviendront des pays en développement, notamment d’Afrique », prévient-il.
« Tout trouble d’installation brutale, jusqu’à preuve du contraire, doit faire évoquer un AVC », estime le praticien. « Une personne qui est en train d’écrire, qui n’arrive plus à écrire, celui qui n’arrive plus à parler, celui qui ne sent plus un côté ou encore celui qui ne voit plus, est potentiellement, inquiété par ce mal, détaille le médecin.
Il note, également, que les conséquences d’un AVC peuvent être importantes pour les personnes touchées, en termes de mortalité et de morbidit, qui sont élevées lors d’un AVC, mais surtout en termes de conséquences socio-économiques. Dans la majorité des cas, les personnes victimes d’AVC en gardent un handicap.
Les AVC sont d’autant plus dangereux qu’ils touchent un organe aussi vital que le cerveau. « C’est en effet cet organe qui permet de parler, de marcher, de sentir, de réfléchir, de communiquer avec notre environnement », explique le Pr Maiga.
Il précise qu’un AVC, en fonction de la zone touchée, aura une expression clinique. C’est-à-dire qu’en touchant la motricité, l’AVC provoquera un déficit moteur avec une paralysie d’un côté chez le sujet victime. « De même, poursuit le spécialiste, si un AVC touche le langage, la personne ne pourra plus parler ».
Les sujets de plus de 50 ans constituent, en général, la tranche d’âge la plus à risque de développer un accident vasculaire cérébral. « Mais, de plus en plus, souligne le médecin, les jeunes commencent à faire des AVC ». Cette nouvelle tendance s’explique, selon le Pr Youssoufa Maiga, par le changement des habitudes, notamment alimentaires.
Parmi les habitudes néfastes, le médecin évoque la consommation d’aliments trop sucrés, trop salés ou trop gras favorisant l’obésité. L’hypertension artérielle et le diabète sont aussi de grands facteurs de risque pour la maladie, en plus de la consommation de tabac, l’alcool, la sédentarité et les troubles lipidiques.
Quid de la prise en charge des personnes touchées ? Le spécialiste indique qu’elle doit être faite le plus rapidement possible. « Plus tôt on prend en charge les victimes d’AVC, plus on peut limiter les dégâts », insiste le médecin, rappelant à ce point l’expression anglo-saxonne : « The time is brain » (Le temps c’est du cerveau).
Il existe, aujourd’hui, plusieurs techniques de prise en charge en vue de circonscrire l’AVC. Au nombre desquelles, les thrombolyses qui consistent à déboucher les vaisseaux. A ce sujet, le spécialiste confirme qu’il est possible de récupérer entièrement de totalement d’un AVC. Cette rémission nécessite des exercices de médecine physique, entre autres, une rééducation ou encore une kinésithérapie.
Pour le médecin, « la meilleure manière de prévenir un AVC est de surveiller les facteurs de risque. Il faut, donc, faire attention à son alimentation, pour prévenir l’hypertension artérielle et le diabète, faire de l’exercice physique et bannir, le plus possible, les mauvaises habitudes comme le tabagisme ».
MT/MD (AMAP)